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Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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femmes et filles et jusqu'aux fillettes impubères, pillaient ensuite les maisons pour se faire une picorée 1, après quoi, avant de départir, ils br˚laient tout. quand Gaston les vit à ces exploits, il menaça de pendaison ceux qui pillaient et forçaient filles. La réponse ne se fit pas attendre : quand il se réveilla le lendemain, le tiers de son armée avait disparu.
    - Le recrutement sur le chemin de gentilshommes hostiles à Richelieu ne compensa-t-il pas cette perte ?
    - Très insuffisamment. Beaucoup qui avaient promis de loin à Gaston de se joindre à lui, de près se dérobèrent. D'autres, qui eussent respecté leur parole, s'en délièrent, dès qu'ils virent le ramassis de mercenaires avec lequel Gaston comptait affronter les armées royales.
    Pour moi, gr‚ce aux rediseurs qui surgissaient partout o˘ l'intérêt du royaume l'exigeait, je savais, au jour près, ce qui se passait dans le camp de Gaston en Lunel. J'appris ainsi qu'il s'agissait d'un triumvirat car le comte de Moret, b‚tard d'Henri IV, qui, on s'en ramentoit, avait t‚ché de favoriser l'évasion de la reine-mère en la faisant admettre dans la place forte de La Capelle, s'était joint en fin de compte àGaston et à
    Montmorency.
    "Je voulus alors savoir des rediseurs qui de ce trio commandait. Mais leur réponse: u Tous les trois en principe, mais personne en réalité ", combien qu'elle me par˚t de prime peu satisfaisante, s'avéra dramatiquement juste dans la suite de cette aventure.
    u Toujours par les rediseurs, j'appris l'intention des 1. Butin.
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    rebelles de me venir attaquer à Castelnaudary, et m'ayant battu, de conquérir ensuite le Languedoc... Je fus béant ! M'attaquer, moi, Schomberg, qui était si bien remparé, et avec quoi, Seigneur ? avec une cavalerie qui ne dépassait pas huit cents chevaux, et une infanterie moitié
    moins nombreuse et composée de vaunéants. Et qui pis est, ils m'allaient attaquer dans mes murs, sans échelles, sans canons, et j'en jugerais, sans même un seul pétard pour t‚cher de pétarder mon huis! Du diantre si je peux entendre, même à ce jour, l'enfantillage qui fut le leur.
    " Or, j'avais le choix, à leur approche, entre deux solutions demeurer entre mes murs et les recevoir avec des salves de canon accompagnées par une mousquetade nourrie. Mais cette solution présentait un évident inconvénient. De cette façon, je les repoussais certes, mais je ne les battais pas.
    " Je décidai donc de les attendre, à faible distance de mes murs, dans une plaine fermée de dextre et de senestre par deux coteaux, évitant ainsi de leur part toute manoeuvre tournante. En outre, cette plaine était bordée par un ruisseau qui n'était pas, à vrai dire, une défense, car on le pouvait aisément traverser à cheval, mais une sorte de frontière morale que les rebelles devraient franchir pour attaquer, l'épée à la main, les fidèles serviteurs de leur roi.
    " Si l'armée de Gaston avait été une véritable armée commandée par un capitaine sachant la guerre, ledit capitaine aurait de prime attendu que tous ses combattants fussent rassemblés, et là, hors de portée des mousquets adversaires, il aurait étudié la situation avant de l'affronter.
    Ce sont là des principes simples, mon cher duc, dictés par le bon sens, et tout ce qu'il y faut de plus, c'est un apprentissage sur le terrain et sous le feu de l'ennemi.
    "Mais déjà, j'avais appris, en envoyant quelques enfants perdus 1 à la rencontre de leur troupe, qu'ils cheminaient
    1. Des enfants perdus sont des soldats volontaires que l'on envoie reconnaître l'ennemi et déclencher son feu, afin de pouvoir situer o˘ il se dissimule.
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    dans un ordre qui n'indiquait pas quel était le chef de l'expédition, car le comte de Moret venait le premier avec ses gentilshommes, ensuite Montmorency avec les siens, et Gaston enfin qui marchait en queue, bien qu'il f˚t, par le sang, le premier des trois, et celui qui avait initié la rébellion. Mais surtout, ce qui me laissa béant, c'est que l'attaque se fit follement, à la volée, sans rassemblement des troupes, sans concertation des chefs, et par la soudaine et insensée décision d'un seul.
    " En effet, dès que le comte de Moret aperçut l'armée royale superbement rangée en bataille, les mousquetaires sur trois rangs dans le fond, et les cavaliers répartis sur les deux côtés, les uns et les autres silencieux, graves et attentifs, il fut pris d'une sorte de délire, et

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