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Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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royale néanmoins se durcit comme pierre àouÔr mes révélations, et il dit: " Ce sont là de grands nigauds. Ils parlent à la volée. Et parce que leurs propos sont inconséquents, ils croient qu'ils n'auront pas de suite. Ils se trompent. "
    Pour tout dire, la mission à laquelle j'étais employé ne me plaisait guère, combien qu'elle f˚t utile à Louis et au cardinal. Fogacer, bien au rebours, trouvait plus de plaisir à ces redisances que je n'aurais pensé
    - Vous ne sauriez croire, me dit-il un jour, comme je suis las de ces luxures qui me sont confessées - de reste, du bout des lèvres - par des gens qui, avant même d'être pardonnés, ne songent qu'à se replonger dans les mêmes délices. ¿ son sentiment, poursuivit-il avec un sinueux sourire, mon …glise bien-aimée attache beaucoup trop d'importance aux péchés de chair, d'autant que la luxure est infiniment moins grave, par exemple, que l'avarice qui engendre tant de mesquineries, de bassesses, d'injustices, et même de cruauté. Car c'est l'amour des autres qui nous sauve, et l'avare est un être inhumain.
    - Et que pensez-vous des rediseurs et des rediseuses que vous oyez ?
    - Chose curieuse, du bien. Ce serait une erreur de les croire seulement intéressés par les pécunes qu'ils reçoivent. Je les trouve souvent indignés par les propos qu'ils ont àrépéter. Et j'ai souvent le sentiment que ces petites personnes se sentent ineffablement heureuses de servir les s˚retés d'un grand roi. Elles sont aussi impavides, car elles n'ignorent rien des tortures affreuses que leur feraient subir leurs maîtres, si leur commerce avec nous était découvert.
    Les semaines passèrent, puis le mois, et c'est seulement àla fin de mars 1630 qu'une lettre du cardinal, avec croquis,
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    parvint au roi, lequel, éprouvant quelque difficulté à la lire lui-même, me pria de la déchiffrer et de la lire ensuite devant son Grand Conseil. En voici le contenu
    Le quinze mars, de Chiomonte, que le lecteur connaît déjà, ne serait-ce que par la plaisante prophétie qu'a faite le comte de Sault de me voir immortaliser en vitrail dans la chiesa comunale, Richelieu dépêcha un ultimatum à Suse pour demander libre passage pour l'armée royale par les chemins et routes du duché. Il ne reçut qu'une réponse, bien dans la manière du duc de Savoie : vague, évasive et dilatoire. Le cardinal décida alors d'attaquer. Il entra à Suse sans coup férir, le duc de Savoie l'ayant quitté pour se retirer à Turin. Le cardinal poursuivit alors son chemin vers Turin, mais sans l'intention d'en faire le siège, et à quelques lieues de la ville, alors qu'il faisait halte dans un village nommé Rivoli, il apprit qu'un millier de soldats savoyards s'étaient réfugiés à Pinerolo (qu'on nomme en français, Dieu sait pourquoi, Pignerol), petite place, lui dit-on, fortifiée. Il envoya alors le maréchal de Créqui avec sept mille hommes pour reconnaître ladite place. Mais quand ils parvinrent sur les lieux, ils étaient vides. Les troupes savoyardes, craignant d'être accablées sous le nombre, s'étaient retirées sans tirer une mousquetade.
    Créqui, jetant alors sur la place fortifiée de Pignerol le regard du soldat, fut enchanté de sa prise et dépêcha aussitôt une lettre par un chevaucheur au cardinal, lequel fut tellement alléché par la description que lui faisait Créqui qu'il accourut à brides avalées. Et dès lors qu'il survint sur les lieux, il fut lui aussi au comble de l'enthousiasme et écrivit sur l'heure au roi que la prise de Pignerol - obtenue sans combat -
    était une "grande victoire ". La place avait, en effet, une immense valeur stratégique.
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    - Monsieur, un mot de gr‚ce.
    - Belle lectrice, je vous ois.
    - Il me semble que vous tombez ici dans un travers qui me taquine fort chez les historiens. Ils vous disent d'un ton docte qu'une place a une immense valeur stratégique, mais ils ne vous expliquent jamais pourquoi. C'est à se demander si eux-mêmes le savent!
    - Belle lectrice ! Vous les calomniez! Bien entendu, ils le savent, mais peut-être la valeur stratégique d'une place leur paraît-elle trop évidente pour exiger une explication
    - Et à vous, Monsieur, celle de Pignerol vous paraît évidente ?
    - Assurément ! Et désirant, m'amie, conserver vos bonnes gr‚ces, je vais t
    ‚cher, sans être trop docte, de vous l'expliquer. Mais permettez-moi, de prime, un petit retour en arrière.. Jusqu'ici la place que nous considérions

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