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Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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Marillac. Si c'est bien là le sens de cette manoeuvre, elle n'a qu'à demi réussi. Car la reine-mère a déclaré haut et fort qu'elle n'irait pas àLyon si elle n'y était pas accompagnée par Monsieur de Marillac. Et il a bien fallu que Louis s'inclin‚t, encore que la
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    place d'un garde des sceaux f˚t bien plutôt en Paris qu'en Lyon.
    - Ne trouvez-vous pas que Louis a fait là preuve de faiblesse ?
    - Tout le rebours ! Il a fait preuve de patience et de prévoyance. Un conflit avec la reine-mère, au moment d'entrer en campagne en Italie, e˚t été désastreux. Dieu sait ce qu'elle aurait pu faire dans la capitale avec la complicité de Gaston, toujours à l'aff˚t d'un mauvais tour à jouer à son frère.
    - Dieu bon! dit Catherine, comme je plains le pauvre roi! La triste famille que voilà ! Pour pires ennemis il a sa mère et son frère !
    - Et ajoutez aussi son épouse, m'amie, et le tableau sera complet.
    - quoi! La reine, ennemie du roi ?
    - Ou se conduisant du moins comme telle. M'amie, avez-vous ouÔ parler du procès Chalais ?
    - Fort peu. Monsieur, ramentez-vous que je n'étais alors à Nantes qu'une petite provinciale et que j'ignorais tout de la Cour et de ce qui s'y passait.
    - Rien de bien rago˚tant, je vous assure. Chalais, gentilhomme sans cervelle, avoua qu'il avait été quinze jours <4 dans l'intention de tuer le roi
    >. Il y eut procès et on décapita ce petit sot. Mais au cours de l'enquête, on apprit que la reine, sous la pression de l'ambassadeur d'Espagne, avait accepté l'idée, si le roi mourait, d'épouser son beau-frère Gaston, successeur à son aîné sur le trône de France.
    - Et o˘ était, dans ce cas, l'avantage pour l'Espagne ?
    - La reine, mariée à Gaston, demeurait reine de France et pourrait, comme elle avait fait ci-devant, transmettre par l'ambassadeur Mirabel, des informations importantes sur la politique de la France.
    - Dieu du Ciel ! s'écria Catherine. Deux fois traîtresse i Et à son mari et à son roi! que fit Louis en apprenant cette éprouvante nouvelle ?
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    - que voulez-vous qu'il fit ? Le roi très chrétien ne peut pas divorcer.
    - Et pardonna-t-il à Anne sa double traîtrise ?
    - Dix-sept ans plus tard, sur son lit de mort.
    - Et pendant ces dix-sept ans put-il vivre avec sa reine comme mari avec sa femme ?
    - Il le fallut bien: la reine devait donner un dauphin à la France.
    - Et vous, Monsieur, dit-elle en me faisant une petite moue ravissante, que feriez-vous si je vous trahissais ?
    - ¿ coup s˚r, je vous tuerais, dis-je en faisant la grosse voix.
    Et ce disant, la prenant avec force dans mes bras, je me juchai sur elle, l'écrasant de mon poids.
    - Ma fé ! dit-elle avec un petit rire. je n'eusse jamais cru que la mort f˚t si douce! Frappez, beau Sire! Frappez! Pardon ne quiers, et gr‚ce ne veux!
    Dans la nuit, dormant précairement moi-même, j'ouÔs Catherine qui pleurait à petit bruit, et sans que je pipasse mot, et comme si j'étais moi-même en un demi-sommeil, je lui caressai doucement le dos, la nuque et les épaules, ce qui, par degrés, l'apazima. je m'attendais le lendemain, au déjeuner, avant mon départir, à de nouvelles larmes, mais l'arrivée de Fogacer, qui devait voyager avec moi dans ma carrosse et que j'invitai incontinent à

    déjeuner, ainsi que le petit clerc qui l'accompagnait, rassura Catherine et la rasséréna. On e˚t dit qu'elle voyait en mon chanoine une sorte d'ange gardien qui, par sa seule présence, m'empêcherait de tomber dans les pièges de chair qui n'allaient pas manquer de se refermer sur moi au cours de cette longue absence.
    En outre, Fogacer, qui de sa vie n'avait jamais serré une femme dans ses bras, les aimait néanmoins beaucoup, et se faisait aimer d'elles par des gentillesses et des délicatesses
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    qui n'étaient pas elles-mêmes sans affinité avec celles du gentil sesso.
    Au sujet du petit clerc que Fogacer m'avait demandé d'asseoir à son côté, je ne laissais pas d'apercevoir, au cours du déjeuner, que Fogacer avait pour lui des attentions d'une mère, et de temps à autre, interrompant notre entretien, il lui expliquait par signes de quoi il s'agissait, car le pauvret, qui était, de reste, fort joli, était sourd et parlait difficilement, et Fogacer m'expliqua qu'il avait pour lui inventé un langage par signes qui n'était connu que de lui-même et de son protégé.
    Lecteur, je ne te veux point celer qu'il me vint alors en cervelle l'idée que Fogacer n'avait

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