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Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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prince de Piémont, ayant marié la sueur du roi de France, Chrétienne 1. Le prince de Piémont, comme son père, se paonnait excessivement de la valeur stratégique de Suse qu'ils appelaient l'un et l'autre " les clés de l'Italie
    >, affirmant qu'ils prêtaient ces clés seulement àqui ils voulaient et alors selon leurs conditions. Le prince fit d'emblée des demandes exorbitantes, tant financières que territoriales, pour ouvrir aux Français il passo di Susa, le passage étant une succession de trois barricades érigées devant la grande porte de la ville. Et quoi que fit Richelieu pour l'amener à de moindres exigences, le prince ne branla pas d'un pouce. Tant est que le cardinal entendit bien que cet entretien n'avait pour dessein que de l'amuser afin de gagner du temps. Et en effet, on sut plus tard que le prince avait reçu de son père la consigne secrète di trattare, ma di concludere nulla 2.
    Avant que son beau-frère ne s'en retourn‚t à Suse, Louis le tira à part et lui dit au bec à bec que l'accord une fois conclu entre le duc de Savoie et lui-même, il aimerait que le prince lui permette d'encontrer sa sueur cadette Chrétienne, et le prince lui assura aussitôt qu'il en serait ainsi.
    Louis, comme on sait, avait trois sueurs puînées : …lisabeth, unie à
    Philippe IV d'Espagne, Henriette, épouse de Charles Ier d'Angleterre, et Chrétienne qu'on avait donnée en mariage au prince de Piémont, lequel, certes, était un tout petit seigneur comparé aux deux puissants monarques que je viens de citer, mais qui fut, toutefois, le seul à rendre sa femme heureuse. qui pourrait ne pas plaindre, pourtant, 1. On dit indifféremment < Christine " ou " Chrétienne ".
    2. De traiter, mais de ne pas conclure (ital.).
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    ces pauvres princesses que leur rang condamnait à être exilées leur vie durant en pays étranger, tout lien d'affection pour toujours rompu avec leurs proches, et mariées au nom d'éphémères alliances à des inconnus qui, de leur côté, n'avaient aucune raison de se plaire à elles. Pis même !
    l'ironie de ces tristes hyménées politiques était, en fin de compte, qu'ils ne servaient jamais à rien, car la présence d'…lisabeth en Espagne, d'Henriette en Angleterre et de Chrétienne en Savoie, n'empêcha en aucune façon que la guerre, quand et quand, fit rage entre ces trois pays et le royaume de France.
    …lisabeth, assurément, ne se sentit pas fort heureuse en Espagne, prisonnière d'une étiquette étouffante et rigide, et voyant fort peu ce prince à la longue et triste figure qui lui préférait la chasse. Mais la plus malheureuse fut sans conteste Henriette. Détestée d'entrée de jeu par le peuple anglais qui lui reprochait et d'être Française et d'être catholique, la pauvrette était mariée à un prince qui, certes, n'était point méchant, mais qui aimant assez peu le gentil sesso, préférait, quand il avait un bracelet de diamants à offrir, le donner à son favori plutôt qu'à son épouse.
    Louis, en ses enfances pleurant la mort d'un père adoré, avait reporté
    cette grande amour, non point, il va sans dire, sur la plus désaimante des mères, mais sur ses trois cadettes, par qui, remplaçant leur père, il se faisait appeler "mon petit papa
    > et avec qui il jouait, en effet, à la perfection son rôle d'aîné
    paternel, les gourmandant ou les cajolant selon les cas, cuisant pour elles des " neufs meslettes ", et leur faisant àl'occasion des cadeaux choisis avec le plus grand soin. Louis appelait ces cadeaux " de petites besognes

    ", se peut pour indiquer qu'ils n'étaient pas co˚teux, sa bourse étant si maigrelette dans le même temps o˘ sa mère couvrait d'or le couple inf‚me qui la gouvernait.
    Si le lecteur me permet de muser encore quelque peu en chemin, j'aimerais lui ramentevoir l'immense chagrin dont Louis p‚tit en ses quinze ans, quand il dut sur l'île de la Bidassoa, frontière entre la France et l'Espagne, abandonner
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    …lisabeth - laquelle devait marier à treize ans le prince des Asturies -, et en échange de qui il reçut lui-même des Espagnols sa future épousée Anne d'Autriche. Dieu bon! Comme celle-ci fut malvenue au coeur du roi, quand elle remplaça à ses côtés sa sueur bien-aimée qu'au départir il avait serrée désespérément contre lui, couvrant sa face de poutounes, la face en pleurs et poussant cris et soupirs. C'était là bien pis qu'une mort, car la pauvrette, certes, vivrait, mais sans jamais avoir

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