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Dans le jardin de la bête

Dans le jardin de la bête

Titel: Dans le jardin de la bête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Erik LARSON
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la sortie ? La situation à Berlin était suffisamment difficile sans ces supputations, fit remarquer Dodd à Phillips. « Je crois que von Neurath et ses collègues seraient extrêmement mécontents si ce rapport tombait entre leurs mains. »
    Phillips répondit avec son ton suffisant habituel : « Je ne puis imaginer qui a informé le Tribune  10  concernant votre éventuel congé au printemps prochain. Assurément, ce n’est pas à moi qu’on a posé la question… Une des grandes joies du monde journalistique est de lancer des ragots sur des démissions. À un certain moment, il nous arrive à tous de souffrir de cette phobie, et nous ne devons pas le prendre au sérieux. »
    En conclusion, Phillips notait que Messersmith, qui était alors en congé à Washington, était venu au Département. « Messersmith a passé quelques jours avec nous et nous avons eu quelques intéressantes discussions sur les divers aspects de la situation en Allemagne. »
    Dodd aurait eu un motif sérieux de s’inquiéter de ces dernières lignes. Au cours d’une de ces visites dans le bureau de Phillips, Messersmith lui avait fourni ce que Phillips décrivait dans son journal comme « un aperçu intime des conditions  11  à l’ambassade de Berlin ». À ce moment aussi, la question de Martha et de Bill avait été abordée. « Apparemment, écrivait Phillips, le fils et la fille de l’ambassadeur ne sont d’aucun secours à l’ambassade et ne sont que trop disposés à courir les night-clubs avec des Allemands d’une réputation douteuse ainsi qu’avec les journalistes. »
    Messersmith rencontra aussi Moffat et sa femme. Ils passèrent l’après-midi ensemble à discuter de l’Allemagne. « Nous l’avons examinée sous tous les angles »  12 , note Moffat dans son journal. Le lendemain, il déjeuna avec Messersmith et, quelques semaines plus tard, ils se retrouvèrent. Au cours d’une conversation, d’après le journal de Moffat, Messersmith déclara qu’il était « très inquiet des lettres  13  qu’il recevait de Dodd indiquant qu’il se retournait contre son personnel ».
    George Gordon, le conseiller qui était récemment parti, se trouvait en congé de longue durée aux États-Unis en même temps que Messersmith. Bien que les relations de Gordon avec Dodd eussent connu un début difficile, Dodd en était venu malgré lui à considérer ce dernier comme un atout. « Notre ami commun G.S.M.  14  [autrement dit Messersmith] a mené une campagne très active en faveur de sa candidature à la légation de Prague. » (Messersmith espérait depuis longtemps quitter ses fonctions pour devenir un diplomate à part entière ; à présent que l’ambassade de Prague était disponible, il voulait tenter sa chance.) Gordon nota qu’un torrent de lettres et d’éditoriaux témoignant de « l’excellent travail » de Messersmith avait commencé à arriver au Département. « J’ai reconnu quelque chose de familier, remarquait Gordon, quand j’ai entendu qu’il avait confié à l’un des hauts fonctionnaires qu’il était un peu gêné par tous les éloges que lui adressait la presse, parce qu’il n’aimait pas du tout ce genre de chose !!! »
    Et Gordon ajouta à la main : « Ô sancta virginitas simplicitasque. » (« Sainte candeur virginale ! »)
     
    Le vendredi 22 décembre, Dodd reçut la visite de Louis Lochner, qui était porteur de nouvelles inquiétantes. Cette visite n’était pas inhabituelle, car Dodd et le chef du bureau de l’Associated Press étaient devenus amis et se rencontraient souvent pour discuter des événements et échanger des informations. Un haut fonctionnaire de la hiérarchie nazie  15  avait fait savoir à Lochner que le lendemain matin, dans le cadre du procès du Reichstag, le juge allait prononcer son verdict et que tous les accusés seraient acquittés sauf Van der Lubbe. Cette nouvelle était stupéfiante et, si elle se confirmait, elle constituerait un coup sérieux au prestige du gouvernement de Hitler et un véritable camouflet pour Göring. Ce serait précisément le « procès bâclé » que celui-ci redoutait. Mais l’informateur de Lochner avait également appris que Göring, encore outré de l’impudence de Dimitrov pendant leur confrontation au tribunal, voulait maintenant la tête de ce dernier. Il serait éliminé peu après la fin du procès. Lochner refusait d’identifier sa source mais il dit à Dodd que,

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