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Constantin le Grand

Constantin le Grand

Titel: Constantin le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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mascarade, une supercherie, une superstition.
    Nombreux étaient les citoyens qui craignaient que ces oppositions n’affaiblissent l’Empire. Ils avaient déjà la nostalgie de l’ordre qu’avait restauré Constantin le Grand. Ils regrettaient le temps de la foi unique, autour de laquelle tous se rassemblaient. Si la croyance en Christos se fissurait, que deviendrait le pouvoir de l’empereur ? Quel sort serait celui de l’Empire ? Comment combattre et repousser les Barbares qui se pressaient sur les rives du Rhin et du Danube ? Comment arrêter les Perses qui se préparaient, au-delà du Tigre et de l’Euphrate, à donner l’assaut ?
    L’armée que Julien l’Apostat avait réunie à Antioche suffirait-elle ? Il lui fallait s’emparer de Ctésiphon, capitale de l’Empire perse.
    Christos avait donné la victoire à Constantin le Grand. Les dieux païens seraient-ils aussi favorables à Julien et donc à l’Empire ?
    On guettait le sort des armes.
    C’est une fin de journée de cette trois cent soixante-quatrième année après la naissance de Christos.
    La chaleur est accablante. Marcus Salinator chevauche près de Julien dans ces espaces de sable jaune où parfois les eaux des grands fleuves, le Tigre et l’Euphrate, paraissent s’ensevelir avant de resurgir et de se répandre paresseusement afin que des milliers d’oiseaux viennent nicher dans les roseaux et puissent tout à coup faire vibrer le ciel de leur ailes.
    Depuis le matin, Julien semble d’humeur sombre.
    Penché sur l’encolure de son cheval, la main droite lissant sa barbe bouclée, il a confié à Marcus Salinator avoir vu, dans la nuit, le dieu solaire, Sol invictus , la tête voilée d’un tissu noir.
    Sol invictus l’a invité à le suivre. Julien est persuadé que cette divinité, le dieu des dieux, qui lui était jusqu’alors apparu rayonnant, venait de lui annoncer la nuit de sa mort.
    Tout au long du jour, Marcus Salinator a tenté de faire oublier à l’empereur cette vision néfaste, mais elle le hantait, et lorsque, au crépuscule, l’armée a été encerclée par des cavaliers perses, Julien l’Apostat a levé le bras en signe d’adieu.
    Marcus Salinator a vu un javelot le frapper au-dessus du coude. L’arme n’a pas été lancée par les Perses, trop éloignés encore, mais depuis les rangs de la cavalerie romaine.
    L’un des soldats, de ces chrétiens qui haïssaient Julien, avait dû trouver l’occasion propice pour abattre l’Apostat, le restaurateur des idoles, le persécuteur masqué des chrétiens, l’empereur qui était censé éloigner l’empire de Christos et ainsi le diviser, l’affaiblir.
    Il fallait donc satisfaire Christos et, pour l’Empire, abattre Julien l’Apostat.
     
    Le cavalier a lancé son arme avec une force que multipliait sa haine, et la blessure était grave. Le javelot a égratigné la peau du bras, puis percé les côtes et s’est fiché dans le tronc à hauteur du foie.
    Julien a tenté de l’arracher de sa main droite, mais le sang a jailli de ses doigts, coupés par le double tranchant du fer.
    Il a roulé à bas de sa monture et aucun cavalier romain ne s’est élancé pour lui porter secours.
    Marcus a vu les soldats se détourner et s’enfuir. C’est lui qui a soulevé et porté le corps de Julien jusqu’au camp.
    Il l’a veillé, l’a entendu prononcer d’une voix rauque :
    — Dieu solaire, Sol invictus , tu m’as vaincu !
    Paroles de païen qui se souvenait de son rêve, de l’avertissement émis par le dieu.
     
    Dès le lendemain matin, les légions se sont rassemblées et les soldats ont élu, pour succéder à Julien, un officier illyrien de la garde impériale, Jovien.
    Sa seule qualité était d’être le plus ancien des centurions.
    Il a regardé avec effroi ceux qui l’ovationnaient.
    Jamais cet homme simple, qui ne se souciait que de femmes et de vin, n’avait imaginé présider aux destinées de l’empire du genre humain. Il ne se distinguait des autres officiers que par la taille, marchant la tête rentrée dans les épaules, le buste penché en avant comme pour faire oublier qu’il était le plus grand.
     
    Jovien n’a régné que quelques mois.
    On l’a retrouvé mort sous sa tente après une nuit de beuverie. Mais il avait eu le temps de rendre aux chrétiens les droits, les pouvoirs et les biens que Julien l’Apostat leur avait retirés.
    Ainsi Julien avait-il été le dernier des empereurs païens, et sa tentative pour

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