Clio Kelly et l'éveil de la gardienne
ou qui ont été les plus consultées. C’est bien là-dessus que tu mènes tes investigations ?
— Oui, je vous remercie, je suis ravie de voir que vous arrivez toujours à savoir de quoi j’ai besoin.
— Mais c’est mon boulot, petite. Bon, je vous laisse travailler ; l’ordinateur est connecté au réseau, au cas où tu aurais besoin d’approfondir tes recherches.
Sur ces mots, il referma la porte et le bruit de ses pas s’éloignant résonna pendant quelques secondes, puis le silence revint.
— Tu t’occupes de ces cinq cartons et moi des cinq autres, ordonna-t-elle en s’installant.
Hermès en prit un et le souleva pour le déposer sur la table. En l’ouvrant, un nuage de poussière se répandit tout autour de lui ! Toussant et poussant une série de jurons qui amusa Clio, il se mit au travail.
Pendant près d’une heure, Clio et Hermès étudièrent dossier sur dossier, tentant d'établir une corrélation avec les informations remises par Remus ; en vain.
La tête posée sur la table, Hermès émit un son rauque semblable à celui d’un animal...
— Il n’y a rien qui pourrait avoir le moindre lien avec notre affaire ! Je crois que ce type t’a menée en bateau !
— Non, non et non ! tempêta Clio pour la centième fois. Si tu l’avais vu toi aussi, tu ne dirais pas ça ! Il semblait inquiet, comme s’il était surveillé. « Si quelqu’un sait que je vous ai remis ces fichus papiers, je signe mon arrêt de mort » m’a-t-il dit !
— Un bon comédien !
— Tais-toi et continue de chercher ! fulmina Clio en replongeant dans les dossiers.
Les yeux au ciel, le jeune dieu maudit ce que lui imposait sa compagne, lui qui, d’ordinaire, attendait que tout lui tombe tout cuit dans le bec... Il ne parvenait pas à comprendre l’entêtement de Clio. S’il s’était trouvé à sa place, il aurait jeté cette fichue enveloppe ou du moins, il l’aurait donnée à Janus en lui disant de se débrouiller avec ! Pourtant, il savait qu’il devait empêcher la Muse de faire des découvertes avant Janus. Le moment n’était pas encore venu pour elle d’endosser son rôle, elle devait rester en retrait encore un peu. Grattant le lobe de son oreille qui le démangeait, Hermès ne parvenait pas lui-même à se rendre compte de son importance. Après tout, ce qu’elle pouvait apprendre dans cette bibliothèque n’aurait certainement aucune répercussion sur ce qu’avait prévu Janus !
— Très bien, mais ne te fâche pas si je ne vois rien d’étrange… Tiens ! Ça, c’est étrange !
— Quoi ? interrogea Clio en se levant d’un bond pour se placer à ses côtés.
— Il y a eu une série de meurtres entre 1764 et 1767 dans le Gévaudan, attribuée à une bête mystérieuse mais je ne…
Clio le coupa d'un geste sec, puis lui arracha le papier des mains et le compara avec le dossier que Remus lui avait remis.
— Je crois que tu as mis dans le mille ! s’exclama-t-elle. Au printemps 1764, une adolescente fut sauvée par son troupeau qui chargea une étrange bête l'ayant attaquée. En revenant au village, elle déclara que l'animal ressemblait à un loup mais n'en était pas un : il était roux et portait une rayure noire le long du dos. Sa tête était en outre plus grosse, plus allongée. La créature n'avait pas cherché à s’en prendre au bétail, uniquement à la bergère.
Les récentes photos montraient que les trois victimes arboraient, elles aussi, des marques évoquant les crocs d'un loup, mais elles étaient deux fois plus grosses : pour avoir une telle mâchoire, l’animal devait avoir la taille d’une vache !
— Attends ! Tu ne vas pas me dire qu’une bête ayant tué en 1764 s’est de nouveau remise à assassiner deux siècles plus tard ! C’est impossible !
Superposant les photographies en leur possession avec les gravures de l’époque, il eut l’impression qu’une pierre lui tombait dans l’estomac.
— Bon sang ! Elles sont parfaitement semblables ! Même disposition des lieux, même position des corps, mêmes blessures ! s’exclama Hermès.
Ses sourcils se froncèrent tellement qu’ils ne formèrent plus qu’une seule ligne, ses doigts partirent à la recherche de son pendentif et il s’en fallut de peu qu’il ne laisse éclater sa colère en constatant qu'il avait oublié chez eux le seul moyen à sa disposition pour joindre Janus.
— Aussi impossible que la réincarnation d’une déesse de l’Antiquité,
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