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Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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conduite si aberrante qu'il est difficile de la bien entendre. Montaigne a écrit à ce sujet : "
    L'obstination est la plus s˚re preuve de bêtise. " Définition exacte, mais à mes yeux incomplète, car àla bêtise, il faudrait ajouter, bien entendu, l'orgueil et aussi la mauvaise foi, car le têtu t‚che toujours de cacher, autant àlui-même qu'aux autres, les faiblesses de ses raisons, d˚t-il employer pour cela les à-peu-près, les faux-fuyants ou les inexactitudes.
    " Dans l'obstination de la reine-mère, un autre élément entre encore en jeu: le sentiment de son impunité. La reinemère n'avait guère, en effet, à
    craindre de sanctions, tant qu'elle était en France le deuxième personnage de l'…tat. Mais depuis qu'elle a, exilée volontaire, passé la frontière, les choses ont bien changé. Elle est devenue infiniment vulné-349
    rable, et ne s'en rendant compte le moins du monde, elle va poursuivre ses attaques. Persévérante et puérile dans la haine et la vengeance, la reinemère imagine d'envoyer une requête, de la même farine que la lettre de son fils, au Parlement de Paris. Elle va plus loin: elle porte plainte auprès du Parlement contre Richelieu !...
    Comment, diantre, pense-t-elle pouvoir aboutir? Ce serait à rire, s'il n'y avait pas lieu de pleurer, et même de pleurer pour elle. Car cette impudente démarche exaspère àce point le roi qu'il se rend en personne devant le Parlement; dénonce le caractère calomnieux de la requête maternelle, ordonne de la supprimer et déclare les conseillers de la reinemère criminels de lèse-majesté au premier chef. Il fait mieux ou pis, selon, belle lectrice, que vous avez le coeur tendre ou l'esprit de justice : il saisit et séquestre en France tous les revenus de sa mère, laquelle, pour la première fois de son.existence, éprouve cette expérience nouvelle et humiliante : elle est punie.
    "Or, belle lectrice, c'est là une sanction bien plus terrible qu'à vue de nez il n'y paraît. Car Louis n'ignore pas que sa mère est follement prodigue, et l'a toujours été. Ramentez-vous, de gr‚ce, que le premier acte de son règne, quand elle devint régente, fut de se rendre en la Bastille, o˘ elle se fit livrer par des ministres atterrés les trésors de l'…tat, si patiemment accumulés par Henri IV, soit une somme de deux millions d'or, qu'elle consacra à ses propres dépenses, et qui ne fit pas long feu dans ses mains. Elle contracta alors des dettes qui lui co˚taient peu : le Trésor les remboursait pour elle. Cependant, belle lectrice, ne versez pas encore de larmes. Elles sont prématurées. La reine-mère, quand elle quitta le Louvre pour Compiègne, et Compiègne pour Bruxelles, emporta, comme elle faisait toujours, tous ses bijoux avec elle, lesquels étaient en quantité
    telle et si grande et si pesante qu'il fallait une carrosse spéciale pour les transporter. J'en conclus que si elle avait été en son exil volontaire bonne ménagère de ses deniers, elle e˚t vendu de temps en temps un de ses bijoux, et aurait
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    pu vivre ainsi fort à l'aise jusqu'à la fin de ses terrestres jours.
    quant au roi qui, en ses maillots et enfances, voulait qu'on l'appel‚t <4
    Louis le juste ", il réfléchit longuement avant que de séquestrer les biens et revenus de sa mère. Et ce qui le décida à prendre cette mesure, fut sans doute le souvenir du million d'or en bijoux que la reine-mère avait donné à
    son cadet pour lever une armée contre lui. Dès lors, sa décision fut prise.
    Il ne voulut pas que les revenus de la terre de France allassent en pays hostile aider la reine-mère àfomenter une nouvelle guerre civile dans la patrie qu'elle avait quittée.
    - De gr‚ce, Monsieur, une dernière question: que devint alors la reinemère ?
    - Belle lectrice, votre question n'est pas petite, elle couvre quelques années pendant lesquelles la reine-mère passa de Flandres en Angleterre, d'Angleterre en Hollande, de Hollande en Allemagne. Elle fut, de prime et partout, gracieusement accueillie, mais se rendit si vite si odieuse àtous en tous pays, qu'on lui donna courtoisement son congé. Et comme elle dépensait sans compter, elle n'eut bientôt plus de bijoux à vendre, et tomba dans une gêne telle et si grande qu'à Cologne elle aurait été jetée dehors par un hôtelier impayé si Rubens ne l'avait pas secourue. Cependant, trop prudent pour l'inviter chez lui, il lui offrit le libre usage d'une maison qu'il possédait. Il

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