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Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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grande gravité et leur inspection finie, pointant leurs petits index sur nous, elles se mirent à chantonner " Sono belli ! Sono belli ! Sono belli 1
    1 ", antienne qui ne cessa qu'avec l'entrée de leur père.
    Cette scène charmante me fit à la fois du bien et du mal. De prime, elle m'attendrézit, mais elle ne laissa pas ensuite de me ramentevoir ma Catherine et mon enfantelet, meshui si loin de moi, et ce qui me serrait le coeur encore plus, c'est que je ne savais même pas quand je les reverrais, cette campagne guerrière commençant à peine.
    Au départir, je donnai deux écus à Filiberto, étonné et flatté que je lui donnasse autant qu'au curé de Refornetto. Il protesta aussitôt que c'était
    " troppo, Vostra Altezza, troppo 2 ! "¿ ma grande surprise, au lieu que de se reposer quelque peu chez son cousin, il décida d'affronter sans tant languir le chemin du retour, soit qu'il e˚t un travail urgent à Chiomonte, soit plutôt qu'il br˚l‚t de montrer à sa femme comment ses peines avaient été par moi récompensées.
    Vincenzo Tallarico apparut enfin, fort bien équipé pour 1. " Ils sont beaux ! " (ital.).
    2. <4 Trop, Votre Altesse, trop!
    >

    une longuissime marche par neige et froidure. C'était un homme de bonne taille, la membrature carrée, le cou robuste, et une face tannée dont les traits réguliers et virils me firent penser à ceux qu'on prête à
    l'ordinaire aux légionnaires romains. quand il prit la tête de notre colonne, il me parut de prime marcher avec quelque lenteur, mais je m'aperçus vite que c'était là un vrai pas de montagnard, fait pour les longues distances et qui ne variait ni dans les descentes ni dans les montées. Tout le temps qu'il fut avec nous, Vincenzo se montra extraordinairement taciturne, soit qu'il le f˚t de nature, soit qu'il voul˚t économiser son souffle.
    Lecteur, cette longuissime marche de Refornetto à Suse fut si dure qu'il me serait pénible de la conter, et d'autant qu'il ne s'y passa rien de remarquable, sauf quelques chutes et à la fin quelques Suisses, qui marchant en dormant, s'égarèrent, mais qu'on retrouva le lendemain.
    Toutefois, mon coeur se mit à battre quand Vincenzo me fit appeler pour me dire qu'arrivé au sommet de la montagnette, que nous étions en train de gravir, je pourrais voir Suse et les barricades qui la défendaient. Je dépêchai Nicolas pour l'aller conter au comte de Sault, qui aussitôt ordonna une pause, et venant àmoi, me demanda si je désirais reconnaître les lieux par moi-même, auquel cas il m'adjoindrait deux Suisses pour m'accompagner.
    J'acceptai tout de gob et me mis en route incontinent avec mes deux Suisses, dont je ne savais pas trop ce qu'ils pourraient faire pour moi, sauf peut-être ramener mon corps au comte de Sault, au cas o˘ la crête franchie nous tomberions sur une avant-garde. ¿ vrai dire, ce n'était pas tant cette perspective qui me donnait du souci, pour déplaisante qu'elle f˚t. Je tremblais à l'idée que les choses eussent changé depuis ma furtive reconnaissance des lieux lors de ma feinte ambassade auprès de CharlesEmmanuel Ier ; car àsupposer que Bellone, ébranlé dans sa certitude que les Français n'allaient pas l'attaquer sur le flanc sud, e˚t depuis ma visite et au dernier moment décidé de fortifier ledit flanc, d'y construire une fortification et d'y loger des soldats, la stratégie que mes renseignements avaient inspirée au cardinal et au roi perdrait alors entièrement le bénéfice de la surprise.
    Le jour étant levé et quoique le ciel f˚t nuageux, il n'y avait pas l'ombre d'une brume pour nous dissimuler, et nous franchîmes les dernières toises qui nous séparaient de la crête à plat ventre dans la neige. Après quoi, haussant la tête avec prudence et risquant un oeil, je me sentis infiniment soulagé. La Dieu merci! il n'y avait là ni fortifications, ni avant-postes, ni soldats. Le flanc sud des barricades était nu et découvert, et sans avoir encore tiré la moindre mousquetade, nous en étions déjà les maîtres, et voyant tout sans être vus.
    Il ne me parut pas non plus que les soldats qui garnissaient les trois barricades successives fussent véritablement en alerte, encore que sur la route qui longeait la Dora Riparia et aboutissait comme elle à la ville, je vis, rangée parfaitement en colonne par quatre, immobile et mousquet au pied, notre armée hors de portée naturellement des b‚tons à feu des Savoyards.
    - Les nôtres attendent notre

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