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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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Il ne reproche pas à la Restauration et à la monarchie de Juillet d'avoir restreint les droits du Parlement, mais de n'avoir pu ou su le faire en s'adossant à une légitimité populaire. Il a l'air de regretter en passant que le comte de Chambord n'ait pas eu le cran d'assumer la lutte contre les partis, laissant ainsi la voie libre pour une République livrée aux luttes entre les partis.
    Ainsi, sa propre tâche politique est loin de se réduire à un règlement de comptes avec la IV e République. Elle s'inscrit dans une histoire au moins bicentenaire. Il s'agit de retrouver, à travers les formes de la démocratie, l'ancienne alliance royale entre la Couronne et le peuple, contre les féodaux, les grands, les factions, les partis. Et l'idée des gaullistes qui veulent un parti fort l' exaspère, parce qu'avec les meilleures intentions du monde, ils mettent les priorités sens dessus dessous. Pour défendre l'État légitime et populaire, il faut par-dessus tout éviter l'État partisan.
    1 Prononcé à Asnières le dimanche 28 février, pour l'ouverture de la campagne des élections municipales des 14 et 21 mars.
    2 Sic. Le mot révèle que, pour lui, Chambord était pour ainsi dire déjà sur le trône, ou sûr du trône, quand son exigence du drapeau blanc (23 octobre 1873) l'en écarta pour toujours.

Chapitre 13
    «LA FONCTION PUBLIQUE DOIT ÊTRE NEUTRE ! »
    Le Général attache aux nominations une importance surprenante. Il y trouve l'occasion de préciser le fonctionnement d'un établissement public, de mesurer la maîtrise d'un dossier par ses ministres, de dispenser un enseignement qui dépasse un cas particulier, de rappeler des principes.
    Les « mesures d'ordre individuel » en Conseil des ministres, je les ai vues, avec deux autres Présidents, devenir de simples affaires de routine, vite expédiées. Au contraire, elles étaient souvent, avec le Général, aussi instructives que les débats sur les principales communications.

    Pour un chef, il n'y a pas de détails. Il me dit un jour : « L'art de gouverner, comme disait Napoléon pour l'art de la guerre, est tout d'exécution. » Principe contrebalancé par le principe de sens contraire : «De minimis... 1 » Entre les deux, il se maintient en tension.
    Pour la plupart des nominations, il fait confiance à ses ministres et au premier d'entre eux. Les Armées, les Affaires étrangères et la préfectorale font exception.
    Il fait confiance : mais il sait. Il a le Bottin administratif dans la tête. Sa mémoire des personnes est anormalement aiguë.
    Ainsi, il connaît bien les préfets. Frey lit une liste de neuf préfets et neuf départements. Le Général, sans ses lunettes, donc incapable de lire, redit tous les départements dans l'ordre, sans en oublier un seul. Il fait une remarque sur chacun. Que le préfet de l'Yonne nommé en Saône-et-Loire n'est pas resté longtemps ; qu'il faut qu'un préfet reste plus longtemps que ça, sauf s'il a fauté ; mais s'il a fauté, il ne faut pas lui donner de l'avancement. Sur un préfet qu'on retire de la Réunion : « Il était devenu la Compagnie des Indes à lui tout seul. »
    Un de ses soucis majeurs est de bien séparer l'action de l'État et l'influence politicienne.

    Au Conseil du 8 janvier 1964, Bokanowski annonce la nomination, comme président du Bureau des recherches géologiques etminières, de Pierre Signard qui était jusque-là directeur général des Houillères de Lorraine.
    GdG : « Je voudrais être sûr qu'il ne quitte pas la Lorraine seulement parce que Bousch 2 et quelques autres l'ont dans le nez. Il ne faut pas livrer les responsables aux histoires électorales de qui que ce soit. Il n'y a qu'une chose qui compte, c'est que l'on nomme et que l'on maintienne le plus qualifié. La question ne doit pas se poser en termes de sympathie ou d'antipathie parlementaire. »

    « On ne punira pas un maire partisan par un préfet partisan en sens contraire »
    Au Conseil du 15 juillet 1964, Roger Frey se plaint du clientélisme et du sectarisme des maires et des conseillers généraux dans les départements tenus pas les socialistes ou les communistes. « Dans l'Ariège, un balayeur municipal ne peut être recruté s'il n'a pas pris au préalable la carte du Parti socialiste. Les électeurs sont à la merci des élus et les élus à la merci du parti. La Fédération socialiste de l'Ariège avait menacé de faire passer en conseil de discipline tous les maires et conseillers généraux qui

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