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Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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vienne s'excuser de mépriser mes avis et de n'en faire qu'à sa tête !
    e Cette scène, me dit La Ville-aux-Clercs me contant l'affaire, me parut d'autant plus pénible que je ne laissais pas d'observer comment, au fur et à mesure que la vérité se faisait jour sur la disgr‚ce de Marillac, le troupeau des flagorneurs qui entourait le lit de la reine diminuait subrepticement en nombre, tant est qu'à la parfin il ne restait plus autour d'elle qu'une douzaine d'entre eux - les plus fidèles, ou simplement les plus sots... "
    1. Pieux mensonge (ital.).
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    Ayant relaté à Catherine l'ambassade de La Ville-auxClercs à la reine-mère, je me tournai vers ma tant aimée et mes doigts passant à travers ses cheveux, je lui caressai doucement la nuque : caresse qui avait pour résultat de l'attendrézir.
    - M'amie, dis-je, éprouvez-vous aussi quelque compassion pour la reine-mère en ce prédicament ?
    - Tout le rebours ! s'écria Catherine. J'eusse tout juste souhaité que la demi-disgr‚ce qu'elle essuya alors l'e˚t frappée dès Fontainebleau, quand elle écrasa Richelieu de son silence hautain, alors qu'il revenait victorieux de la campagne du Languedoc o˘ il avait été à si grande peine et labeur qu'il en avait perdu le sommeil, et presque la santé.
    Je ne voudrais pas te celer, lecteur, que je ressens quelque mésaise et vergogne au moment de te conter la suite des ch‚timents terribles que le roi fit peser sur la cabale. L'un, au moins, me fit chagrin.
    Ce fut celui qui frappa si durement et, à mon sentiment, si peu équitablement, le frère du garde des sceaux, le maréchal Louis de Marillac, généralissime de l'armée d'Italie, lequel campait à'steure au camp de Foglizzo, sa mission étant de se porter au secours de Casal.
    Il est vrai que Louis de Marillac partageait l'antipathie -pour ne pas dire la haine - que son demi-frère, le garde des sceaux, nourrissait pour le cardinal. Et comme c'était un homme de prime saut, escalabreux, paonnard, pensant peu et parlant trop, un jour, en compagnie du duc de Guise et de Bassompierre, il alla jusqu'à dire que si on lui en donnait l'ordre, il ferait ce que Vitry en 1617 avait fait àConcini : il fracasserait la tête du cardinal d'un coup de pistolet...
    Comme ce propos était tenu dans la chambre de la reinemère qui en faisait ses délices, il n'échappa pas à la
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    mignonne oreille de la Zocoli, et selon la coutumière filière elle le confessa à Fogacer, qui me le répéta, et que je redis ensuite au roi, lequel logea ces paroles dites à l'étourdie, mais néanmoins menaçantes, dans un coin de ses mérangeoises afin de se les ramentevoir dans les occasions.
    Et l'occasion surgit quand le roi, tenant à Versailles le mémorable Conseil qui décida d'exiler Michel de Marillac, s'avisa que cette mesure pourrait bien exaspérer son demifrère, lequel, étant généralissime de l'armée d'Italie, disposait de trente mille hommes. On pouvait donc craindre qu'indigné par l'indignité qui frappait son frère, le maréchal ne voul˚t s'en revancher, et dans son peu de jugeote entrer en rébellion ouverte contre le roi. Il est vrai qu'en Italie il était secondé par les maréchaux Schomberg et La Force, tous deux adamantinement fidèles au roi, mais en se soustrayant à leur influence, il avait, lui appartenant en propre, six mille soldats qu'il pouvait ramener à Paris et y faire du dég‚t, et donnant ainsi la possibilité à la cabale de renaître et d'espérer.
    On décida donc de dépêcher au camp de Foglizzo un huissier de cabinet, nommé Lépine, porteur d'une lettre du roi au maréchal de Schomberg lui commandant d'arrêter sur l'heure le maréchal Louis de Marillac et de le ramener sous bonne escorte à Paris.
    Ce Lépine devait être un cavalier émérite, car il fallait àtout prix qu'il atteignît le camp de Foglizzo avant la poste
    une seule lettre, envoyée de Paris et arrivant avant lui àLouis de Marillac, pouvait mettre le feu aux poudres. Lépine dut exténuer plusieurs chevaux sous lui, car il parvint àFoglizzo le vingt et un novembre sous le coup de midi. Et quant à ce qu'il advint, et qui fut, comme on le pressent, fort pathétique, je le sus par mon intime et immutable ami le maréchal de Schomberg qui m'en fit plus tard un récit minutieux, ajoutant que ce fut là, dans sa vie de soldat, la journée la plus pénible qu'il véc˚t jamais.
    Ma belle lectrice se ramentoit sans doute que Schomberg était tenu pour le mari le

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