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Constantin le Grand

Constantin le Grand

Titel: Constantin le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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Roma , l’évêque Athanase et le prêtre Arius, puis qu’il ordonnât la tenue d’un nouveau concile, ou bien, s’il ne fallait réunir que des évêques, un simple synode. Il imposerait l’union. L’on pourrait rassembler ces évêques à Césarée de Palestine ou bien à Tyr, puisque c’était dans les provinces d’Orient que la querelle entre les disciples d’Arius et leurs adversaires était la plus vive.
    Constantin est d’abord resté silencieux, puis, inclinant davantage encore la tête sur son épaule gauche, il a murmuré :
    — Si le temps m’en est laissé.
    C’est à cet instant que j’ai pensé que la mort ne le quittait plus et que c’est à elle qu’il prêtait l’oreille.
     
    Elle se tenait à ses côtés, le matin suivant, dans ce grand espace couvert de hautes herbes courant le long de la Mesée, non loin du mur d’enceinte.
    Constantin avait tenu à ce que je l’accompagne en ce lieu où l’attendaient déjà Hésios, Optatus, Ablabius, des tribuns germains de sa garde personnelle, des astrologues ainsi que Cyrille.
    Nous avons marché, suivant Constantin, découvrant avec lui, derrière une colline, un petit temple païen élevé pour célébrer les douze dieux gravitant autour de Sol invictus .
    L’empereur paraissait le connaître. Il s’est arrêté, puis a pénétré seul dans le temple, y demeurant longtemps, et, lorsqu’il a réapparu, il s’est immobilisé sur le seuil, regardant tour à tour chacun de ceux qui l’attendaient, s’attardant à fixer Hésios, puis son regard s’est arrêté sur moi.
    — Je serai le treizième dieu, a-t-il dit.
    Puis, faisant un pas vers moi, il s’est repris :
    — Le treizième apôtre.
    J’ai été une fois de plus déçu par sa duplicité, l’habileté avec laquelle il utilisait concomitamment la foi des chrétiens et les superstitions des païens. Mais que faire ? Il était utile à l’Église. J’avais même accepté qu’il la dirigeât, qu’il se fît obéir des évêques, sans jamais consulter le pape Sylvestre, confiné et oublié dans la vieille Rome.
    C’était ainsi : jusqu’à ce que la mort le prît par la main, il garderait vivant en lui le païen qu’il avait été et qu’il était encore.
    Nous sommes rentrés au palais impérial en empruntant la Mesée, cette voie remplie d’une plèbe bruyante et colorée.
    La foule a acclamé Constantin, qui a paru indifférent, ne sursautant qu’à l’instant où une voix, dominant toutes les autres, a crié : « Vive l’empereur immortel ! »
    Je l’ai vu se tasser dans sa litière, laisser retomber son menton sur sa poitrine, comme s’il avait voulu montrer à son invisible compagne qu’il n’était en rien responsable du cri de cet inconnu, qu’il en reconnaissait la vanité, qu’il demandait à la mort de ne point s’irriter ni s’impatienter.
     
    Parvenu au palais impérial, il a paru tout à coup ragaillardi, convoquant les architectes, leur disant qu’ils devaient construire au plus vite, sur l’emplacement du temple païen, un mausolée dont les murs seraient revêtus de mosaïques, et qui comporterait douze stèles disposées en cercle, chacune pour un dieu ou un apôtre. Au centre, ils élèveraient un tombeau de porphyre pour accueillir…
    Il s’est interrompu. Son regard a parcouru l’assemblée qui, dans cette grande salle d’audience, l’écoutait.
    — Un mausolée, a-t-il repris, au centre duquel, entouré de ses douze stèles, reposera…
    Il s’est de nouveau interrompu comme s’il n’avait pas encore voulu admettre qu’il n’était qu’un mortel préparant sa propre sépulture.

 
     
37
    J’ai vu jour après jour la mort s’approcher de Constantin le Grand.
    Il tentait de la repousser, cherchant à recouvrer la vigueur et l’élan de sa jeunesse. Il partait à la tête des légions pour les provinces bordant le Danube. Près de lui chevauchait le porte-enseigne tenant droit le labarum , le signe de Christos. Il acceptait la dure vie des camps, quand la terre, même sous la large tente impériale, est gorgée d’eau et que la boue déborde des tapis les plus épais.
    Il remporta une nouvelle victoire contre les Goths, puis rentra à Constantinopolis.
    Arrivant par la Mesée, il s’arrêta devant les murs en construction de ce qui serait son mausolée. Et, tout à coup, il se voûta. La plèbe autour de lui l’acclamait, criait une nouvelle fois qu’il était l’immortel, et elle lançait des pierres

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