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Dans le jardin de la bête

Dans le jardin de la bête

Titel: Dans le jardin de la bête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Erik LARSON
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exagérer ce genre de chose. »
    Il fut mis en examen, mais le 2 mars 1939, le jour de l’ouverture du procès, il décida de plaider coupable. Son ami le juge Moore était assis auprès de lui, de même que Martha. La cour le condamna à une amende de deux cent cinquante dollars, mais ne lui imposa pas une peine de prison, citant sa mauvaise santé et le fait qu’il avait payé mille cent dollars de frais médicaux pour l’enfant, qui avait, semble-t-il, presque totalement récupéré. On lui retira son permis de conduire et son droit de vote, une privation particulièrement pénible pour un aussi ardent défenseur de la démocratie.
    Ébranlé par l’accident, désillusionné par son expérience d’ambassadeur et épuisé par une santé déclinante, Dodd se retira dans sa ferme. Son état empira. On diagnostiqua qu’il était atteint d’un syndrome neurologique appelé paralysie bulbaire, une paralysie lente et progressive des muscles de la gorge. En juillet 1939, il fut admis au Mount Sinai Hospital à New York pour une intervention mineure à l’abdomen, mais, juste avant l’opération, il contracta une broncho-pneumonie, une complication fréquente dans ce type de maladie neurologique. Il tomba gravement malade. Alors qu’il était presque mourant, les nazis le brocardèrent de l’autre côté de l’Atlantique.
    Un article à la une de Der Angriff  14 , le journal de Goebbels, affirmait que Dodd se trouvait dans une « clinique juive ». Le titre annonçait : « Fin de William Dodd, fauteur de troubles anti-allemand notoire. »
    Le style de l’article dégageait une forme de méchanceté puérile typique de Der Angriff . « Le septuagénaire, qui fut l’un des diplomates les plus étranges qui ait jamais existé, est de retour dans le giron de ceux qu’il a servis pendant vingt ans : les activistes juifs fauteurs de guerre. » Le journal décrivait Dodd comme « un petit homme sec, nerveux, pédant […] dont la présence dans les rencontres diplomatiques et mondaines faisait inévitablement bâiller d’ennui ».
    Il signalait la campagne de Dodd pour mettre en garde contre les ambitions d’Hitler. « Après son retour aux États-Unis, Dodd s’est exprimé de la façon la plus irresponsable et la plus impudente sur le Reich allemand, dont les représentants, avec une générosité quasi surhumaine, ont fermé les yeux pendant quatre ans sur les affaires scandaleuses, faux pas et indiscrétions politiques aussi bien de sa part que de celle de sa famille. »
    Dodd ressortit de l’hôpital et se retira dans sa ferme, où il conservait l’espoir qu’il aurait le temps de finir les volumes restants de son Vieux Sud . Le gouverneur de Virginie lui restitua son droit de vote, expliquant que, au moment de l’accident, Dodd était « malade et pas entièrement responsable »  15 .
    En septembre 1939, les armées d’Hitler envahirent la Pologne, déclenchant la guerre en Europe. Le 18 septembre, Dodd écrivit à Roosevelt qu’on aurait pu l’éviter si « Les démocraties européennes » avaient simplement agi de concert pour arrêter Hitler, comme il l’avait toujours prôné. « Si elles avaient coopéré  16 , écrit-il, elles y seraient arrivées. À présent, il est trop tard. »
    À l’automne, Dodd était grabataire  17 , ne pouvant plus communiquer qu’avec un calepin et un crayon. Il végéta pendant plusieurs mois, jusqu’au début de février 1940, où il eut une nouvelle pneumonie. Il mourut dans son lit à Round Hill le 9 février 1940 à quinze heures dix, avec Martha et Bill à son chevet, laissant inachevée l’œuvre de sa vie, son Vieux Sud . Il fut enterré  18  deux jours plus tard dans son domaine, Carl Sandburg faisant partie de ceux qui portaient le cercueil.
    Cinq ans plus tard  19 , lors de l’assaut final sur Berlin, un obus russe tomba pile sur une écurie à l’extrémité ouest du Tiergarten. Le Kurfürstendamm, qui avait été une des principales artères commerçantes et un des lieux de promenade privilégiés de la capitale, fut le théâtre d’une scène extrêmement macabre : les chevaux, ces créatures choyées de l’Allemagne nazie, se ruèrent dans la rue, la crinière et la queue en feu.
     
    Le jugement des Américains sur l’œuvre de leur ambassadeur semble dépendre en grande partie de quel côté de l’Atlantique ils se trouvaient à l’époque.
    Pour les isolationnistes, c’était

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