Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
Vom Netzwerk:
revenir un jour sur cette propension que vous avez tous à nommer à titre honoraire des gens pour lesquels ça ne s'impose pas. "Honoraire", ça veut dire "d'honneur". Un honneur ne se confère pas automatiquement. Il ne faut pas dévaloriser l'honneur. »
    Chaque décision d'honorariat provoque une remarque désagréable. Pour l'éviter, les ministres en viennent à raréfier l'honorariat : le Général obtient ainsi satisfaction. Mais la satisfaction ne sera complète que quand on lui présente, au Conseil du 28 juillet 1965, le décret si souvent réclamé :
    GdG : « Enfin, voilà les réponses à ce problème irritant. Nous allons pouvoir redonner son lustre à l'honorariat, en le conférant avec plus de rigueur. »

    « Même avec les meilleurs, il faut que l'État garde les mains libres »
    Au Conseil du 11 juin 1963, Messmer propose de « verser par anticipation dans la 2 e Section », c'est-à-dire de mettre prématurément à la retraite, le général Gracieux, et d'attribuer sa quatrième étoile au général Massu, gouverneur de Metz. Le Général ne laisse pas passer l'aubaine de cette coïncidence : « Quel service on a rendu à Massu en le faisant partir d'Alger ! Sinon, il aurait figuré à l'ordre du jour de ce Conseil pour la même raison que Gracieux : pour la retraite. Paradoxe de l'Histoire, tour à tour sévère ou complaisante. »
    Traduction : si Massu n'avait pas été relevé de son commandement à Alger, à la veille de l'affaire des barricades le 22 janvier 1960, il aurait sans doute connu la mésaventure de son successeur, le général Gracieux, qui commandait la 10 e Division parachutiste pendant la tumultueuse semaine algéroise.
    Le Général ne pensait pas, en évoquant ce petit paradoxe de l'Histoire, qu'elle lui donnerait de grandes conséquences cinq ans plus tard, quand le même Massu, qui avait échappé de peu à la retraite, allait l'aider à surmonter la crise de mai 1968.
    Même dans les jugements qu'il porte sur les hommes qui lui sont le plus fidèles, il garde une retenue : « On ne sait jamais de quoi demain sera fait. »

    Au Conseil du 11 mars 1964, Roger Frey propose la nomination de Grollemund, préfet de la Martinique, comme préfet du Gard : « Je l'apprécie énormément.
    GdG. — Méfiez-vous ! Un ministre de l'Intérieur ne doit pas apprécier un préfet énormément. Un chef garde la mesure. Le gouvernement ne s'en remet jamais entièrement à l'un de ses commis. »

    Pierre Messmer propose, au Conseil du 21 octobre 1964, l'élévation aux rang et appellation de général d'armée aérienne du général de corps aérien Fourquet. Il commente : « La cinquième étoile, à tout juste cinquante ans : cette promotion le désigne pour la plus haute fonction, chef d'état-major général de l'armée 5 . »
    Le Général le coupe : « Il ne faut jamais préjuger de l'avenir. » Il revient devant moi sur ce point après le Conseil. Il l'aime bien, Fourquet ; c'est un des militaires qu'il a sentis les plus fermes, les plus loyaux à l'État pendant « l'affaire algérienne ». Mais, me dit-il, « même avec les meilleurs, il faut que l'État garde les mains libres. »

    « Il n'existe pas un pouvoir de plus, qui s'appellerait le Conseil d'Etat »
    Le Conseil du 23 juin 1964 examine un projet de loi sur la copropriété des immeubles bâtis. Ce pourrait être un décret, mais on a craint d'être lié par les objections du Conseil d'État, tandis que la procédure parlementaire lui échappe.
    GdG (tonnant) : « On présente comme projet de loi ce qui devrait l'être sous forme de décret ! Vous avez peur que le Conseil d'État se venge plus tard au contentieux de ce que nous n'avons pas tenu compte de ses observations sur le projet de décret ! Cette crainte est aberrante ! Si le Conseil d'État en vient là, il faut le supprimer et le refaire sur d'autres bases ! Je n'admets pas votre panique devant le Conseil d'État !
    « Il faut le dire une fois pour toutes au Conseil d'État, avec rudesse : il n'existe pas un pouvoir de plus, qui s'appellerait le Conseil d'État. »
    Au Conseil du 16 décembre 1964, Joxe explique une difficulté née à propos d'un décret sur la réforme administrative : le Conseil d'État demande que soit ajoutée l'expression « sur avis conforme 6 du Conseil d'État ».
    GdG (tape la table du plat de la main — geste fréquent en tête à tête, jamais vu encore au Conseil) : « Il ne manquerait plus que ça ! C'est trop fort ! N'en tenez pas

Weitere Kostenlose Bücher