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C'était le XXe siècle T.2

C'était le XXe siècle T.2

Titel: C'était le XXe siècle T.2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
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fusillé. Goering assistait à son mariage, Hitler avait été son témoin.
    Quand l’avion de Hitler atterrit à Tempelhof, une foule dense l’attend dans le crépuscule. La radio a annoncé la « purification ». Alors, la foule acclame le purificateur. Demain, une autre foule acclamera le Führer quand il paraîtra à sa fenêtre. Le jour même où Blomberg fait paraître une proclamation : « Le Führer a vaincu ! »
    À-t-il réellement vaincu, puisque Roehm vit toujours ? Goering et Himmler font le siège de leur maître. Ils réclament la mort de Roehm. À 13 heures, le 1 er juillet, Hitler cède.
    À 14 h 30, trois SS pénètrent dans la prison de Stadelheim où Roehm survit. Parmi eux, l’ Oberführer Eicke, le commandant de Dachau. Ils se font conduire jusqu’à la cellule de Roehm. Quand on leur en ouvre la porte, ils trouvent le prisonnier, torse nu, qui les regarde. Avec un exemplaire du Völkischer Beobachter qui contient l’annonce de la destitution de Roehm et les noms des SA exécutés, Eicke pose sur la table un revolver chargé d’une seule balle. Les trois SS sortent.
    Dix minutes. Aucun bruit n’a traversé la porte de la cellule. Les trois SS entrent de nouveau.
    — Roehm, tenez-vous prêt ! crie Eicke.
    Deux coups de feu.
    En s’effondrant, Roehm murmure :
    — Mein Führer, mein Führer !…
    Une troisième balle l’achève.
     
    Le 2 juillet Hitler reçoit les félicitations de Hindenburg. Le 13 juillet, le Reichstag, debout, l’acclame.
    Le 2 août 1934, le maréchal meurt. Hitler lui succède. Les Allemands approuvent par plébiscite : 88 % des suffrages. Le sang des SA a cimenté un pouvoir désormais sans limites.

IV

L’agonie programmée du chancelier Dollfuss
    25 juillet 1934
    Face à la porte à double battant qui, à la chancellerie d’Autriche, donne accès aux salons du président de la République, deux hommes hors d’haleine s’évertuent. Ils pèsent sur la poignée, tâchent en vain d’ébranler l’un des lourds panneaux de bois. Peine perdue : la porte, fermée à clé, résiste à tous les assauts.
    C’est à cet instant précis – le 25 juillet 1934 à 13 h 30 – que se joue le destin du chancelier Dollfuss, chef du gouvernement autrichien et de fait dictateur de l’Autriche.
    Devant la porte implacablement close, il est là, le plus petit des chefs de gouvernement d’Europe : 1,50 mètre. Ceux qui l’aiment bien, se référant à l’adversaire numéro un de Napoléon, l’appellent Millimetternich . Et ceux qui ne l’aiment pas Millimettermensch , autrement dit minus.
    Devant la porte, ils sont deux : le chancelier Dollfuss et un vieillard nommé Hedvicek, depuis des années portier à la chancellerie. Derrière eux, deux ministres, spectateurs figés, éperdus.
    — Il faudrait enfoncer la porte, dit Dollfuss.
    Comment ce petit homme et ce vieillard pourraient-ils venir à bout de ce monument de bois sculpté ? Déjà, derrière eux, résonne sur les parquets cirés le bruit des bottes de leurs poursuivants. Il s’accroît, se rapproche. Pas de doute : les rebelles sont dans la pièce voisine. Dollfuss – geste dérisoire – secoue toujours la poignée. Sur le pas de la porte, les autres se sont arrêtés, considérant d’un air de triomphe leur proie enfin rejointe. À leur tête, un homme à l’allure de reître, un ancien sous-officier : Otto Planetta. Dollfuss ne se retourne pas. Il ne voit pas Planetta lever son revolver et, presque à bout portant, tirer par deux fois. La première balle a frappé à l’aisselle droite, la seconde dans le cou. Aussitôt, Dollfuss bascule en arrière, s’abat de tout son long. Du propre témoignage d’Hedvicek, « sa tête a frappé le plancher ».
    L’agonie du chancelier Dollfuss commence. Une agonie délibérée, qui va durer trois heures. On pourrait le sauver, mais le chancelier Dollfuss est devenu un enjeu, un pion sur l’échiquier patiemment dessiné par les hommes de Hitler.
    Hitler a décidé que Dollfuss était un obstacle à l’intégration de l’Autriche dans le Reich allemand. Donc, Dollfuss devait être éliminé.
     
    Un petit paysan né, en 1892, d’une certaine Josefa Dollfuss, célibataire. Quoique celle-ci eût épousé plus tard un brave homme du nom de Leopold Schmutz, elle avait toujours refusé que son époux, qui devait lui donner quatre autres enfants, reconnût le petit bâtard, prénommé Engelbert. Fidélité à ses premières amours ?

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