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Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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comme étant pour le roi de France la clef de l'Italie, c'était Casal, cette ville que Toiras tenacement défend depuis plusieurs mois contre une puissante armée espagnole commandée par Spinola. Or, à bien examiner, Casal, bien que ville beaucoup plus grande que Pignerol, est loin, bien loin d'avoir la même valeur stratégique !
    - Et comment cela ?
    - Casal est d'abord beaucoup trop éloignée de la frontière française : de Briançon pour porter secours à Casal il faut parcourir quarante-cinq lieues. Mais de Briançon pour atteindre Pignerol on n'a que quinze lieues à
    franchir.
    - Si je vous entends bien avec Pignerol, Monsieur, la clef de l'Italie se rapproche considérablement de la Porte de France.
    - Ce mot, Madame, est tout à fait galant et, qui plus est, il ne laisse pas d'être vrai. Observez, en effet, m'amie, que les quinze petites lieues qui séparent Briançon de Pignerol rendent infiniment plus faciles les communications, les envitaillements et, si besoin est, les renforts, alors que Casal est périlleusement éloignée de la France et située en outre de la façon la plus périlleuse entre deux villes hostiles : Turin, qui 214
    appartient au duc de Savoie, meshui ouvertement notre ennemi, et Milan que l'Espagnol occupe.
    - Cependant, Casal, avez-vous dit, est beaucoup plus grand que Pignerol.
    - M'amie, la valeur stratégique d'une place ne se mesure pas à sa taille, mais à la difficulté pour un ennemi de s'en emparer. Or, Pignerol est, de prime, un excellent site. Il est huché sur le haut d'une colline et comporte en son centre un donjon remarquablement haut qui donne des vues lointaines sur les alentours et permet ainsi de surprendre toute approche ennemie. Ce donjon est entouré par un ch‚teau lui-même défendu par des tours percées de meurtrières. Le roi et le cardinal ajoutèrent fort au site pour le rendre inexpugnable. Ils entourèrent le ch‚teau primitif non pas d'une, mais de deux murailles successives, lesquelles n'étaient pas rondes, mais rectangulaires, et comportaient l'une et l'autre des créneaux et des échauguettes. Au surplus, ces murs étaient construits, non pas droits, mais obliques, tant est que le bas étant plus en retrait que le haut, il était quasiment impossible de placer une échelle d'escalade contre eux : elle n'e˚t pas trouvé assez de pied pour tenir.
    "Un ch‚teau d'entrée défendait l'accès des deux enceintes successives et on y entrait par un pont, lequel pont était porté sur des colonnes et défendu par des tours carrées.
    - Et par qui, Monsieur, furent construites ces astucieuses fortifications ?
    Par l'architecte de la digue de La Rochelle ? Par Métezeau ?
    - Madame, ai-je bien ouÔ !Vous vous ramentez de Métezeau à qui pourtant je n'ai consacré que deux ou trois pages dans le onzième tome de mes Mémoires!
    Votre mémoire, Madame, me laisse béant.
    - Monsieur, de ce que j'ai le cheveu long, il ne faudrait pas conclure que j'ai la mémoire courte.
    - Fi donc, Madame ! Jamais telle sottise sur le gentil sesso ne m'a traversé les mérangeoises ! Mais pour répondre àvotre question, je doute que ce f˚t Métezeau qui fortifia
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    Pignerol, car en 1630 il était fort occupé à construire l'hôtel Le Barbier sur le quai Malaquais à Paris.
    - Une dernière question, Monsieur, pour finir. Maintenant que nous avons Pignerol, allons-nous abandonner Casal ?
    - que nenni ! Si nous laissions Casal, les troupes espagnoles qui l'assiègent se retourneraient aussitôt contre Mantoue, notre alliée et amie, que déjà les Impériaux d'Autriche menacent.
    - La guerre n'est pas donc près d'être finie ?
    - Ne dites pas la guerre, Madame, dites les guerres d'une part, celle du roi et du cardinal contre les Espagnols et les Impériaux. Et d'autre part, la guerre de la reine, de la reine-mère, de Gaston, de Marillac, des dévots et des Grands contre le roi et son ministre. Et celle-ci, Madame, en cette année 1630, va devenir de plus en plus encharnée et cruelle.
    CHAPITRE IX
    C'est seulement après un long et pénible bargoin - qui lui co˚ta de considérables pécunes - que Louis réussit àfaire saillir Gaston de la coquille Lorraine o˘ il s'était escargoté, et à le faire revenir à Paris.
    Pour Gaston, frère du roi et héritier présomptif du trône, il n'y avait ni mésaise, ni vergogne à être l'hôte d'un ennemi juré de la France. Tout le rebours : cela lui permettait d'exiger de son aîné apanages, terres et clicailles, pour

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