Complots et cabales
les partialités périlleuses de son épouse contre le cardinal. En outre, parce qu'il avait marié une princesse, il se crut prince lui aussi, et devint de plus en plus arrogant et acaprissat.
- Et pourquoi le traite-t-on meshui plus durement que les ducs ?
- Parce qu'il est fort bon général, et pourrait faire demain beaucoup de mal, si une guerre civile éclatait. Une armée commandée par Gaston se disperse au moindre souffle comme fleur de pissenlit. Mais une armée commandée par Bassompierre pourrait donner du fil à retordre, même à une armée du roi.
- Et que dit le peuple de Paris à ouÔr que la reine-mère est clôturée et tant de ces grands seigneurs proscrits ?
- Peu lui chaut. Il ne connaît pas < ces biaux messieurs et ces belles dames ". ¿ peine voyait-il passer leurs carrosses en grand tapage dans les rues étroites de Paris. Et gare au pauvre faquin qui ne se collait pas assez vite le dos contre le mur ! Il était écrasé, sans que pour si peu le cortège s'arrêt‚t.
Or, lecteur, les affaires avec la reine-mère n'avançaient pas d'un pouce.
Elle ne voulut pas de Moulins. On lui proposa Nevers. Elle refusa. On lui proposa Blois. Elle noulut.
Elle écrivit qu'elle n'avait pas "
mérité pareil traitement de son fils et qu'il ne serait approuvé ni des hommes ni de Dieu". Ayant ainsi enrôlé Dieu sous sa bannière, elle dit que puisqu'on l'avait reléguée à Compiègne, elle y resterait, et 326
qu'on ne pourrait l'en faire sortir qu'en " la traînant par les cheveux".
(Le lecteur se ramentoit qu'elle aimait cette image.) Elle ajouta qu'elle n'articulait aucune autre demande sauf une: qu'on la délivr‚t de ce milliasse de soldats qui la tenait prisonnière.
Richelieu n'ayant pas voulu toucher, f˚t-ce du bout des doigts, ni au sort des proscrits, ni à celui de la reine-mère, je suis bien assuré que Louis ne le consulta en aucune manière sur la façon dont il fallait répondre à
cette étrange requête, ni au non moins étrange et soudain désir de la reine-mère de demeurer à Compiègne.
Cette demande de la reine-mère me parvint à l'ouÔe par Monsieur de Guron qui m'avait prié, à mon retour àParis, de partager avec mon épouse son (
humble " repue de midi, dont j'étais s˚r que je ne mangerais pas le cinquième, tant elle serait pantagruélique. Mais ma Catherine noulut m'accompagner, pour ce qu'Emmanuel, au premier coup de m‚tines, avait rendu beaucoup plus de matières qu'il n'aurait d˚ # par la porte de derrière ", comme disait le docteur Bouvard en parlant du roi. Fogacer, aussitôt appelé
et accouru, conclut qu'il ne s'agissait que d'un < petit dérèglement des boyaux sans suite ni gravité ". Mais Catherine, mue par cette intuition féminine dont nos dames nous disent qu'elle est infaillible, se tint persuadée que, si elle s'absentait, le mal de notre fils ne pourrait que croître, et donc, s'excusa de ne se point joindre à
moi, me lançant néanmoins au départir cette flèche du Parthe : " Monsieur de Guron et vous-même étant drilles de même farine, vous serez fort aise, hors ma compagnie, de clabauder galamment sur les charmes du gentil sesso... "
Je fus béant quand l'huis de Monsieur de Guron me fut déclos par la Zocoli, le cheveu testonné comme dame, la face pimplochée avec art, et portant une vêture qui
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était une sorte de compromis entre le vertugadin noble allez recevoir mission en cette affaire - que la reine-mère
et le cotillon roturier. A peu que je ne lui baisasse la voulait
meshui categoricamente 1 demeurer à Compiègne et main à la voir ainsi attifurée. Mais à vrai dire, je n'en eus qu'elle
demandait à cor et cri qu'on retir‚t les soldats qui la pas le temps. Car à peine m'eut-elle vu, qu'elle se colla gardaient.
Et en votre opinion, mon cher duc, qu'est-ce que contre moi, et me piqua le visage de je ne sais combien cela voulait dire ?
de baisers chaleureux, me disant que de tous les gentils-
-
qu'elle voulait demeurer à Compiègne, à savoir le plus hommes de ce royaume (et la Dieu merci, il y en près possible des Pays-Bas espagnols ; qu'elle voulait que ses
avait beaucoup !) c'était moi qu'elle préférait, et que grande piété c'était que je fusse si fidèle à ma duchesse, car elle se f˚t rendue, comme place démantelée, à mon premier assaut.
- Mais, mignonne, dis-je, que diantre fais-tu là ?
- La reine-mère m'a chassée le lendemain de la journée des Dupes, suspicionnant que c'était
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