C'était de Gaulle - Tome II
Est-ce qu'elles sont loin de Grenoble ? Il faut que tout soit très bien. »
Il écoute, avec une délectation visible, Herzog commenter nosrésultats aux Jeux d'hiver d'Innsbruck — trois médailles d'or et quatre médailles d'argent : « Les efforts accomplis depuis 1960 se sont concrétisés. Nous obtenons des résultats sans précédent pour nous dans l'histoire des Jeux Olympiques. Les pratiques traditionnelles sont remplacées par des techniques ultramodernes, des souffleries pour mettre dans les conditions de la résistance du vent, un entraînement poussé... Les sportifs ont présenté une requête : voir le Général. »
Requête aussitôt acceptée. Le Général n'est avare de compliments ni pour nos athlètes, ni pour le secrétaire d'État : « C'est un encouragement pour tous les sports français. » Mais il tire vite la leçon d'État : « Les résultats obtenus sont ceux de la méthode et de la persévérance.
— Et des crédits », ajoute Pompidou, goguenard.
Le Général réplique vivement : « Il n'y a pas de crédits, s'il n'y a pas de services pour les consommer et de volonté pour animer les services ! Tout cela montre l'importance du déclenchement d'un effort national, que seul l'État peut provoquer. »
Il ajoute, un sourire aux lèvres : « Il n'y a rien de plus saisissant que d'assister à ces performances, même pour ceux qui ne prétendent pas y participer. » Éclat de rire de mes collègues. Plus d'un pense au dessin de Faizant, pendant les calamiteux Jeux de Rome, dont la légende est devenue une rengaine : « Dans ce pays, si je ne fais pas tout moi-même... »
« Quand l'État s'abstient , ça merdoie ! »
Après le Conseil. Le Général craint-il que je me sois laissé influencer par Pompidou ? Il me met en garde contre l'explication par les crédits : « Ce succès, c'est la récompense d'un effort de l'État. On a substitué des méthodes scientifiques aux routines artisanales. L'État a pris la chose en main. Les initiatives sont concertées. Si, un jour, l'État prenait en main le football, croyez-moi, on battrait les autres ! Mais s'il faut laisser ça à un quelconque club... on ne gagnera jamais.
AP. — L'occasion est quand même bonne de montrer que les crédits d'équipement sportif ont été multipliés par dix en cinq ans.
GdG. — Ce qui compte, c'est qu'il y a une politique volontaire pour la jeunesse et les sports ! Il n'y en avait pas. Dans le domaine sportif comme ailleurs, quand l'État fixe le cap, nous remportons des succès éclatants. Quand il s'abstient, ça merdoie ! Ce succès, c'est celui de la France, c'est celui de l'Etat. Il faut avoir l'orgueil de la France et l'orgueil de l'État. »
Richelieu, s'il avait eu à s'occuper de Jeux Olympiques, aurait-il tenu un autre langage ?
« Ça arrondirait notre total »
Conseil du 28 octobre 1964.
Les Jeux d'été, à Tokyo, ont été moins brillants que le Général ne l'espérait : 15 médailles, mais une seule d'or. Il apostrophe Herzog : « Pourquoi ne pas tenir compte, dans les performances de chaque pays, des médailles d'hiver? Pourquoi n'en parle-t-on pas ? Je comprends que Reuter et AFP n'en parlent pas, ça ne nous étonne pas d'eux. Mais vous ? Pourquoi n'en parlez-vous pas ? Si on additionnait ces médailles, ça arrondirait notre total ! »
À l'issue du Conseil, il m'engage vivement à donner instruction à la radio et à la télévision de procéder à cette addition : « Il faut que les Français soient fiers de la France. »
Le 2 décembre 1964, Palewski informe le Conseil que les Américains, les Russes, les Japonais ont demandé l'autorisation d'observer l'éclipse de soleil du 30 mai 1965 depuis l'île polynésienne de Bellingshausen, le seul point du monde d' où l'on apercevra la couronne du soleil.
Le Général donne libre cours à sa méfiance : « Il faudra vérifier qu'aucun appareil de détection et d'enregistrement de nos explosions nucléaires ne soit installé ! Un administrateur français devra s'installer dans l'île Bellingshausen et, dans chacune des missions étrangères, il faudra inclure au moins un observateur français. »
Palewski le rassure. Le Général conclut : « Nous pouvons avoir la fierté de constater qu'une terre française est la seule d' où l'on puisse regarder le soleil. » Éclat de rire autour de la table. Le Général ne rit pas. A-t-il seulement voulu faire rire ?
« La presse nous vomit, les peuples nous admirent »
Le 27 septembre
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