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Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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et d'o˘
    il chassa sans tant languir les trois chierichetti 1 qui s'y trouvaient encore, ne voulant pas de témoin, à ce que j'augurais, de notre entretien.
    J'ai oublié le nom de ce curé et c'est pitié, car bien souvent rien ne ressemble plus à un homme que le nom qu'il porte. Prenez par exemple Filiberto : quel autre patronyme e˚t pu mieux convenir à sa chaleureuse et éloquente humeur ? Tant est que sans un nom auquel je peux raccrocher le curé de Refornetto, il me paraît très ingrat de le décrire, car si bien je me ramentois, c'était un homme d'‚ge moyen, de taille moyenne, de corpulence moyenne, et j'ose,rais dire aussi, d'‚me moyenne.
    En tout cas, il ne vit aucun inconvénient à ce que je lui e graissasse les roues
    >, primo avec cinq flacons de vin que Nicolas lui remit de ma part, et que sur son ordre il déposa sur une longue table o˘ l'on voyait disposés des ornements sacerdotaux usés jusqu'à la trame. Secundo, je lui offris un petit boursicot qui contenait deux louis d'or. Il les sortit l'un après l'autre du boursicot, les soupesa, envisagea longuement le profil de Louis Treizième, et s'il ne mordit pas dedans pour s'assurer de la solidité des pièces, c'est sans doute par une vergogne de la dernière minute.
    Belle lectrice, je ne voudrais pas que vous pensiez que je daube céans sur ce pauvre curé. Car pauvre, il l'était comme assurément tous les curés de campagne, qu'ils fussent Italiens ou Français, la raison en étant qu'ils ne recevaient de leurs richissimes évêques que de petitimes salaires. Tant est que leur vie dépendait souvent de la générosité de leurs 1. Enfants de choeur (ital.).
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    paroissiens qui étaient, au demeurant, aussi pauvres diables qu'eux. Bien je me ramentois que Louis s'était alarmé de cette pauvreté des curés du plat pays et il en avait fait de graves remontrances à l'…piscopat dont je ne puis dire si elles furent suivies d'effet.
    Ayant achevé de <~ graisser ainsi les roues
    > sans épargner la graisse, je demandai au curé s'il était consentant à ce que je demandasse à Vincenzo Tallarico, son paroissien, de me servir de guide de Refornetto jusqu'à Suse.
    Il acquiesça aussitôt, ajoutant que je Vincenzo Tallarico qu'il n'y voyait, pour
    pouvais dire àsa part, aucun inconvénient, et que s'il était consentant, lui-même l'était aussi.
    Toutefois au départir, il me demanda pourquoi je prenais le chemin long et difficile à travers les monts et vaux du Gravere, alors qu'il aurait été si facile pour moi de suivre la route longeant la Dora Riparia pour atteindre Suse. Je jugeai périlleux de répondre à cette question et je feignis l'ignorance : je ne savais pas moi-même à quoi rimait ce détour et je ne faisais qu'obéir à l'ordre de mon roi. que le curé me cr˚t ou me décr˚t, je ne sais, mais de toute évidence il jugea de son côté plus prudent de ne pas pousser plus loin l'inquisition et accepta de bonne gr‚ce que je prisse congé de lui sans l'éclairer davantage.
    Comme nous sortions de l'église, le comte de Sault me dit .
    - Monsieur mon aîné (c'est ainsi que nous étions convenus de nous appeler, ne voulant pas nous encombrer àchaque mot de " duc " et de " comte "), j'admire la gentillesse avec laquelle vous avez mené rondement les choses avec le bon curé de Refornetto.
    - Monsieur mon cadet, dis-je, ce n'est pas de la gentillesse, c'est de la gentilezza.
    - Et quelle est la différence ?
    - La gentillesse est un effort amical. La gentilezza coule de source, et en Italie je me sens, quant à moi, tout à fait Italien.
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    Pour un grande artista, Vincenzo Tallarico était logé àl'étroit, mais cependant avec beaucoup de go˚t, et dès les premiers mots de Filiberto il accepta quasiment sans déclore le bec d'être notre guide et s'enferma sans tant languir dans une petite pièce attenante pour se vêtir, nous laissant seuls avec son épouse qui avait fort affaire, d'une part, à filer de la laine avec sa quenouille et, d'autre part, à surveiller deux petites diablesses qui faisaient mille tours et drôleries autour de son cotillon.
    La maman s'appelait Francesca et était très belle, et Sault et moi l'envisagions, immobiles et silencieux, avec admiration, quoique aussi discrètement qu'il se pouvait. Mais quant aux garcelettes, à observer à la parfin notre présence, elles cessèrent aussitôt leurs pendables jeux, et se campant devant nous, elles nous envisagèrent de pied en cap avec la plus

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