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Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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dans sa politique anti-espagnole rendrait du même coup un grand service au Saint-Père. Dans ces conditions, le chanoine Fogacer serait-il rebelute à servir le roi en ses desseins ?
    - Je suis bien assuré que non, dis-je aussitôt. Dois-je le 202
    demander à Fogacer, …minence ? Et s'il dit oui, que lui faudra-t-il faire ou faire faire ?
    - Rien qui ne soit convenable à sa robe. OuÔr en confession une ou plusieurs petites personnes qui ont l'oreille fine et la remembrance excellente, mais qui, la chair étant faible, ont aussi des péchés à
    confesser.
    - Dois-je en conclure, …minence, que si notre chanoine oit ces petites personnes en son confessionnal, il doit ensuite demander que je le reçoive à pot et rôt. Je devrais alors jeter sur le papier tout ce qu'il m'aura dit et le communiquer àLouis et à vous-même ?
    - Cela même. Et comme vous ne me quérez pas, mon cousin, pourquoi je désire que le chanoine devienne une sorte de relais entre vous et moi, je vais là-dessus vous éclairer. Je crains que les petites personnes que j'ai dites ne soient un jour suivies jusqu'au domicile de Monsieur de Guron ou du vôtre, et par là, confondues. Mais qui penserait du mal àles voir entrer dans une église pour se confesser ? quant au courrier que vous m'adresserez à leur sujet en Italie, signezle du nom d'un philosophe grec, mais différent à
    chaque fois.
    - Il y en a donc tant ?
    - Il y en a beaucoup, et tous, fort subtils. Et s'ils n'ont pas résolu toutes les énigmes que nous posent le monde et la vie, ce n'est pas faute d'avoir essayé.
    Là-dessus, le cardinal s'enquit fort civilement de la santé de Madame la duchesse d'Orbieu, et sans écouter ma réponse plus qu'il n'e˚t fallu, il me fit raccompagner par un de ses mousquetaires jusqu'à la porte de sa demeure. Ce n'était pas que courtoisie, il en était, en effet, aussi difficile de sortir de chez lui que d'y pénétrer.
    Avant même que j'eusse sailli hors le palais cardinalice, le tendre hennissement de mon Accla, qui m'avait senti avant même que de me voir, m'accueillit. J'avais alors avec moi peu de monde : Nicolas et quatre Suisses, les escortes privées, sur l'ordre du roi, étant réduites à minima pour ne pas gêner, dans la capitale, les mouvements des régiments.
    203
    La pauvre Accla n'eut pas tant de caresses qu'elle e˚t voulues tant j'avais h‚te de retrouver Catherine et la tirer de ses mésaises. Mais apparemment je n'étais pas le seul à
    m'inquiéter, car dès qu'il put trotter à mon côté, Nicolas me dit d'une voix quelque peu trémulante
    - Monseigneur, peux-je vous poser question ?
    - Déjà ! dis-je. Ne peux-tu attendre que nous ayons atteint chacun notre chacunière 1 ?

    - Monseigneur, c'est que la question est importante pour moi, mon destin étant lié au vôtre.
    vous sers, Monseigneur.
    - Destin! Diantre! que voilà un grand beau mot pour désigner l'avenir!
    - C'est que le dol serait grand, Monseigneur, en nos familles si nous étions arquebusés.
    - Ou péris de male peste ? Ou qui sait, embrasés par des fournaises ardentes ?
    - Monseigneur, vous vous moquez. Songez pourtant aux pleurs que co˚terait à Madame la duchesse votre dispa rition !
    - Ou à Henriette, la tienne !
    - Monseigneur, vous me daubez!
    - Mais pas du tout. Pose ta question, Nicolas, et fais-la brève.
    - Monseigneur, la voici en deux mots: irons-nous ?
    - Nicolas, il manque un mot à tes deux mots. Irons-nous o˘ ?
    - Là o˘ vous savez. On le crie déjà sur le Pont-Neuf, Monseigneur, et toute la ville le sait.
    - Et tu sais, toi aussi, o˘ nous allons ?
    - Oui, Monseigneur. En outre, j'ai appris par mon aîné, Monsieur de Clérac, que les mousquetaires du cardinal sont meshui consignés dans leurs quartiers et fort occupés à
    bichonner et à ferrer de neuf leurs chevaux.
    - Et Nicolas, dis-moi comment un capitaine aux mousquetaires du roi peut savoir ce qui se passe chez les mousquetaires du cardinal ?
    - C'est que nous les espionnons un tantinet, étant pour ainsi parler quelque peu leurs rivaux.
    - quelque peu ?
    - Nous craignons surtout qu'ils n'aillent au combat avant nous.
    - Tu dis "nous
    >. Tu n'es pas encore mousquetaire.
    - Et bien heureux de ne pas l'être encore, puisque je 1. Chacunière a ici le sens de maison.
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    - Tu me sers, Nicolas, mais du même coup tu as l'effronterie de quérir de moi un secret d'…tat.
    - Un secret d'…tat ! dit Nicolas.
    Et il ajouta avec une naÔveté qui ne laissa pas de m'égayer et de

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