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Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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foins et les vivres, afin que notre armée ne puisse pas se nourrir sur le pays. Confronté à cette nouvelle trahison, je pense que le mieux est d'attaquer et de traiter désormais la Savoie en pays ennemi. Sire, je n'attends que vos ordres, et vous prie, dans cette attente, de me croire votre humble, fidèle et respectueux serviteur.

    Richelieu
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    Louis s'empourpra à lire les navrantes nouvelles que lui écrivait Richelieu sur ce duc de Savoie qu'il avait traité jusque-là avec une singulière mansuétude en raison de leurs liens familiaux. Le fils du duc, si bien on s'en ramentoit, avait épousé la sueur du roi. Mais les liens de famille ne tinrent pas longtemps devant son ire. " Ma fé ! dit-il, si celuilà veut la guerre, il l'aura. " Et cette fois il n'ajouta pas " jusqu'à la gueule "
    mais je suis prêt à gager qu'il le pensait.
    Pendant les longues semaines o˘ j'avais attendu le courrier de Richelieu, je reçus plusieurs fois Fogacer au bec à bec à la repue de midi, et il me fit plusieurs récits des redisances qu'il avait ouÔes en confession, en exceptant, bien s˚r, les péchés. Je fus grandement atterré d'apprendre ce qui se disait sur le roi et sur Richelieu en de certaines cabales à la Cour et à la ville. Je répétai fort exactement au roi ces vils et bourbeux propos. Une fois, une fois seulement, je me permis, non sans quelque vergogne et mésaise, à changer une parole de ces médisances qui, à mon sentiment, mettrait un jour grandement en danger le fol qui l'avait prononcée.
    Ce fol était mon demi-frère le duc de Guise, lequel, si le lecteur se ramentoit, s'amusait en ses vertes années à élever un lion dans son hôtel parisien, à la grande détestation et terreur du domestique. Le duc voulait ainsi prouver, qu'à défaut d'esprit et de savoir, il pouvait montrer du courage. Et en effet, la Cour s'amusa un jour ou deux de cette bravura, puis s'en lassa, et finit par la dauber. Et comme il fallait s'y attendre, l'éducation du fauve tourna mal. Car il se trouva que le lion, faisant ses affaires comme à l'accoutumée
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    sur les tapis de la noble demeure, un valet un jour le tança vertement et le menaça même d'une brosse qu'il tenait à la main. Le lion, qui était aussi haut que son maître, fut outragé par l'insolence de ce faquin, et d'un seul coup il sauta sur lui et d'un coup de ses terribles m‚choires lui ouvrit la gorge. On avertit le duc qui, étant à ses cartes, noulut se déranger pour si peu, et ordonna à ses soldats d'aller arquebuser le fauve et de l'enterrer ainsi que le valet dans le jardin.
    Revenons à nos moutons, bien que je les trouve bien noirs. Il se trouva que peu avant le départ de Richelieu pour la seconde campagne d'Italie, Bassompierre et le maréchal Louis de Marillac (frère du garde des sceaux) étaient venus voir le duc de Guise à son hôtel. L'entretien tomba sur Richelieu et s'échauffa au point que, souhaitant d'un coeur ardent la disgr
    ‚ce du cardinal, notre trio en vint à la tenir pour certaine et se mit à
    rêver à ce qu'on ferait de lui, dès que le roi l'aurait renvoyé. Ici, me dit Fogacer, la rediseuse hésita quelque peu à me révéler la suite. Mais, à
    mon instante prière, elle finit par la déballer : le maréchal de Marillac avait opté pour la mort, Bassompierre pour la prison, et le duc de Guise également pour la mort, en ajoutant " et, bien entendu, la plus ignominieuse des morts".

    J'enrageais d'ouÔr des propos aussi peu rago˚tants. Car bien que j'estimasse peu le duc, fils de même mère sans doute, je n'eusse pas aimé
    pourtant qu'on le ch‚ti‚t aussi durement que le méritait son propos, car la disgr‚ce aurait rejailli alors sur ma bonne marraine, la duchesse douairière de Guise, que j'aimais, comme on sait, de grande amour et qui était depuis peu si mal allante qu'elle ne quittait plus guère le lit.
    Je m'ouvris de cette difculté à Fogacer qui me dit d'une voix suave : "Mon ami, cela ne ferait de mal ni au cardinal ni au duc de Guise si son choix était par vous corrigé, et s'il choisissait, par exemple, au lieu de la mort, l'exil, punition assurément plus douce. En outre, la symétrie est meilleure àl'oreille, ne trouvez-vous pas : Marillac choisit la mort, Bassompierre la prison, et le duc, l'exil. Le plus grand seigneur choisit le moindre mal. "
    Je sus gré à Fogacer d'avoir vaincu mes scrupules et je fis au roi la relation que Fogacer jugeait "
    la meilleure àl'oreille ". La face

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