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Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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ne nous appartient pas d'en raisonner mais seulement de l'exécuter. Messieurs, peux-je compter sur votre zèle et sur votre obéissance ?
    ¿ cela, le plus ancien des capitaines aux gardes s'avança d'un pas et dit de la voix forte, sonore
    qu'on vous apprend dans les armées
    - Vous pouvez y compter, Monsieur le Maréchal!
    ¿ leur tour, de dextre et de senestre, les autres capitaines avancèrent avec ensemble d'un pas et répétèrent d'une même voix la même phrase.
    Comme on s'en ramentoit peut-être, je fus assiégé avec Toiras dans l'île de Ré. Et dans la première campagne d'Italie, ainsi qu'au siège de La Rochelle, j'ai reçu quelques missions dont d'aucunes étaient périlleuses.
    Mais je n'ai jamais été soldat, et la mécanique bien huilée de la discipline militaire me laisse toujours béant, admiratif, et aussi quelque peu horrifié. Dès lors que retentit un ordre énergique, on dirait que les mérangeoises se mettent en sommeil pour laisser le corps agir. J'entends bien qu'il faut qu'il en soit ainsi: sans cela comment les soldats d'un régiment pourraient-ils au feu s'élancer contre des ennemis armés et retranchés avec la certitude que le quart, ou le tiers, ou la moitié
    d'entre eux, seront dans quelques secondes tués, blessés ou estropiés par les mousquets ennemis ?
    et bien articulée
    - Puységur, dit Schomberg, allez voir très à la discrétion si le dîner de Messieurs les maréchaux Marillac et La Force est terminé, et s'il l'est, priez-les de venir me rejoindre céans.
    Dix minutes plus tard, les deux maréchaux apparurent. ¿ son entrant, Marillac, dont l'humeur était vive, fut surpris
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    de voir là les capitaines aux gardes et il dit sur un ton quelque peu hérissé
    - que font là ces officiers ? Nous ne pouvons en leur présence examiner la lettre du roi !
    - Par malheur, dit Schomberg, c'est précisément en raison de la lettre du roi que ces Messieurs se trouvent céans.
    Et ce disant, il tendit à Marillac la lettre du roi.
    Marillac la lut, blêmit, chancela, puis se remettant il dit, contenant avec peine son horreur et son indignation

    - qu'est ceci ? Promu hier généralissime! Et meshui arrêté ! Mais qu'est-ce que cela veut dire ?
    - Monsieur, dit Schomberg qui, connaissant le caractère escalabreux de Marillac, redoutait un esclandre, vous me connaissez, je suis votre ami. Et je vous demande, ayant reçu la lettre du roi, de patience garder. Il se peut qu'il n'y ait là qu'une méprise et que la chose ne soit rien.
    - Monsieur, dit Marillac qui s'était repris, il n'est pas permis, en effet, au sujet de murmurer contre son maître. Je me rendrai en telle place et en telle prison qu'il plaira au roi de m'ordonner.
    - M'ami, me dit Catherine, à qui je fis ce récit deux ans plus tard, pourquoi vous arrêter là ? Il y eut une suite à cette histoire, dites-la-moi.
    - C'est que j'éprouve la plus grande vergogne à vous la conter, et même à y penser, car Marillac fut jugé, et ce jugement, hélas ! juge ceux qui l'ont fait.
    - Et pourquoi cela ?
    - Parce que, Madame, il fut inique.
    - Monsieur, je suis béante: vous critiquez le roi!
    - Hélas, oui ! mais je ne le fais que bien tristement et àmi-mot et dans le creux de votre mignonne oreille et l'huis bien clos sur nous.
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    - M'ami, vous en avez trop dit pour n'en pas dire davantage.
    - Eh bien, on e˚t pu mettre Marillac en Bastille comme Bassompierre et l'y laisser quelques années, ce qui était déjà bien assez dur. Mais non ! On lui fit un procès ! Et on le condamna à mort.
    - Et pourquoi cela ?
    - Pour une raison d'…tat : le roi voulait faire un exemple qui terrifi‚t la cabale et lui ôt‚t toute envie de recommencer ses complots.
    - Mais sur quelle base pouvait-on faire ce procès àMarillac? Parce que Marillac avait dit que si on lui en donnait l'ordre il tuerait Richelieu ?
    - Aucun juge ne l'aurait condamné pour cette forfanterie de soldat, laquelle, du reste, n'avait été suivie d'aucun effet. La méthode de l'accusation fut tout autre. Le roi diligenta une enquête sur le passé de Marillac et les enquêteurs découvrirent que, dans la construction de la citadelle de Verdun dont il avait été chargé, il y avait eu de nombreuses malversations.
    - …tait-ce vrai ?
    - qui le saura ? Je gage que si on faisait une pareille enquête sur les constructions militaires confiées aux autres maréchaux, il est probable qu'on aboutirait à la même conclusion, sans que pour cela lesdits

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