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Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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entrailles. Pour en revenir à Guron, il portait au gentil sesso le même insatiable appétit
    1. Les généraux, à qui la Rome ancienne avait accordé le triomphe, montaient au Capitole, et à côté du Capitole se dressait la roche Tarpéienne d'o˘ on précipitait les condamnés à mort dans le vide, fussentils même ces généraux victorieux qui, par la suite, avaient trompé la confiance de la République.
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    qu'à son rôt et à son pot, tant est qu'il n'avait fait après mon départ qu'une bouchée de la Zocoli, et poursuivi avec elle quand et quand une relation délicieuse que, bien entendu, Richelieu découvrit et reprocha aussitôt au pauvre Guron, le tançant vertement de ce qu'il mêl‚t mission et mamours.
    Dès que je fus en ma carrosse, je donnai l'ordre à mon cocher de gagner l'hôtel de Monsieur de Guron.
    - Monseigneur, dit alors Nicolas en voyant cette adresse, peux-je vous poser question ?
    - Tu le peux.
    - Allons-nous dîner chez Monsieur de Guron ?
    - Nenni! Nous allons l'inviter à venir souper ce soir en mon hôtel des Bourbons.
    - Alors, Monseigneur, vu l'heure qu'il est, et l'éloquence de Monsieur de Guron, nous allons être en retard ce matin en votre hôtel pour la repue de midi.
    - En effet.
    - Et Madame la duchesse va se trouver fort malcontente et déquiétée.

    - Il se peut.
    - Et à votre adresse, se peut qu'elle vous chante pouilles.
    - Nenni! Nenni! Madame la duchesse d'Orbieu ne me chante pas pouilles. Tout au plus, m'adressera-t-elle quelques petites remarques.
    - Et mon Henriette, à moi aussi.
    - C'est probable, Nicolas.
    - Et que ferons-nous alors, Monseigneur ?
    - Nous serons avec nos épouses toute repentance et soumission.
    Et pourquoi cela ?
    Parce que, Nicolas, elles ont raison : c'est très irritant de faire préparer le meilleur des rôts pour avoir ensuite à le manger seules.
    - Mais Monseigneur, mon retardement n'a pas été de mon fait. J'obéis à mon maître.
    - Et moi aux miens. Il est pour moi très important de 279
    savoir au plus vite ce qui s'est passé entre Richelieu et le roi à
    Versailles.
    - Pourquoi ne pas dire cette raison à Madame la duchesse ?
    - Parce que ce genre d'excuse n'adoucit jamais une épouse. En revanche, je lui promettrai, avec humilité, un petit cadeau pour me faire pardonner.
    - Dieu du ciel ! Si vous faites cela, Monseigneur, je devrai en faire autant.
    - Fais-le donc, Nicolas ! Pauvre Henriette ! Faut-il la priver d'un cadeau ?
    - C'est que, Monseigneur, je n'ai pas, moi, les clicailles qu'il y faut.
    - Eh bien, j'y pourvoirai.
    - Monseigneur, vous êtes le meilleur des maîtres !
    - Je te traite tout simplement comme les miens me traitent, et c'est ainsi, à ce que je crois, que le monde peut devenir meilleur.
    Lecteur, comme je t'ai à l'avance révélé le déroulement probable des scènes qui nous attendent, Nicolas et moi, de retour au logis, je laisse à ton expérience conjugale le soin de les imaginer, et sautant quelques heures, dont une sieste très rebiscoulante et un entretien très amical et aussi quelque peu baveux avec mon petit Emmanuel, j'en arrive au moment o˘
    Monsieur de Guron, à la nuitée, sonna avec force la cloche de mon portail bardé de fer, et ladite porte déclose par mes Suisses de l'intérieur, mais seulement après que mes Suisses de la maison d'en face eurent reconnu les armoiries de notre ami, j'attendis Monsieur de Guron en haut de mon perron, et j'ose le dire avec quelque appréhension car il était, comme le maréchal de Schomberg, de ces hommes qui vous étouffent à demi dans leurs embrassements, tout en vous meurtrissant le dos de leurs tapes amicales.
    …tant tout ensemble gourmand et gourmet, Monsieur de Guron fit grand honneur à la repue dont Catherine avait surveillé avec le plus grand soin la composition. Il en avala, à
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    lui seul, plus de la moitié, Catherine et moi étant sobres par nature, et aussi par philosophie. Monsieur de Guron fit à la maîtresse du logis beaucoup de compliments de cette inoubliable repue arrosée de vins délicieux, et à la parfin, avalant à défaut de poire, une tranche de fromage qui e˚t nourri toute une patrouille, Monsieur de Guron se sentit fort aise, et comme "après la panse vient la danse " comme on dit dans mon Périgord, il sentit, si je puis dire, son pied se remuer dans sa botte, et fixa des yeux grands comme des soucoupes sur une chambrière que ma Catherine venait d'embaucher le matin. Je la regardai à mon tour, et par

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