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Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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Catherine plus qu'une petite journée de bonheur, car dès le lendemain il m'envoya quérir par un de ses mousquetaires. Et une fois que je fus là, sans perdre son temps en paroles, il me demanda tout de gob ce que j'avais tiré de Montmorency lors de la visite que je lui avais faite à Toulouse, tandis qu'il gisait sur son lit de douleurs. Je lui en fis aussitôt le récit qu'il écouta, comme toujours, d'une oreille avide, mettant en magasin tout ce que je disais dans sa prodigieuse mémoire. Et quand je lui dis que Montmorency, sentant très vite que l'affaire était perdue, noulut s'en retirer, comme Guise auparavant avait
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    fait, parce qu'il voulait par point d'honneur rester fidèle àGaston, il s'exclama

    - L'honneur ! Ces grands féodaux n'ont que ce mot-là au bec! Mais l'honneur, ils ne le respectent qu'entre eux! Hors de leur petit cercle, ils l'ignorent ou l'oublient. Montmorency a juré trois fois fidélité à
    Louis. La première fois au couronnement, la deuxième fois quand Louis l'a fait maréchal de France, et la troisième fois quand il le nomma gouverneur du Languedoc. Et qu'a-t-il fait, notre Montmorency, de ces serments et de cette fidélité ? Il les a piétinés sans que sa conscience le remordit le moindre. Voyez ce que les Guise firent à Henri III dans le passé : un roitelet qui n'avait plus de capitale. Et ce que fit notre reine-mère quand elle était régente : la pauvre courait après les Grands avec des sacs d'or pour les ramener à l'obéissance, ce qui, évidemment, les incitait à
    recommencer leurs rébellions.
    Après un silence, reprenant, en le modifiant, un mot de Louis, Richelieu dit: " Cet …tat ne sera jamais monarchique que lorsque le roi aura limé
    crocs et griffes à ces gens-là. "
    De retour en mon hôtel des Bourbons, ma Catherine, qui mignotait Emmanuel, le confa sans tant languir à Honorée (sur qui je me gardai bien de jeter un oeil, f˚t-il furtif) et m'entraîna dans le petit salon rose qu'elle aimait.
    Et là, elle quit de moi ce que Richelieu m'avait demandé, et comme il ne s'agissait de rien qui f˚t secret, je lui en fis un récit succinct.
    - Et sur le procès de Montmorency, vous a-t-il questionné ?
    - Il n'avait pas à le faire. II y assistait, bien que fort à la discrétion.
    quant au roi, il s'en abstint complètement et préféra rester dans sa chambre de l'archevêché. Cependant, chaque soir Richelieu lui en disait sa r‚telée.
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    - M'ami, poursuivez de gr‚ce.
    - Avant que le procès ne commenç‚t, le cardinal dépêcha Monsieur de Guron pour faire remarquer àMontmorency qu'étant duc et pair, il avait le droit de demander à être jugé à Paris, et non à Toulouse.
    " ¿ quoi Montmorency répondit d'une façon très civile
    <4 - Nenni! Nenni! Je ne sais pas chicaner ma vie.
    - Et comment se conduisit-il devant les juges ?
    - M'amie, à Toulouse, on appelle les juges les " capitouls
    ., du nom du Capitole o˘ ils siègent.
    - Les " capitouls
    > ! quel joli mot!
    - C'est langue d'oc, comme " s'ococouler " que tant vous aimez.
    - Hélas! Pauvre Montmorency, dit-elle, je doute qu'il se soit beaucoup ococoulé au Capitole!
    - M'amie, que croyez-vous ? qu'on l'y serr‚t en geôle! Havre de gr‚ce ! Il couchait dans une belle chambre, servi par deux valets.
    - Et comment se conduisit-il pendant son procès ?
    - Avec la plus parfaite bonne gr‚ce. Il répondit aux questions des capitouls avec franchise, même quand cette franchise l'accusait davantage.
    Cependant, dans ses aveux, il ne montra ni forfanterie, ni bravura, mais une sorte de courtois repentir. Tout à plein certain du sévère verdict des capitouls, il se fit faire pour le jour de ses adieux à la vie un " habit d'exécution ", tout de toile blanche.
    - Tout de toile blanche ! N'était-ce pas un peu puéril ?
    - M'amie, n'était-ce pas un peu touchant ?
    - Si fait, Monsieur mon mari. Mais pourquoi choisir la toile comme dernier habit ?
    - J'imagine par humilité.
    - Et pourquoi blanche ?
    - J'imagine que Montmorency désirait, une fois que sa punition terrestre l'aurait purgé de son crime, apparaître vêtu d'innocence devant le Seigneur.
    - Et ses immenses biens, que devinrent-ils ?
    - Peu avant la condamnation royale, il apprit que d'ordre 391
    du roi ses biens étaient confisqués'. Il écrivit alors au roi et quit de lui la permission de disposer de certains meubles. Le roi acquiesça. Et Montmorency légua à Richelieu un petit salon dont la pièce maîtresse

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