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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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Clermont-Ferrand, ville de gauche depuis le début du siècle) : « Les élections municipales pèseront d'un grand poids sur la présidentielle. La dramatisation dépassera beaucoup les habituelles élections municipales. Le régime de la V e République est d'essence majoritaire, il combat notre émiettement traditionnel. La représentation proportionnelle favorise l'endettement. Il est absurde de la conserver pour une partie seulement de nos communes. Pour les villages et les bourgades, il ne faut pas politiser. Il faut laisser au mode d'élection le caractère personnel qu'il a. À partir d'un seuil où la notoriété individuelle ne joue plus et où le scrutin devient inévitablement politique, la règle raisonnable devrait être un scrutin majoritaire à deux tours, avec listes bloquées. Toutefois, il serait souhaitable que la liste arrivée en tête détienne la totalité de la municipalité, mais seulement la majorité du conseil, tandis que les listes arrivées derrière formeraient l'opposition. »
    Pompidou, lui, n'est pas favorable au tour unique. « La France n'y est pas prête. Les Français aiment leurs deux tours. » Ni à laliste bloquée. « Elle perd la vertu de l'élection, qui est de choisir librement les personnalités les plus valables ».
    Il conclut sur une remarque judicieuse et drôle : « L'équipe solidaire autour du maire est une conception juste. Sommes-nous mûrs ? Je crains que ça ne donne l'impression de vouloir limiter la liberté de choix de l'électeur. L'intérêt général veut que quelqu'un commande ; mais l'instinct des Français est que toutes les tendances soient présentes au conseil municipal.
    « Cette contradiction se retrouve dans la nature du conseil municipal, organe mixte, à la fois assemblée représentative et organe de gouvernement. Il faudrait fournir une solution à ce dilemme. » (Il tourne autour de l'idée sur laquelle Giscard a clos son propos, mais sans la retenir, comme s'il ne l'avait pas entendue. Giscard ne demande pas à reprendre la parole.)
    C'est le système qu'instituera la loi Defferre de 1982. De gauche à droite, on s'accordera à le louer. Il est curieux que ni Pompidou, ni Valéry Giscard d'Estaing, n'aient donné suite pendant leur présidence à l'heureuse idée qu'ils avaient suggérée ce 15 avril 1964.

    « J'avais voulu rendre incompatible la fonction de ministre avec celle de maire»
    Ce jaillissement d'opinions contradictoires a duré une bonne heure, autant que pour les accords d'Évian, la révision constitutionnelle ou la reconnaissance de la Chine. Le Général est libre de conclure. Il prend tout le monde à contrepied en manifestant un regret :
    GdG : « Je suis un peu mélancolique, quand je vois que vous êtes si nombreux à vous passionner pour ce scrutin, et si nombreux à vous préparer à y prendre part. Le gouvernement de la République ne devrait pas se mêler des compétitions locales. Quand nous préparions la Constitution, dans l'été 58, j'avais voulu rendre incompatible la fonction de ministre avec celle de maire, tout comme celle de parlementaire.
    «Mais les caciques de la IV e République étaient tellement déchaînés sur ce point, et il y avait déjà tellement de choses à leur faire avaler, que je n'ai pas insisté. Il m'arrive de le regretter. »
    Il marque un temps, comme pour reprendre son souffle : « Les élections municipales sont faites pour créer des municipalités. »
    (Le Général ne renonce jamais à son côté La Palisse. Ses truismes le rassurent, parce qu'ils ramènent à la réalité et en appellent au bon sens. Mais ici, la lapalissade n'est que d'apparence ; elle exprime un choix.)
    « Il ne s'agit pas d'élire l'assemblée municipale la plus représentative,mais le gouvernement municipal le plus à même de gérer.
    « 1. Il faut favoriser l'efficacité, c'est-à-dire la solidarité. Il est logique de renoncer à la représentation proportionnelle pour les endroits où elle existe encore. Les raisons momentanées qui ont amené à l'instaurer ont disparu. Elle a pu être nécessaire dans l'intérêt national, mais seulement pour des raisons de circonstances. À la Libération, c'était le seul moyen d'éviter une majorité communiste. La représentation proportionnelle, c'est l'émiettement de l'autorité, qui est contraire à la bonne gestion administrative.
    « 2. Politiquement, les plumitifs cherchent à politiser, à faire croire qu'il y aura un rapport entre le vote municipal et

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