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Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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mon absence sa responsabilité
    serait gravissime, puisque c'est lui qui devrait veiller sur mon épouse, mon enfantelet, mon domestique et mon hôtel.
    je présentai à ma Catherine le comte de Sault qu'elle accueillit moins amicalement qu'elle n'e˚t d˚, car elle voyait en lui le compagnon et le complice de mes tumultes supposés avec les fournaises ardentes de Suse. Dès qu'elle eut entendu que Nicolas me devait accompagner, elle dépêcha une chambrière pour le prévenir d'avoir à se préparer, et une autre à Honorée, pour qu'elle vint avec notre enfantelet, afin de le pouvoir montrer à la compagnie. Fogacer disait que Catherine était si fière de sa progéniture que si le Seigneur
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    Dieu descendait un jour sur terre, elle traverserait impavidement la foule innombrable de ses adorateurs pour Lui présenter le petit Emmanuel.
    ¿ la vérité, je ne saurais dire ce qui fit le plus d'impression sur le comte de Sault : la bonne mine de notre marmot ou le tétin d'Honorée. Mais de toute façon, étant un parfait gentilhomme, il ne montra en aucune façon sa préférence. ¿ la parfin, entra Nicolas, suivi de son Henriette, déjà en pleurs d'être séparée de son mari, alors même que notre mission serait si courte et sans péril. Nicolas, après un salut des plus polis à la ronde, se jeta sans tant languir dans les bras de Monsieur de Clérac. Le lecteur se ramentoit sans doute que Monsieur de Clérac était son frère, que les deux frères s'aimaient prou, raison pour laquelle il était entendu que Nicolas me quitterait un jour pour servir chez les mousquetaires du roi. Mais, comme on sait, d'année en année, ce départ.avait été retardé avec l'assentiment de Louis, tant Nicolas me rendait de services, et tant j'étais attaché à lui, et lui à moi.
    Richelieu m'ayant commandé de faire ce voyage à brides avalées, je dus abréger le coup de l'étrier tant pour nousmêmes que pour les mousquetaires à qui nos chambrières versaient dans la cour des gobelets de mon vin, ce qui était pour eux un double plaisir, nos chambrières étant si accortes que bien des fines moustaches se retroussaient à leur vue. Se peut que je doive préciser ici que lesdites chambrières avaient été choisies par mon père quand nous étions encore à La Rochelle, et que mon père, dans ce recrutement, avait consulté ses propres go˚ts, au grand déplaisir de Catherine qui, si prompte qu'elle f˚t à jeter à la porte une garcelette bien rondie, n'aurait jamais osé renvoyer celles que mon père avait élues.
    Je fus heureux de ce scrupule, car sans lui nous n'eussions eu, bientôt, pour nous servir dans mon hôtel que des laiderons.
    Bien que je l'invitasse à faire le voyage dans la carrosse royale o˘
    Monsieur le comte de Sault et moi-même étions, Monsieur de Clérac noulut accepter l'invitation, désirant
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    demeurer à la tête de ses mousquetaires, et Nicolas fraternellement l'imita, ce en quoi il eut bien tort, car n'ayant plus l'habitude des grandes randonnées à cheval, il eut les fesses si meurtries de cette longuissime trotte qu'à son arrivée àGournay il marchait les jambes raides : ce qui le fit dauber, mais point méchamment, par les mousquetaires qui se revanchaient ainsi, sur le cadet, des punitions de l'aîné. De reste, à ce que j'ouÔs, les sévérités de Monsieur de Clérac ne les offensaient en aucune manière. Ils savaient que dans la maison militaire du roi la rigueur était la règle : on n'y tolérait ni les retards, ni l'oubli des consignes, ni les conduites désordonnées, et moins encore les duels.
    Le logis du marquis de Vardes à Gournay en Normandie méritait fort peu le nom de ch‚teau, car il n'était flanqué que d'une seule tour, encore qu'elle f˚t ancienne et de belle allure. Et comme Monsieur de Vardes était réputé
    être de bonne et ancienne noblesse, et au demeurant fort riche, j'en conclus que c'était parce qu'il rechignait tant à la dépense qu'il n'avait pas rajouté à sa demeure les tours auxquelles il avait droit. Sa chicherie apparut de reste dès l'abord, car tout en étant parfaitement poli avec le comte de Sault et moimême, il parut épouvanté à l'idée d'avoir à loger et nourrir une vingtaine de mousquetaires.
    Je ne laissai pas aussitôt de le rassurer. Pour peu qu'il voul˚t bien leur prêter un de ses champs, nos mousquetaires seraient fort aise d'y nourrir leurs chevaux, d'y élever leurs tentes et d'y cuire en plein air leur rôt.
    II faut

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