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Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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m'attendrézir
    - C'est que je n'en demandais pas tant!
    - Allons! Allons! dis-je avec bonne humeur. Le grave, le sérieux, c'est de dire, ce n'est pas de demander. Une fois arrivé à l'hôtel des Bourbons, voici ce que je ferai : je dirai àMadame ce qu'il en est, et avec ma permission elle le répétera à ton Henriette.
    Je dis à l'accoutumée "mon hôtel des Bourbons
    > mais seulement pour faire court, car c'est la rue qui s'appelle ainsi.
    L'hôtel lui-même n'a jamais été occupé par une famille royale. Il est, de reste, un peu trop grand pour nous, mais ayant été construit sous François Ier avec des fenêtres àmeneaux, il a une tournure élégante, dont je suis quasiment amoureux tant est que je l'entretiens avec beaucoup de soin, d'amour et de pécunes.
    Catherine, qui sans être chiche-face regarde plus que moi à la dépense, e˚t voulu que, pour acheter moins grand, je vende mon hôtel des Bourbons. Mais je m'y refusai tout àtrac et avec tant de véhémence qu'elle ne revint jamais sur le sujet, n'étant pas femme à harceler son mari au nom de ses propres partialités.
    Comme fit mon père pour son propre hôtel, j'ai fortifié le mur qui donne sur la rue et j'ai aspé de fer mon huis, me
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    prémunissant ainsi contre les attaques nocturnes des mauvais garçons. En outre, j'ai, comme mon père, acheté la maison qui fait face à la mienne de l'autre côté de la rue, et j'y loge une partie de mes Suisses, tant est que si mon huis était nuitamment attaqué par d'audacieux coquarts, ils seraient pris pour leur plus grand dol entre deux feux de mousqueterie. Mes Suisses ont bonne réputation dans la rue des Bourbons, car ils ne sont ni querelleurs, ni bruyants, et leur apparence, leur carrure et leur allure rassurent nos voisins. J'ai ouÔ dire que l'un d'eux, qui voulait vendre sa maison de ville pour se retirer en sa maison des champs, faisait valoir aux acheteurs que la rue des Bourbons était la plus s˚re de Paris, les caÔmans prenant leurs jambes à leur col à la seule vue de mes Suisses...
    Dès que Catherine ouÔt l'huis de l'hôtel des Bourbons se déclore en grinçant et les sabots de nos chevaux frapper le pavé de la cour, elle parut sur le haut du perron et moi, déjà démonté de mon Accla, je lui criai en latin: K Maneo 1 ! ", noulant que le domestique l'apprît avant elle.
    quant àCatherine, ayant été élevée par les bonnes sueurs de Nantes, elle m'entendit fort bien, sa belle face se fleurit de la joie la plus vive, et elle dégringola les degrés si vite qu'elle manqua la dernière marche et tomba dans mes bras. Elle ne se fit aucun mal, et moi non plus.
    Comme il est étrange que cette étreinte me revienne meshui si proche en cervelle comme un moment doré de ma vie, alors qu'avant et depuis, j'ai si souvent serré contre moi le corps tendre de Catherine dont le contact, seul, est déjà une caresse. Je ne sais si la puissance qui gouverne le ciel me voudra déclore un jour son paradis, ni si dans ce lieu éthéré - mon ‚me ayant perdu son corps - je go˚terai à coeur content un bonheur infini. Pour moi - mais de gr‚ce, ne répétez pas à mon curé ce damnable propos - mon paradis, ce sont les personnes
    1. Je reste! (lat.).
    que j'aime céans sur cette terre.
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    Le vingt-huit décembre 1629, devant le Grand Conseil réuni à cet effet, Louis bailla à Richelieu par commission le titre de lieutenant général des armées royales, lui donnant ainsi toute autorité sur les maréchaux de France et nommément sur Bassompierre, Schomberg, Créqui et La Force qu'il devait emmener avec lui le lendemain en Italie.
    Ce n'est pas la première fois que Louis conférait ses pouvoirs à Richelieu.
    Il l'avait déjà fait à La Rochelle au moment o˘, las et recru du temps venteux et froidureux de l'Aunis, il était départi se rebiscouler à Paris pendant quelques semaines.
    Cependant, quelque peu jaloux de la grande autorité qu'il laissait derrière lui au cardinal, il lui avait fait cette remarque acerbe : < Sans moi, vous n'aurez pas plus d'autorité qu'un marmiton.
    > Petite méchantise, mais dont, le jour suivant, il consola le cardinal par des paroles très affectueuses, venues du bon du caeur.
    En fait, le propos pessimiste de Louis se trouva démenti. Les maréchaux s'aperçurent que le cardinal connaissait beaucoup mieux qu'eux-mêmes les batailles d'Henri IV, qu'il travaillait beaucoup sur les cartes (qu'eux-mêmes ne consultaient que rarement), que son

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