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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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question :
    GdG : « Par exemple, je pensais au Club Jean Moulin, ou à la franc-maçonnerie.
    AP. — Vous les mettez tous les deux dans le même panier ?
    GdG. — Ce n'est pas pareil, mais ça revient au même. Ils ne pensent qu'à me faire des embarras, l'un comme l'autre ; sans compter ceux qui cumulent, et il y en a sûrement plus d'un. Ce sont des féodalités qui se dressent contre l'État. S'appeler Jean Moulin, ça ne manque pas de culot, alors que Jean Moulin a été un de mes compagnons les plus fidèles, peut-être le plus précieux. Ce comité Anatole est une façon pour des hauts fonctionnaires de fournir gratuitement des heures supplémentaires. »
    Le Général a tenu un propos du même ordre à Pompidou, qui me l'a rapporté sous une autre forme en riant : « On ne réussit pas toujours à faire travailler les fonctionnaires le jour, le Club Jean Moulin réussit à les faire travailler la nuit. »
    Le Club s'est montré particulièrement sévère à l'égard de De Gaulle pour l'Algérie. Il n'a pas poussé à l'indépendance « pour aider de Gaulle », mais « pour lutter contre de Gaulle ».
    Le Général reprend : « Ce que je reproche à ce club, ce n'est pas d'avoir des idées, mais de n'admettre que ses propres idées et d'anathématiser celles des autres, à commencer par les miennes.
    « Ceux qui se réunissent au Club Jean Moulin s'enferment dans leur intolérance. Or, justement, ce que nous avons voulu faire, c'est de donner le pouvoir au peuple, en effaçant les sectarismes, les ghettos et les pouvoirs occultes. »
    Pas plus au Club Jean Moulin qu'aux francs-maçons, il ne pardonne l'ingratitude :
    « Pendant la guerre, poursuit-il, qui a pourchassé, qui a décimé les sociétés de pensée, les francs-maçons ? C'est moi, ou c'est Vichy ? Ils sont venus me rejoindre un à un en tremblotant ! À la Libération, qui donc les a rétablis dans toutes leurs libertés ? Qui leur a rendu l'honneur ? Qui leur a permis de jaspiner ? Et, de surcroît, ils flirtent avec le parti communiste, qui les aurait tous déportés dans un camp si je lui avais permis de prendre le pouvoir ! »

    « Des francs-maçons, il faut bien en avoir un ou deux avec soi »
    Salon doré, 15 avril 1964.
    Un pas de clerc vient de me valoir la seule vraie colère du Général que j'aie essuyée jusqu'à ce jour.
    Le grand-maître du Grand-Orient, Jacques Mitterrand, était venu m'inviter à faire, devant le conseil suprême de son obédience, un exposé qui serait suivi d'un « cordial échange de vues » sur les problèmes de mon ressort : presse, information, radiotélévision. J'avais accepté. Or, des F.'. socialistes, qui devaient participer à ce colloque, ont annoncé la veille leur intention de le boycotter, en raison de ma présence. Leur porte-parole, Albert Gazier, ancien ministre de l'Information lui-même, avait expliqué : « Ce n'est pas à la personne de M. Peyrefitte que nous en avons, c'est au symbole qu'il représente. » Jacques Mitterrand, non sans se confondre en excuses, avait retiré son invitation. Deux ou trois journaux en ont fait des gorges chaudes, tout en publiant ma lettre au grand-maître :
    « Vous m'aviez indiqué que vous m'adressiez cette invitation au nom du conseil du Grand-Orient unanime. (...) Je constate que le fanatisme de certains prétend interdire au cours de ce colloque le droit de parole à un gouvernement qui est l'expression de la majorité de la nation. Je regrette qu'il ne vous ait pas été possible d'assurer le respect de la pluralité des points de vue. »
    Le Général me fait de vifs reproches sur mon acceptation : « Vous avez eu tort ! Vous êtes tombé dans le piège qu'on vous tendait ! Vous avez compromis la dignité du gouvernement ! Pourquoi ? Pourquoi ?
    AP. — J'ai pensé que répondre aimablement à une invitation aimable et unanime, ça faisait partie de la normalisation souhaitable, maintenant que les grands combats de 1962 sont terminés !
    GdG. — Mais vous ne savez donc pas que ces gens ne manquent pas une occasion pour nous jeter des peaux de bananes sous les pieds ?
    AP. — Pas tous ! Vous en avez pris plusieurs dans votre gouvernement !
    GdG. — Justement. Il faut bien en avoir un ou deux avec soi. Laissez-les faire et ne vous substituez pas à eux. »
    Après un silence, il reprend :
    « Sénat, Club Jean Moulin, francs-maçons, tout se tient. Ces gens-là cherchent à me mettre des sabots aux pieds. On m'assure que la moitié des sénateurs, de

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