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Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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revenir en son pays. L'idée qu'il e˚t pu être davantage fidèle aux lares paternels ne l'effleurait même pas. Bien différent en cela de son aîné, l'ombre d'Henri IV ne planait pas sur lui.
    Dès lors qu'il fut revenu, d˚ment payé pour faire son devoir, dans la capitale, et pour qu'il y demeur‚t, Louis le nomma par commission "
    lieutenant général de Paris
    >, titre flatteur dont Gaston se paonna prou, mais qui, s'il lui apportait des pécunes, ne lui donnait aucun pouvoir, car toutes les troupes royales étaient aux mains de Louis et de Richelieu. Gaston pouvait, tout au plus, commander aux archers qui avaient la charge - qu'ils assuraient assez mal -
    de garder les Parisiens contre les coupe-bourses, les caÔmans et autres coquarts qui, dès qu'on éteignait les lumières de la ville, devenaient les maîtres de la rue.
    Son frère englué, les poches pleines, dans les délices parisiennes, et le roi étant, par là, libéré d'un tracassant souci, 217
    départit avec son armée de Paris le vingt-huit avril et arriva àLyon le deux mai. Les deux reines, fortement accompagnées, reçurent l'ordre de l'y rejoindre le cinq mai, et bien que je n'eusse rien à voir avec cet équipage, je le suivis avec Nicolas, Fogacer et le nonce apostolique dont il était le bras droit, et qui était fort désireux de connaître les négociations qui allaient s'engager entre les Espagnols et nous.
    Je départis le vingt-neuf avril 1630 de Paris, et bien je me ramentois que la veille j'eus au lit avec Catherine un longuissime "babil des courtines
    ". La lumière des bougies, voilée, mais non cachée par lesdites courtines, me permettait de voir son ravissant visage o˘ étrangement la colère se mêlait aux larmes, alors même que son corps contre le mien demeurait tendre et chaleureux.
    Mais tendre, sa voix ne le fut pas, lecteur, quand elle m'attaqua, pour ainsi parler, sabre au clair...
    - Monsieur, dit-elle, vous êtes un traître ou un méchant, et peut-être les deux! Vous m'avez juré de ne point aller en Italie et meshui vous y courez !
    - Nenni! Madame, je n'y cours point. J'ai reçu un ordre du roi, mais je vais demeurer à Lyon sans être, en conséquence, exposé aux combats.
    - Et que ferez-vous à Lyon ? dit Catherine, toujours aussi suspicionneuse.
    - Ce que le roi m'ordonnera de faire.
    - Et qu'est cela ?

    - Je ne sais, dis-je, le sachant fort bien.
    Elle décela, Dieu sait comment, qu'il y avait en cette réponse quelque dissimulation, et l'interprétant selon sa passion de jalousie, elle me dit d'un ton acerbe
    - que me chantez-vous là ?Vous allez partir demain avec seulement Fogacer et six Suisses par les chemins hasardeux de France ?
    - Point du tout. Je suivrai le convoi des reines, lequel est très fortement accompagné.
    - Et qu'avez-vous affaire avec les reines ?
    - Rien du tout. Puis-je vous ramentevoir, m'amie, que je 218
    n'appartiens ni à la maison de la reine, ni, la Dieu merci, àcelle de la reine-mère.
    - Mais vous êtes duc et pair: elles voudront vous voir.
    - Je suis bien assuré que non. Servant le roi et Richelieu avec fidélité, je ne suis à leurs yeux qu'un suppôt de Satan.
    - Mais vous serez à la portée des yeux et des mains de leurs dames d'honneur!
    - Des mains, Madame! Comme vous y allez!
    - Et pourquoi pas ?
    - Madame, vous ne connaissez pas la Cour: tout y est clan et cabale, et jamais une dame d'honneur n'oserait donner le bel oeil à un gentilhomme que sa maîtresse tiendrait pour un ennemi de son clan.
    Et preuve qu'en effet Catherine ne connaissait pas la Cour, elle ajouta foi à cette hasardeuse allégation... Mais ce ne fut là qu'une brève rémission de sa jalousie. Elle reprit tout aussitôt
    - Et quid des logeuses en vos étapes ?
    - Madame, je serai logé aux étapes avec le chanoine Fogacer. Et vous n'allez pas penser qu'à proximité d'un chanoine j'irai enfreindre les commandements de Dieu.
    Pour une fois j'avais été prudent et j'en fus récompensé. Je n'avais jamais touché mot à Catherine du temps o˘, en sa folle jeunesse, Fogacer semait ses folles avoines, et circonstance aggravante, les semait dans des terrains qui n'étaient pas faits pour elles.
    Ma remarque sur Fogacer apaisa tout à plein Catherine, et sa jalousie se tournant en curiosité, elle quit de moi pourquoi diantre le roi avait ordonné aux reines de l'accompagner jusqu'à Lyon.
    - Sans doute pour qu'elles quittent Paris et soient ainsi soustraites à
    l'influence des cabales et de

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