Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Dans le jardin de la bête

Dans le jardin de la bête

Titel: Dans le jardin de la bête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Erik LARSON
Vom Netzwerk:
en transmettant l’information, son informateur espérait empêcher que la réputation internationale déjà chancelante de l’Allemagne continue de se dégrader. Dodd pensait que cet informateur était Rudolf Diels.
    Lochner envisageait d’empêcher l’assassinat en rendant public le complot, mais il voulait d’abord consulter l’ambassadeur au cas où celui-ci estimait que les répercussions diplomatiques seraient trop graves. Dodd approuva mais consulta à son tour sir Eric Phipps, l’ambassadeur britannique, qui donna lui aussi son feu vert.
    Lochner soupesait tous les détails de l’exécution de son plan. Curieusement, l’idée d’éventer l’assassinat qui se préparait lui avait été suggérée par l’aide de camp Martin Sommerfeldt, attaché de presse de Göring, qui avait également appris que le meurtre se préparait. Sa source, selon ses propres dires, était Putzi Hanfstaengl, bien qu’il fût tout à fait possible que Hanfstaengl le tenait de Diels. Sommerfeldt avait confié à Lochner qu’il savait d’expérience qu’« il n’y avait qu’une seule façon de dissuader le général. Quand la presse étrangère affirme une chose à son sujet, il s’entête à faire le contraire ». Sommerfeldt proposa que Lochner attribue l’information à « une source sûre » et qu’il souligne que le meurtre aurait un « retentissement international considérable ». Néanmoins, Lochner se trouvait confronté à un dilemme. S’il publiait une dépêche aussi incendiaire par le biais de l’Associated Press, Göring risquait, sous l’effet de la colère, de vouloir fermer le bureau de presse de Berlin. Et il avait peu de temps. Il semblait nettement préférable, selon Lochner, de publier la nouvelle dans un journal britannique. Lui, Sommerfeldt et Hanfstaengl modifièrent leurs plans.
    Lochner savait qu’un reporter très inexpérimenté venait d’intégrer le bureau de Reuters à Berlin. Il l’invita à boire un verre à l’Hôtel Adlon, où Hanfstaengl et Sommerfeldt vinrent se joindre à eux. Le jeune homme se réjouit d’assister à cette rencontre apparemment fortuite de hauts fonctionnaires.
    Au bout de quelques instants, Lochner évoqua à Sommerfeldt le bruit qui courait concernant une menace contre Dimitrov. Sommerfeldt, conformément au plan, feignit la surprise : Lochner devait certainement se tromper, car Göring était un homme d’honneur et l’Allemagne, un pays civilisé.
    Le reporter de Reuters comprit qu’il tenait un scoop et demanda à Sommerfeldt l’autorisation de citer son démenti. Avec beaucoup de réticence, Sommerfeldt y consentit.
    L’employé de Reuters fila pour écrire son papier.
    En fin d’après-midi, la dépêche fut publiée dans la presse en Grande-Bretagne et Lochner en informa Dodd. Lochner lui montra également un télégramme adressé par Goebbels à la presse étrangère : celui-ci, en tant que porte-parole du gouvernement, niait l’existence d’un complot destiné à assassiner Dimitrov. Göring publia également un démenti, déclarant qu’il s’agissait d’une « rumeur ignoble ».
    Le 23 décembre, comme Lochner l’avait prévu, le président du tribunal dans le procès du Reichstag annonça le verdict : Dimitrov, Torgler, Popov et Tanev étaient acquittés, mais Van der Lubbe était déclaré coupable de « haute trahison, incendie insurrectionnel  16  et tentative d’incendie criminel ». La cour le condamna à mort, tout en indiquant – malgré quantité de témoignages du contraire – « que les complices de Van der Lubbe doivent être recherchés dans les rangs du Parti communiste, que le communisme est de ce fait coupable de l’incendie du Reichstag, que le peuple allemand se trouvait dans la première partie de l’année 1933 au bord du chaos dans lequel les communistes cherchaient à le précipiter, et que le peuple allemand a été sauvé in extremis  ».
    Toutefois, le sort ultérieur de Dimitrov restait incertain.
     
    Enfin, le jour de Noël arriva. Hitler était à Munich ; Göring, von Neurath et d’autres hauts fonctionnaires avaient également quitté Berlin. La ville était tranquille, réellement en paix. Les tramways faisaient penser à des jouets sous le sapin.
    À midi, tous les Dodd prirent la Chevrolet familiale pour aller faire une visite surprise aux Lochner. Louis Lochner écrivit dans une lettre collective à sa fille aux États-Unis : « Nous étions assis en train

Weitere Kostenlose Bücher