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Chasse au loup

Chasse au loup

Titel: Chasse au loup Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Armand Cabasson
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n’était pas le rôle habituel des hussards et des chasseurs à cheval. Normalement, ceux-ci effectuaient les reconnaissances, harcelaient l’ennemi et le poursuivaient lorsqu’il battait en retraite. Mais Masséna ne disposait plus que des cavaleries légères de Lasalle et de Marulaz. Ces deux mille combattants fondirent donc sur les seize mille hommes du 3 e corps de Kolowrat.
    Les cavaliers filaient dans le martèlement du galop, les hennissements et le fracas des trompettes. Le 8 e hussards était en tête, chevauchant en groupes épars. Relmyer était parmi les premiers. Pagin et le chef d’escadron Batichut le devançaient de peu, talonnant le général Lasalle et son escorte. Les hussards criaient, le visage fouetté par le vent, le sabre brandi, excités par l’ivresse de la vitesse et par la folie de la guerre. Ils voyaient grandir rapidement les masses ennemies.
    Sous leurs yeux, des régiments se formaient en catastrophe en carré, des lignes de fusiliers autrichiens ou hongrois épaulaient, des bataillons de la Landwehr ou des volontaires s’organisaient tant bien que mal, des artilleurs rechargeaient leurs canons, des uhlans, tout de vert vêtus, cavalcadaient pour se rassembler avant de charger à la lance les assaillants... Relmyer se tenait courbé sur le cou de sa monture, son sabre à la main. Pagin, droit sur sa selle, agitait sa lame en hurlant : « Hourra ! Hourra ! » Les Autrichiens disparurent dans les fumées blanches de leur fusillade. Pagin fut fauché en pleine jeunesse d’une balle dans le coeur. Des hussards vidaient les étriers, s’effondraient avec leurs chevaux, se faisaient mettre en pièces par les boulets ou la mitraille... Les cavaliers s’abattirent sur les Autrichiens. Ils sabraient les artilleurs, massacraient les fantassins isolés, malmenaient les régiments... Relmyer se jeta sur un groupe de soldats aux manteaux gris. Subitement, il tressaillit. Ici ! Juste là ! Il venait de l’apercevoir. Lui ! L’homme qu’il traquait ! Relmyer se mit à sabrer avec furie pour se frayer un passage jusqu’à son bourreau. Mais il lui semblait que ce visage se déplaçait, disparaissait pour réapparaître ailleurs, tel un reflet qui se serait promené de face en face sur cette foule. Relmyer frappait, frappait, frappait... Des silhouettes s’écroulaient, des soldats se jetaient à terre pour éviter sa lame, beaucoup s’enfuyaient et se faisaient tuer par d’autres hussards... La formation finit par se disloquer. Il s’agissait d’un bataillon de la Landwehr de Prague et non de volontaires viennois.
    Finalement, les cavaliers plièrent sous le nombre et repartirent au galop sous les balles et les boulets autrichiens, en emportant deux canons volés à l’ennemi.
    Pendant ce temps, la Grande Batterie avait achevé de se positionner. Les cent douze canons ouvrirent alors le feu sur le 3 e corps de Kolowrat, générant un vacarme tonitruant qui amenait les esprits au bord de la folie. Les boulets semaient le chaos chez les Autrichiens, couchant les rangs, déchirant les lignes, tronçonnant les colonnes, faisant exploser les caissons d’artillerie... Kolowrat, arrêté par ce tir de barrage, fit reculer ses troupes pour les mettre hors de portée de la mitraille. Il plaça toutes ses pièces en position et ordonna un tir de contre-batterie. Tandis que les deux artilleries se livraient un duel titanesque, se pulvérisant réciproquement canon pour canon, le 4 e corps de Masséna poursuivait sa route sous cette haie de projectiles. Pour encourager ses soldats, Masséna fit placer à la tête de sa colonne les musiciens d’un régiment qui entonnèrent des marches militaires. Le tambour-major, en habit chamarré, faisait pirouetter sa canne à pommeau d’argent...
    L’attaque contre le centre autrichien tournait à l’avantage des Français. En dépit des mêlées et des contre-attaques, Charles ne parvenait pas à enrayer cette progression.
    Cependant, la gauche française demeurait en péril. Au nord-est, le vacarme de la Grande Batterie s’atténuait petit à petit. Les tirs autrichiens décimaient les artilleurs. Napoléon décida de cacher cette faiblesse, autrement l’archiduc aurait aussitôt donné l’ordre à ses troupes d’attaquer cette partie du front. Il fît appel à des volontaires dans les rangs de sa Garde, qui vinrent se mêler aux canonniers rescapés. Ils manoeuvraient les pièces au milieu des cadavres des artilleurs qu’ils

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