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Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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craindre : ma demi-sueur la princesse de Conti, la comtesse de Soissons, et surtout la plus infernale, la duchesse de Chevreuse. M'amie, vous devriez lire mes Mémoires, ils sont pleins de leurs méfaits.
    - Je les lirai. Mais une autre question encore. Pourquoi haÔssent-elles le roi et Richelieu ?
    - Elles sont filles et épouses de grands féodaux, elles ont peur d'être avec eux rabaissées. Mais il y a une autre raison. Elles ont beaucoup à se glorifier dans la chair, et leur beauté leur donnerait un grand ascendant à
    la Cour, si le roi et Richelieu n'étaient pas plus froids que glace à leur endroit. Elles ne leur pardonneront jamais ce déprisement-là.
    - Sont-elles dangereuses ?
    - Oui-da ! C'est la duchesse de Chevreuse qui a mis dans la pauvre cervelle de Chalais l'idée d'assassiner Louis.
    Et l'e˚t-il pu faire ?
    II en avait tous les moyens. Il était gentilhomme de la chambre.
    1. Secret de polichinelle (ital.).
    142
    - Mais ne peut-on punir ces façonnières ?
    - M'amie, dans le royaume de France, on ne coupe pas la tête aux dames.
    - Mais on pourrait les bannir ?
    - Ce serait se f‚cher avec une grande famille. Cependant, on a agi ainsi pour la Chevreuse. Las ! la belle, exilée, faisait, hors le royaume, encore plus de g‚chis que dedans. On l'a rappelée.
    - Et la haine de ces succubes continue à se faire sentir ?
    - Moins maintenant sur leurs maris que sur la reinemère, sur laquelle leur influence renforce celle des dévots, ou, si vous préférez, des "étrangers
    >.
    - Méchant, dit Catherine, avec un grand soupir, ne me dites pas meshui que la cabale des étrangers est la pire de toutes.
    - Elle l'est, m'amie, assurément! Mais laissez-moi vous dire que par
    "étrangers

    >, le roi et Richelieu ne désignent pas que les Espagnols vivant à Paris et dont le plus actif est le Senor Mirabel, ambassadeur espion de Philippe IV
    - Ma fé, dit Catherine, comment peut-on dire, de ceux qui sont nés en France, qu'ils ne sont pas de véritables Français ?
    - Parce que, par haine des huguenots, ils ont embrassé la cause espagnole.
    Ceux-là sont les dévots, dont j'ai déjà parlé, et dont les chefs, comme vous savez, Marillac et Bérulle, ont conquis l'oreille de la reine-mère, et sa cervelle aussi, pour le peu qu'elle en a.
    - Ah, Monsieur mon mari, dit Catherine, mi-riant mif‚chée, parlez mieux de la reine-mère !
    - Ma mignonne, rassurez-vous. Je ne tiendrai pas ce propos devant le roi, encore que je ne sois pas s˚r qu'en son for il ne l'approuverait pas.
    - Il me semble, pourtant, dit Catherine, après s'être réfléchie un petit, que les dévots devraient savoir gré au roi d'avoir écrasé une fois pour toutes la rébellion des huguenots.
    - Mais le roi n'en a pas profité pour éradiquer l'hérésie 143
    par le fer et le feu, crime impardonnable aux yeux de nos dévots. Il en a, au contraire, autorisé l'exercice par l'…dit de gr‚ce : autrement dit, il continue la politique de tolérance et la politique anti-espagnole qui a valu à son père d'être assassiné.
    Sur ce mot "assassiné
    >, Catherine demeura si longtemps close et coite que je crus qu'elle s'ensommeillait, comme àson ordinaire, en un battement de cils. Ce qui, je ne sais pourquoi, m'attendrézait toujours : elle paraissait alors si enfantine, si abandonnée, et si confiante en ma protection.
    Toutefois, je me trompais, car elle dit tout soudain, d'une petite voix chagrine
    - Donc, le roi ne se trompe pas quand il craint que le cardinal, à son retour à Paris, n'encontre sur son chemin que haine et méchantise.
    - M'amie, dis-je, je ne prédis rien, mais je ne prendrai en aucun cas la gageure de vous assurer le rebours.
    CHAPITRE VI
    Louis ne se séparait ni volontiers ni longtemps de ceux de ses serviteurs en qui il avait toute fiance. Toutefois il ne faillait pas non plus en équité et t‚chait de donner à chacun son d˚. Combien qu'il f˚t peu amoureux de son épouse, il n'avait pas laissé de sentir combien j'étais attaché à la mienne, et m'avait, en conséquence, baillé un congé bien plus long que je n'eusse osé l'espérer et je lui en sus un gré infini.
    Ces quarante jours passés dans mon Ithaque avec ma Pénélope furent si délicieux qu'ils ne s'effaceront mie de mes plus chères remembrances et pourtant, au moment d'en toucher mot, ils embarrassent ma plume. Et du diantre si je sais pourquoi il est si aisé de dépeindre la peine, le dol et le souci, alors que les mots ne viennent pas si

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