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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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vous accueilleraient dans leur commune ou qui vous rendraient visite au chef-lieu. »
    Le Général déplace la question : « Ce n'est pas en demandant aux préfets d'être UNR qu'on redresse ces pratiques vicieuses, c'est au contraire en les tenant à l'écart des partis. La fonction publique doit être neutre. Si les maires font des pressions inacceptables, du favoritisme et des discriminations, il faut les traduire devant les tribunaux administratifs. On ne guérira pas un mal par un mal. On ne punira pas un maire partisan par un préfet partisan en sens contraire. On ne pourra extirper la partisanerie de la gestion de la France qu'en rendant l'administration neutre et loyale à l'État. »

    « L'ENA a été faite pour réduire les clans et les castes. Et ils se reconstituent »
    Au Conseil du 22 janvier 1964, Roger Frey propose la nomination de Gabriel Pallez, inspecteur des finances, comme « directeur général des collectivités locales » et de Jean Brenas comme « directeur, adjoint au directeur général des collectivités locales ». Tous deux sont anciens élèves dé l'ENA, et le premier n'appartient pas au corps préfectoral — ce qui est inédit pour ce poste.
    Sortant de mon rôle de scribe, je me risque à faire remarquer que, des deux nommés, « l'un, d'une promotion de l'ENA plus récente, devient directeur général au bout de quinze ans parce qu'il est inspecteur des finances ; l'autre n'est que directeur adjoint au bout de dix-sept ans, parce qu'il a pris la préfectorale. Or, on s'accorde à les reconnaître tous deux comme remarquables dans leur corps respectif.
    Pisani. — Il y a des distorsions inacceptables dans l'administration française. Les grands corps accaparent tout. Surtout l'inspection. Un jour, il faudra se poser la question de l'équilibre de l'administration française.
    GdG. — Oui, on doit faire des propositions dans ce sens. Il est certain que l'inspection des finances confère un privilège énorme. Les inspecteurs arrivent très jeunes aux postes de directeurs. Mais le Conseil d'État 3 ne se débrouille pas mal, et le Quai d'Orsay 4 non plus : il n'y a qu' à voir au gouvernement, sans compter l'Elysée.
    Pompidou. — On ne peut pas demander que toutes les carrières se déroulent au pas cadencé, en colonne par quatre. Mais il faudrait que les hauts fonctionnaires soient interchangeables.
    GdG. — L'École d'administration a été créée pour supprimer les clans et les castes ; et ils se reconstituent. Il faut veiller à ce que les anciens de l'ENA puissent circuler d'une administration à l'autre, sans que leur choix à la sortie leur confère un privilège définitif, on les enferme dans une souricière. Il faut remettre de la fluidité dans tout ça. »

    « Il faut régénérer l'ENA, on n'a pas fait ce qu'il fallait »
    4près le Conseil du 27 février 1963, où l'on a nommé conseiller d'État Bourdeau de Fontenay, qui dirigeait l'ENA depuis sa création, le Général me dit : « L'ENA était une idée de Debré. Elle était théoriquement excellente : décloisonner l' administration, éradiquer l'esprit de caste, mettre fin à la cooptation et à l'hérédité qui faisait succéder les fils aux pères comme dans les parlements d'Ancien Régime. Cette école a mis en compétition les élites du pays. Elle a arraché le monopole de recrutement dont jouissait la haute bourgeoisie parisienne. Il y a des provinciaux. Il y a des élèves de toutes conditions. Mais l'objectif de décloisonnement n'est pas atteint, si des corporations se reconstituent. Les membres d'un clan s'entraident une fois qu'ils y sont entrés, et font la guerre auxautres. Je me demande si l'unité dans l'administration y a beaucoup gagné. »

    Il y revient au Conseil du 10 avril 1963
    GdG : « Il faut régénérer l'ENA. On devait faire tomber les cloisons. Elles se sont reconstituées. On devait organiser la mobilité. On n'a pas fait ce qu'il fallait pour empêcher la ruée sur les anciens corps. Et la plupart des anciens élèves de l'ENA s'entassent dans quelques hectares du VII e arrondissement. Ils se croiraient déshonorés s'ils s'en éloignaient. À part ceux qui choisissent le Quai d'Orsay ou la préfectorale, et encore ; ils s'arrangent pour rester le plus possible dans leur ministère. »
    N'empêche : il truffe lui-même son entourage d'hommes issus des « grands concours ». Il y a quelque chose qui le rapproche des hauts fonctionnaires : beaucoup d'entre eux communient avec

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