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Christophe Colomb : le voyageur de l'infini

Christophe Colomb : le voyageur de l'infini

Titel: Christophe Colomb : le voyageur de l'infini Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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fut condamnée à être brûlée vive
après avoir eu le groin coupé. Alors que la nuit commençait à tomber, la bête
fut menée au supplice et exécutée dans un concert d’acclamations. Les
villageois se dispersèrent enfin, regagnant dans l’obscurité leurs demeures.
    Diogo, le vieux matelot, s’approcha de Cristovao :
    — Merci d’avoir parlé en notre faveur. Ses commères
avaient mis de drôles d’idées dans la tête de Maria. Ces maudites femelles ne
voulaient pas en démordre, il fallait que Julia, enfin la truie, soit jugée.
Comme si cela m’arrangeait. Après tout, elle était sur le point de mettre bas
et la vente de ces petits m’aurait rapporté quelques pièces.
    Ému par son désespoir pudiquement dissimulé en des mots
maladroits, Cristovao le rassura. Il veillerait à ce que Miguel Molyarte lui
fournisse une autre reproductrice sans qu’il n’ait rien à débourser. L’homme
étouffa un dernier sanglot :
    — Ma foi, vous êtes aussi bon qu’on le dit. Maria et
moi, pour sûr, nous prierons pour vous afin que Dieu vous donne une bonne place
en Son paradis. Tenez, je ne suis pas ingrat. Je vais vous montrer quelque
chose qui vous intéressera.
    Diogo expliqua à Cristovao qu’il avait remarqué ses longues
promenades le soir sur la grève, et la manière dont il observait la mer :
    — J’ai bourlingué sur les flots tant qu’on a bien voulu
de moi. Je sais faire la différence entre un bon et un mauvais capitaine. Vous
appartenez à la première catégorie, celle qui ne se laisse pas guider par
l’habitude. Vous cherchez quelque chose au-delà de l’horizon.
    Ils étaient arrivés près d’une remise. Diogo y pénétra et en
revint avec un morceau de bois :
    — Tenez, voilà ce que j’ai trouvé un jour sur cette
plage, apporté par le courant. Regardez, ce n’est pas un bâton ordinaire. Il a
été travaillé par une main humaine.
    — C’est peut-être tout ce qui reste d’un de nos navires
qui aura fait naufrage en venant de Lisbonne. C’est arrivé une fois depuis que
je suis ici.
    — Je vous croyais plus madré. Regardez bien à nouveau.
Ces encoches sur le bois n’ont pas été faites au moyen d’un couteau. Et puis, vous
le savez, nous les matelots, nous laissons toujours une marque sur les objets
que nous fabriquons, pour éviter les vols. Là, il n’y en a pas. Je vous le dis,
seigneur Cristovao, ce bâton n’a pas appartenu à un bon Chrétien. Je ne sais
quelle créature du diable l’a sculpté et l’a laissé échapper de ses mains. Il a
dérivé jusqu’à Porto Santo où je l’ai trouvé il y a de cela deux ans.
Croyez-moi, je pourrais vous raconter bien d’autres choses fort curieuses. Je
n’en ai jamais parlé à personne de crainte qu’on m’accuse, moi et la Maria, de
sorcellerie. À vous, je peux bien le dire, c’est la preuve qu’il y a une terre
habitée, quelque part au loin.
    Cristovao regarda le matelot. Il paraissait sincère,
tournant nerveusement le bâton entre ses mains. Son intelligence limitée ne lui
permettait pas d’inventer des fables. Méfiant toutefois, Cristovao
rétorqua :
    — Admettons que tu dises vrai. Comment se fait-il
qu’aucun capitaine n’ait jamais trouvé cette terre ?
    — Parce qu’ils ne la cherchent pas. Ils se contentent
d’aller le plus vite possible d’un port à l’autre. Tenez, mon père a été marin
avec le père de votre femme, Bartolomeo Perestrello l’Ancien. Quand ils sont
arrivés ici, un peu par hasard, ils n’y sont restés que quelques semaines, sans
se douter que Madère était à deux jours de navigation. C’est un autre qui l’a
découverte, plus tard, et qui a fait une sacrée bonne affaire. Le vieux, lui,
s’est toujours reproché de n’avoir pas fait travailler ses yeux. Il suffisait
pourtant de regarder la mer et les vagues pour deviner, à la manière dont elles
bougent, qu’il y avait une île un peu plus loin.
    — Décidément, tu déraisonnes !
    — Pas de grands mots avec moi, s’il vous plaît, je vous
répète ce que mon père m’a dit et ce que j’ai vu. Pour le moment, je ne peux
vous dire que cela, mais il m’est arrivé d’apercevoir des terres au large.
    — Ce ne sont que des nuages. Plus d’une fois, je me
suis laissé prendre au piège. À chaque fois, j’en ai pleuré de rage.
    — Pourtant, vous continuez à contempler la mer chaque
soir. On ne trouve que ce que l’on cherche. Réfléchissez-y quand vous
regarderez ce

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