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Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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déjà, une odieuse mar
    ‚tre, le rabaissant, le brimant, l'humiliant de toutes les façons et allant, dans les occasions, jusqu'à prendre les armes contre lui.
    Par malheur, Louis n'eut pas davantage à se louer d'Anne d'Autriche, traîtresse à sa nouvelle patrie dès le moment de son avènement, et plus tard ennemie avérée de son époux et participant aux complots dont il était l'objet. Tant est que pour Louis, s'il avait jugé les femmes par sa mère et par son épouse, il aurait eu quelque excuse à considérer avec malaise et suspicion la plus charmante moitié de l'humanité.
    Il n'en fut rien pourtant. Comme bien le prouve, quelques années plus tard, la grande amour que lui inspirèrent les " yeux bleus, pleins de feu " de Mademoiselle de Hautefort, cette passion, toutefois, demeurant platonique du fait de la piété adamantine qui habitait le roi.
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    quand à Laleu, le douze novembre, ainsi que Louis en avait exprimé le désir, je me rendis avec Catherine d'Orbieu pour le visiter, il ne parut nullement indifférent à la gr‚ce et à la beauté de mon épouse. Et quoiqu'il ne f˚t pas " grand parleur ", comme il disait en ses enfances, il fut avec elle charmant et courtois, l'appelant " ma cousine ", appellation, à la vérité, protocolaire quand le roi s'adressait à une duchesse, et qu'il n'omettait même pas, quand il écrivait àMadame de Rohan, alors même qu'elle soutenait la rébellion huguenote dans les murs de La Rochelle.
    En cette présente occurrence, et bien que notre entretien f˚t bref, il usa sans chicheté des " ma cousine " avec Catherine, tant est que lorsque nous prîmes congé de lui, ma petite duchesse, en saillant avec moi de la maison de Bassompierre, était aux anges et ne touchait plus terre.
    - Mon ami, dit-elle d'une voix trémulante, dès qu'elle fut assise à mon côté dans la carrosse, avez-vous ouÔ ? Le roi m'a appelée " ma cousine ", et plus d'une fois ! Je sais ! Vous m'allez dire que c'est le protocole!
    Mais je croyais que ce ne l'était que pour les très vieilles duchesses, issues de très vieilles familles et vivant à la Cour! Mais moi ! Petite provinciale, née et nourrie à Nantes et qui n'ai pas plus de vingt-cinq ans ! Et le roi m'a appelée " ma cousine " ! N'est-ce pas émerveillable ?
    Dieu bon! Pensez qu'on m'avait dit et redit, et chuchoté qu'il était rude et roide ! Mais c'est tout le rebours ! Je me ramentevrai jusqu'à mon dernier souffle la bonté avec laquelle il m'a si gracieusement accueillie en sa Cour.
    - M'amie, dis-je, le roi est rude et roide, quand il s'agit de ch‚tier les comploteurs, les rebelles et les traîtres, et Dieu sait s'ils foisonnent en ce malheureux royaume. Et si d'aucuns ont t‚té de la Bastille, ou, pis même, du bourreau, sachez qu'ils l'avaient mille fois mérité. Mais avec ceux qui le servent avec fidélité et ferveur...
    - Comme vous-même, mon ami.
    - ...Louis montre qu'il possède une vertu aussi belle que rare : la gratitude. Et avec ceux-là que j'ai dits, il se montre indubitablement amical, et même s'il lui arrive par exemple
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    de gronder et de bouder le cardinal qui l'a servi et le sert au prix d'un immense labeur quotidien, j'oserai dire qu'il va aussi avec lui jusqu'à
    l'affection, laquelle devient quasi filiale dans les occasions.
    - En somme, dit Catherine avec un soupir, vous aimez Louis.
    - Oui-da! Ce qui m'a valu beaucoup d'ennemis et même une tentative d'assassinat sur ma personne, comme je vous l'ai déjà conté.
    - J'ai observé, toutefois, qu'il vous appelle K Sioac ", plus souvent que "
    mon cousin *.
    - Et j'en suis infiniment touché. Car dans ses enfances il ne savait pas prononcer le u r ", et c'est H Sioac " qu'il me nommait, quand nous jouions au soldat dans le parc de Saint-Germain-en-Laye, moi étant toute son armée, et lui mon capitaine.
    - Sioac ! N'est-ce pas mignon en diable! J'ai grande envie d'ores en avant de vous appeler ainsi.
    - Nenni, m'amie, n'en faites rien! Laissons à Louis ce privilège !
    - Mais, n'y ai-je pas autant de droits que lui ? dit-elle en s'ococoulant à
    moi, la tête sur mon épaule. Ne suis-je pas, meshui, votre petite compagne de jeu ? Et n'êtes-vous pas mon capitaine ?
    Ah !lecteur ! que j'eusse aimé que ces heures joyeuses et bondissantes de la fin du siège durent la vie entière ! La Rochelle vaincue, mais renaissant à la vie, le roi la nourrissant quasi à la becquée, de jour en jour; une armée victorieuse, commandée par un

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