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Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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fin à la belligérance des deux pays et, comme on l'a vu, les conditions en furent fort douces pour le duc et son fils.
    Cependant, sur la fin du séjour, les choses entre eux et nous se g‚tèrent.
    Voici comment.
    Lecteur, si tu es étourdi, oublieux et sans ordre comme je le suis moi-même - sauf cependant dans mes t‚ches et missions - je voudrais que tu saches que c'est là, non point un défaut mignon dont on peut se gausser entre amis, mais un vice gravissime dont les incalculables conséquences peuvent amener le pécheur, s'il n'est pas gentilhomme, à se balancer un jour au bout d'une corde.
    Dans l'année, et le mois qui nous occupe, un certain Clausel perdit, sur les chemins de France, des papiers qui apparurent à celui qui les trouva et les lut d'une importance telle et si grande qu'il les fit remonter, de proche en proche, jusqu'à Suse et jusqu'au roi.
    ¿ lire et relire ces papiers, Louis fut béant et bouillit d'indignation. Il appela incontinent à la rescourre le cardinal qui, les ayant lus à son tour, demeura sans voix : il s'agissait d'un traité entre le très catholique roi d'Espagne Philippe IV et le duc de Rohan, chef des huguenots de France. Selon les termes de ce traité, le duc recevrait quarante mille ducats d'or annuellement s'il réussissait à établir en France un …tat protestant indépendant.
    Vramy, il y avait de quoi éclater! La dévergognée hypocrisie de la politique espagnole éclatait à plein dans ce peu rago˚tant document. Le roi d'Espagne se donnait urbi et orbi comme le champion de l'…glise catholique, et proclamait qu'il était le seul à posséder les moyens d'éradiquer un jour l'hérésie, mais dans le même temps, il baillait de l'or au duc de Rohan pour qu'il cré‚t en France un …tat protestant, àseule fin d'affaiblir l'unique pays qui, en Europe, pouvait s'opposer à son rêve hégémonique.
    Louis, à lire ce traité, allait, je l'ai dit, de dégo˚t en colère, mais le dernier degré de la fureur bouillonna en lui, quand il découvrit que la personne qui avait servi d'intermédiaire pour parvenir à cet arrangement entre le duc de Rohan et le roi d'Espagne n'était autre que son beau-frère, le prince de Piémont. Le roi le fit venir d'Aveillane, lui chanta pouilles sans merci, exigea de lui une confession écrite et, de retour en France, communiqua le traité et la confession du prince de Piémont à nos dévots qui, comme on sait, adorent le roi
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    d'Espagne. Mais les dévots sont gens étranges qui, en telle occasion, croient ce qu'ils croient et rien d'autre. Ils décrurent tout. Le traité

    était un faux évident, l'histoire de sa perte, invraisemblable, et de reste, on n'avait pu mettre la main sur celui qui l'avait perdu. quant à la confession du prince, elle lui avait été dictée par le vainqueur de Suse.
    Tout cela ne fut pas dit à voix haute par respect pour le roi, mais de bouche à oreille en de pieux murmures. Et même quand Clausel fut enfin capturé et fit des aveux avant d'être pendu, ils décrurent ces aveux. Tout cela n'était que machination, issue d'une tortueuse cervelle et vous savez bien laquelle, disaient-ils avec un soupir, en baissant les yeux.
    La révélation de ce traité secret entre Rohan et le roi d'Espagne rendait encore plus urgente la t‚che de soumettre une fois pour toutes les villes huguenotes du royaume. ¿ mon grand soulagement, le roi, qui était demeuré
    quarante jours à Suse, pressa alors les préparatifs pour s'en retourner en France. J'en fus pour ma part fort aise, car ce retour me permettrait de regagner à Orbieu les bucoliques pénates o˘ Catherine m'attendait, le roi n'ayant plus d'ores en avant besoin de mon truchement, la bataille, cette fois, se déroulant entre Français.
    Hélas, il n'en fut rien, Louis demeurant clos et coi chaque fois que je faisais allusion à mon duché d'Orbieu o˘ je serais bien aise, laissais-je entendre, d'être de retour pour les foins ou pour les moissons.
    Les foins ont bon dos", disait Nicolas sotto noce, mais n'était-il pas logé
    à la même enseigne, son Henriette, l'été venu, tenant compagnie à ma Catherine en mon domaine ?
    Ayant pressenti sans succès le roi, et n'osant m'ouvrir de mes desseins au cardinal, Richelieu ne consentant jamais àmarcher, f˚t-ce du bout des pieds, sur les brisées de Sa Majesté, je m'en ouvris à Monsieur de Guron, dont j'ai déjà parlé dans le tome précédent de ces Mémoires.
    Heureux sont les hommes qu'un seul

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