Complots et cabales
évidente, et que je vais dire ici.
quand l'officier chargé du cantonnement à l'étape cherche le gîte d'une nuit pour un gentilhomme de haut rang, il voudra s'adresser le plus souvent à une veuve, afin d'éviter d'avoir maille à partir avec un mari. Et cette veuve, bien qu'elle puisse rejeter la requête, l'accepte le plus souvent, se peut parce qu'elle désire rompre la solitude et la monotonie de sa vie, se peut aussi parce qu'elle nourrit de bons sentiments pour le sexe opposé.
Et "opposé
>, dans ce cas, il ne l'est que fort peu.
Madame de Chamont - c'était là le nom de la dame -, observant que Toiras et moi parlions à mots couverts, fit preuve d'une discrétion exemplaire, et la dernière bouchée avalée, se retira gracieusement en ses appartements. Et Nicolas sans tant languir l'imitant, je demeurai seul avec Toiras, et lui fis part alors des desseins du roi àson endroit.
Il fut roide et rude, comme à l'accoutumée, et se serait, je crois, encoléré, mais à la dernière seconde, il s'avisa de remplacer l'ire par l'ironie.
- La grand merci, dit-il, j'ai déjà fait plus que ma part. Le siège subi à
l'île de Ré me suffit. Et pourtant, qui sait? ajouta-t-il avec la dernière aigreur, si j'acceptais, qui sait si pour me remercier on ne me nommerait pas sergent?
- L'attitude de Sa Majesté à votre égard, dis-je vivement, a changé ! Elle regrette de ne point vous avoir récompensé comme Elle aurait d˚ après votre superbe exploit de l'île de Ré. Et je suis persuadé que, cette fois, Elle ne faillira pas à reconnaître votre valeur par un avancement digne de vous.
- Dois-je croire le beau Sire ? dit Toiras sans trop de 73
respect, ni dans le ton, ni dans les mots. Vous verrez qu'il attendra que je sois mort pour me nommer maréchal àtitre posthume! Je le connais mieux que vous! Il n'aime pas, dit-il, mes manières. Elles le piquent. Et dès qu'il est piqué, bien qu'il ait bon coeur dans son fond, il devient méfiant, méchant et rancuneux. Il a été, à ce que je crois, fort mal traité
en ses maillots et enfances par sa mère, laquelle, je dirais pour imiter son jargon, qu'elle est la donna la pi˘ cattiva della creazione 1. Et meshui, dès que Louis croit qu'on lui manque, il se sent outragé et vous veut mal de mort! Voilà l'homme! Vramy ! Je n'aime pas trop Richelieu, mais il y a des jours o˘ je le plains de supporter Louis du matin au soir! Et de mon côté, croyez-moi, ce n'était guère enviable d'être son favori ! Il voulait à force forcée réformer mes manières! Ce n'était du matin au soir que gronderies et remontrances ! Et qu'est-ce qu'elles ont, après tout, mes manières de si damnable ? qu'en êtes-vous apensé, Duc, qu'opinez-vous ?
Parlez à la franche marguerite !
Diantre! Franche, la marguerite avec Toiras ? Et comment lui dire le début du commencement de la vérité ? Avec quels ménagements et avec quelle infinie légèreté de main ?
- Mon ami, dis-je enfin, je ne vois rien à bl‚mer en vous. Vous êtes franc comme l'or. Cependant, quand on est franc à ce point, il est difficile d'être en même temps diplomate.
Dieu bon! qu'est-ce que j'avais dit là ?
- Moi ? je ne suis pas diplomate ? hurla-t-il. C'est le comble !
Par bonheur, juste à temps pour faire diversion, le maggiordomo de Madame de Chamont dit qu'un certain Charpentier, qui se disait secrétaire du cardinal de Richelieu, me voulait, maugré l'heure indue, visiter dans l'instant.
- Faites-le entrer ! dis-je aussitôt.
Et comme Toiras faisait mine de se retirer, je lui dis 1. La femme la plus méchante de la création (ital.).
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- Nenni! Nenni! Demeurez de
concerne.
Charpentier entra alors, me salua pr~G,:"~gà un peu moins profondément Monsieur sageant oeil à oeil, me dit non sans d'importance
- Monseigneur, voici le message qui concerne Monsieur de Toiras, c'est
- Et que veut dire ce v oui" ? dit Tc
- Mon ami, dis-je, Monsieur Chayo.u,giàle n'en sait rien, c'est à moi qu'il revient dz~,,,fe~9uer,
- Monseigneur, peux-je me retirer montrant quelque h‚te à s'enfuir.
- Avec tous mes mercis.
De tout le temps que Charpentier vauD, bon l9 pièce, Monsieur de Toiras bouillonna d'i~,~,
- Mon ami, dis-je, oyez-moi, je vov!~;,a,z~efquC patience. Le roi pense qu'il prendra Ca~,pro~or,~ln~ n'osant pas affronter une aussi grandi Etf~, p Pend aussi que l'armée royale quittant
dra à la charge, cette fois réservant le au marquis de Spinola, dont vous reddition de
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