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Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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tant admirée des Italiens, et joignant à ces belles vertus guerrières ces attributs bien français et tant admirés des dames : le panache et l'esprit. Madame, je vous prends à témoin. Comment ne se point p
    ‚mer devant des façons de dire aussi galantes que celles-ci : "Faut-il pour un
    masque qui n'est pas prêt que le ballet ne danse pas ! " Les soixante-quatre canons de l'artillerie française comparés à un     - Vous n'attachez donc pas créance, Monsieur, à ce récit.
    - Pas la moindre. Ni à son récit, ni au rôle que Bassompierre veut se donner, ni à sa conclusion implicite, d'autant que Bassompierre présente ces propos comme ayant été dits au bec à bec avec le roi.
    - Et c'était faux ?
    - Oui, Madame, c'était faux. Il y avait là, pour commencer, le favori du roi, Saint-Simon, lequel demeurait bouche cousue, mais l'oreille déclose.
    Il y avait là surtout et comme il est curieux que Bassompierre ne l'ait pas aperçu à ses côtés, la présence d'un personnage importantissime dans l'…
    tat.
    - Richelieu ?
    - Oui-da, Madame! Richelieu, à qui le roi demanda àson tour d'opiner, et qui opina qu'il ne fallait pas attaquer les barricades avant que le comte de Sault n'appar˚t sur le flanc sud dégarni, créant l'effet de surprise et d'épouvante qu'on attendait de lui. Et c'est bien entendu cette opinion-là
    qui prévalut dans l'esprit du roi. On avait avec grand soin et labour préparé un mouvement tournant, et au dernier moment allait-on, comme le voulait Bassompierre, y renoncer pour mener une attaque frontale toujours si co˚teuse en hommes ?
    - Et quant aux récits savoyards du combat, Monsieur, d'après ce que vous avez suggéré, ils ne seraient pas non plus plus proches de la vérité.
    - C'est ce que je crois, Madame, mais quant à eux, ils ont à mes yeux davantage d'excuses. Les Savoyards sont vaincus, il faut donc qu'ils se consolent en montrant combien ils ont été héroÔques dans leur défaite.
    " C'est ainsi qu'on a conté que Charles-Emmanuel, tout podagre et impotent qu'il f˚t, ordonna qu'on le port‚t sur sa
    chaire à bras à l'intérieur des barricades : ce qui voulait dire qu'en cas de retraite, lui et ses porteurs seraient en grand danger d'être pris. On raconte aussi qu'au moment o˘ le hérault royal lui vint demander s'il laisserait passage libre et amical à l'armée royale, il répondit par une de ces phrases superbes dont on forge plus tard des mots historiques. Il dit "
    non ", bien s˚r, mais en se drapant dans l'honneur savoyard: "
    Noi, dit-il, non siamo inglesi e sapremo difendere i nostri passaggi 1. "
    Allusion claire, Madame, au siège de La Rochelle, mais allusion toutefois quelque peu boiteuse, car àLa Rochelle ce ne furent pas les Anglais qui eurent àdéfendre leurs passages, mais les Français qui réussirent àinterdire les leurs, gr‚ce à cette fameuse digue dont toute l'Europe a parlé.
    Mais voici, Madame, le second épisode héroÔque d'après les historiographes savoyards. quand les Français envahirent les barricades, le fils du duc de Savoie, le prince de Piémont, dégagea son père qui, immobilisé sur sa chaire, était en grand danger d'être capturé. Il le dégagea, disent les Savoyards, par una brillante carica 2. Voilà qui donne à réfléchir, une brillante charge et comment ? ¿ cheval par les fossés et les barricades ?
    ou à pied, alors que les barricades sont déjà submergées et par l'armée royale et par les Suisses du comte de Sault, les défenseurs fuyant en ouvrant toutes grandes les portes de Suse et les laissant ouvertes derrière eux, ce qui permit aux assaillants de les poursuivre à la chaude et surtout, Madame, comment accepter que le duc et son fils se fussent tous deux enfermés dans les barricades ? Fallait-il courre le risque qu'ils fussent en ce combat tous les deux tués, la Maison de Savoie disparaissant alors à jamais d'Italie ? Je ne sais ce qu'il en est des princes italiens, mais l'usage en France, et je crois en toute l'Europe, est que les 1. Nous, nous ne sommes pas Anglais et nous savons défendre nos passages (ital.).
    2. Une brillante charge (ital.).
    rois ne s'exposent pas, comme disait Richelieu, < ès lieux périlleux ", courant le risque d'être tués, leur mort entraînant presque toujours la prompte défaite de leurs armes.
    - Vous ne croyez donc pas, Monsieur, que le duc de Savoie se fit porter sur