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C'était le XXe siècle T.2

C'était le XXe siècle T.2

Titel: C'était le XXe siècle T.2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
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route. Les visites se déroulent tambour battant. En fin de matinée, brusquement, Hitler décide de modifier son emploi du temps. Au grand étonnement de son entourage, il annonce qu’il va tenir une conférence à Godesberg. Son aide de camp, l’ Oberleutnant Brückner, choisit l’hôtel Dreesen, un établissement cossu des bords du Rhin. À 14 heures, le cortège y arrive : une file de Mercedes noires, dont deux sont décapotées. Autour d’Hitler, une petite foule s’agglutine, salue, applaudit, crie : Heil Hitler !
    La terrasse domine un méandre du Rhin : majestueux. Le long du fleuve s’étendent la plaine et ses riches alluvions : toutes les nuances du vert. Sur l’autre rive, les Siebengebirge (les Sept-Montagnes). Des tours et des châteaux. Un lieu romantique par excellence.
    Hitler déjeune. L’après-midi est consacré à des rapports sur les camps de travail. Après quoi, les responsables se retirent. Hitler reste seul avec son état-major. Il semble fatigué, déprimé. Il reste un long moment sur la terrasse à considérer le paysage. Dans la soirée, de jeunes volontaires du camp de travail – ils sont six cents – défilent derrière leur fanfare. Ils portent des torches et s’assemblent pour composer une immense croix gammée. La nuit tombe, la musique joue. Hitler sort sur le perron pour les saluer.
    Le discret Brückner s’approche du Führer. Il annonce que Victor Lütze est en route. Lütze, ce chef SA qui a déjà dénoncé Roehm. Hitler l’a fait convoquer. Lütze doit parcourir 300 kilomètres en automobile.
     
    La nuit est tombée. À 21 h 30, une voiture : celle de Joseph Goebbels. Hitler l’accueille sur la terrasse, le fait asseoir. Goebbels est grave, tendu. Il parle du danger SA, évoque les mauvaises paroles de Roehm, la nécessité d’agir sans retard pour éviter le pire. Hitler écoute.
    Tout à coup, un orage. Hitler reçoit, immobile, les premières gouttes d’une pluie diluvienne. Puis, sans se hâter, en compagnie de Goebbels, il rentre dans l’hôtel. Dehors, les jeunes hitlériens, impavides sous la pluie, chantent.
    Un motard. Il apporte une dépêche de Goering arrivée par avion : Karl Ernst a mis ses SA de Berlin en état d’alerte. C’est faux, naturellement. Ernst, jeune marié, est à Brème où il va s’embarquer avec son épouse pour Madère. Hitler paraît impressionné.
    L’orage s’est apaisé. Sur la terrasse, de grandes flaques d’eau. L’odeur forte des feuilles mouillées. Hitler rêve.
    Un nouveau motard de Goering : à Munich, les SA sont eux aussi en état d’alerte. Un message de Himmler : dans toute l’Allemagne, on constate parmi les SA une extrême nervosité et des préparatifs guerriers. Tout cela est faux . Chez tous les SA règne un calme absolu. On ne pense qu’au prochain départ en vacances.
    Goebbels vient à point nommé commenter ces dépêches : il jure qu’elles sont confirmées par ses propres informations.
    22 h 30. Sepp Dietrich arrive à l’hôtel Dreesen où il a été convoqué. Hitler lui donne un ordre, un seul : il faut qu’il parte en avion pour Munich rejoindre les deux cents hommes de sa garde qui y ont été acheminés. Dès qu’il y sera, qu’il l’appelle. Dietrich prend congé.
    Hitler, appuyé à la balustrade de la terrasse, regarde le Rhin.
    Et voici Lütze, qui a couvert 300 kilomètres en un temps record. L’accueil chaleureux de Hitler. L’autre qui proteste de sa fidélité. Goebbels qui, tout ému, approuve.
    23 heures. Nouveau message de Berlin par avion et motard. Goering annonce qu’un grand médecin de la capitale vient d’être appelé au chevet de Hindenburg. Le problème de la succession se pose, plus aigu que jamais. Par voie de conséquence, le problème de l’armée. Donc, celui des SA.
    Une heure passe encore. Minuit. On glisse du 29 au 30. Les jeunes hitlériens sont partis. Sur la terrasse, on a éteint les lumières. Sauf celle de la table de Hitler. Autour de lui, le silence de la nuit.
     
    Brückner vient de recevoir un appel téléphonique de Sepp Dietrich : il est à Munich et attend les ordres.
    Le visage de Hitler se durcit. Est-il décidé – enfin ? Les hommes de sa garde personnelle doivent être arrivés près de Munich. Il ordonne : que Sepp Dietrich se mette à leur tête et se dirige vers Bad Wiessee. Là, qu’il attende.
    Sur la terrasse, de nouveau le silence. La nuit devient fraîche. Hitler jette un manteau de cuir sur ses

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