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C’était le XXe siècle T.3. La guerre absolue

C’était le XXe siècle T.3. La guerre absolue

Titel: C’était le XXe siècle T.3. La guerre absolue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
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passants qui circulent avenue Mozart. Delestraint pourrait alors l’avertir du danger couru.
    4°) Le général Delestraint sera déporté en Allemagne où un SS, quelques jours seulement avant le suicide de Hitler, l’abattra. À ses camarades, il ne cessera de répéter :
    — C’est Didot qui m’a donné !
    5°) Si Barbie sait déjà que Hardy est Didot, cela explique son irruption – après l’arrestation réussie de Delestraint – à Chalon-sur-Saône.
     
    Nous ne savons rien des conditions exactes de l’arrestation de Hardy à Chalon : la seule version qui nous soit connue est la sienne. Et si cela s’était déroulé autrement ? Dès lors que l’on envisage – et nombreux sont ceux qui l’ont fait – une trahison de sa part, comment pourrions-nous être assurés de l’époque à laquelle celle-ci a commencé ? Dans ce cas, Multon n’aurait fait que collaborer à une mascarade. Simple hypothèse mais qui vaudrait peut-être que l’on s’y arrête. Elle aurait le mérite de mettre quelque logique dans une succession d’événements qui n’en comportent aucune. Elle permettrait d’expliquer l’intérêt surprenant porté à Hardy par Barbie.
    Selon ses propres déclarations, Hardy, arrivé à Lyon le 10 juin en compagnie de Barbie, est relâché le jour même sans avoir été torturé. Guillain de Bénouville, qui retrouvera son camarade quelques jours plus tard, se rendra en sa compagnie prendre une douche dans un établissement de bains. Il constatera que le corps de Hardy ne porte trace d’aucuns sévices.
    Comment Hardy explique-t-il sa libération ? Pour lui, tout est simple :
    — J’ai joué mon rôle d’homme d’affaires. J’ai dit à Barbie : « Et vous croyez que j’ai une gueule de judéo-bolchevique ? » Il a évidemment vérifié mon identité en téléphonant dans le Gard. J’ai ajouté que je connaissais fort bien le général Höbel de Coblence (en fait je l’avais connu avant la guerre pendant mon voyage de noces). Barbie en a été impressionné et a fini par me relâcher.
    Selon lui, il aurait tiré le « meilleur parti » de son type physique d’« aryen blond dolichocéphale…».
    Entendu, en juillet 1947, par le juge d’instruction militaire, Hardy est allé plus loin. Il s’est peint, face à Barbie, jouant au plus fin : « J’approuve leurs tirades politiques. Entre les questions, ils me font le chantage au sentiment : je suis un pur aryen blond, qui ne saurait aider la Résistance bolchevique et les Juifs. J’acquiesce chaleureusement. Après plusieurs heures de conversation, je crois les avoir convaincus de leurs erreurs et de la pureté de mes sentiments vis-à-vis d’eux. Je rappelle des souvenirs de voyages en Allemagne et je me déclare prêt, si je le peux, dans la mesure de mes moyens, à leur rendre service, bien que ne faisant pas de politique militante… Ils me déclarent prendre acte de cette promesse mais, toujours encore méfiants et voulant m’intimider, ils me font savoir que je parais beaucoup aimer ma fiancée, aussi, s’ils apprenaient que j’appartenais à la Résistance comme ils l’avaient cru tout d’abord, ou bien si je disparais, ils arrêteraient la famille Bastien et ma fiancée comme otages  (93) … Mon attitude sera le gage de leur liberté. Ils veulent également que les Bastien puissent être en mesure de les renseigner à tout moment sur mes déplacements ; dans le cas contraire, ils les arrêteraient tous. Je leur fais toute promesse à ce sujet. »
    Dans un de ses premiers récits, Hardy a précisé : « Après ma remise en liberté, le 10 juin, je partis le lendemain pour Nîmes où j’arrivai vers 13 heures. » Plusieurs témoins dignes de foi confirment que « Didot » est resté à Nîmes jusqu’au 12 juin. Ce jour-là, il revient à Lyon et prend contact avec ses adjoints La Combe et Heilbronn. Le même jour, il quitte Lyon pour Paris, afin de prévenir Lydie Bastien du danger qu’elle court désormais d’être arrêtée. Il y reste quarante-huit heures. Il est de retour à Lyon le 15 juin et reprend toute son activité de résistant : « réunions, rencontres, rendez-vous ». Entre autres, il retrouve son agent de liaison Bossé et plusieurs dirigeants des MUR : Jacques Baumel, Claude Bourdet, Henri Aubry, Marcel Degliame.
    Il rencontre aussi son chef et ami Bénouville. Ce dernier saura s’en souvenir lorsqu’il écrira son livre Le Sacrifice du Matin  : « Il

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