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Dans le jardin de la bête

Dans le jardin de la bête

Titel: Dans le jardin de la bête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Erik LARSON
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séjour.
    Pendant son voyage en Suisse, Wise assista à la Conférence juive mondiale à Genève, où il introduisit une résolution qui appelait au boycott mondial du commerce allemand. La résolution fut votée.
     
    Wise aurait été réconforté d’apprendre que le consul général envisageait les événements d’une manière beaucoup plus sombre que Dodd. Alors que Messersmith reconnaissait que les cas de violence brutale contre les Juifs avaient radicalement diminué, il constatait que ceux-ci avaient été remplacés par une forme de persécution infiniment plus insidieuse et généralisée. « En bref, on peut dire  25  que la situation des Juifs à tous égards, à l’exception de leur sécurité personnelle, ne cesse de s’aggraver, que les restrictions deviennent en réalité tous les jours plus sévères dans la pratique et que des nouvelles restrictions ne cessent de s’y ajouter », rapportait-il dans une dépêche au Département d’État.
    Il citait plusieurs faits nouveaux. Les dentistes juifs avaient à présent l’interdiction de soigner des patients selon le système de l’assurance sociale allemande, rappelant ce qui était arrivé aux médecins juifs plus tôt dans l’année. Un nouveau « bureau de la mode allemand » venait d’exclure les couturiers juifs d’un prochain défilé de mode. Les Juifs et quiconque ayant ne serait-ce qu’une apparence non aryenne se voyaient interdire l’entrée dans la police. Et les Juifs, ajoutait Messersmith, étaient désormais bannis officiellement de la plage de Wannsee.
    Des persécutions encore plus systématiques s’annonçaient, poursuivait le consul général. Il avait appris qu’il existait un projet de loi visant à priver les Juifs de leur nationalité et de tous leurs droits civiques. Les Juifs allemands « considèrent que cette loi en préparation est le coup moral le plus grave qui puisse leur être porté. Ils sont désormais privés de presque tous les moyens de gagner leur vie et comprennent que la nouvelle loi sur la nationalité va les priver de presque tous leurs droits civiques ».
    La seule raison pour laquelle la loi n’était pas encore passée, comme l’avait appris Messersmith, c’était que, pour le moment, ceux qui l’avaient concoctée craignaient « La réaction défavorable qu’elle susciterait à l’étranger ». Le projet circulait depuis neuf semaines et cela incita Messersmith à terminer sa dépêche sur un vœu pieux : « Le fait que la loi ait été à l’étude si longtemps, écrivit-il, montre peut-être que sous sa forme finale elle sera moins radicale que celle envisagée jusqu’ici. »
     
    Dans une lettre du 12 août à Roosevelt, Dodd réitéra sa volonté de faire preuve d’objectivité et de compréhension, lettre dans laquelle il précisait que s’il n’approuvait pas la façon dont l’Allemagne traitait les Juifs ou l’effort d’Hitler pour restaurer la puissance militaire du pays, « fondamentalement, je pense  26  qu’un peuple a le droit de se gouverner et que les autres peuples doivent faire preuve de patience même quand des cruautés et des injustices sont commises. Il faut donner aux hommes la chance d’appliquer leurs idées ».

10
    L E 27 A
T IERGARTENSTRASSE
    M artha et sa mère se mirent en devoir de trouver une maison à louer pour la famille, afin de pouvoir quitter l’Esplanade – échapper à son opulence, du point de vue de Dodd – et mener une existence plus stable. Pendant ce temps, Bill Jr s’était inscrit en doctorat à l’université de Berlin. Pour améliorer son allemand aussi vite que possible, il logerait pendant la semaine dans la famille d’un professeur.
    La question de l’hébergement de l’ambassadeur américain à Berlin avait longtemps été une source d’embarras. Quelques années plus tôt, le Département d’État avait fait l’acquisition d’une somptueuse demeure, le palais Blücher, sur la Pariser Platz près de la porte de Brandebourg, qu’il avait restauré pour servir de résidence à l’ambassadeur américain et héberger dans un même lieu les services diplomatiques et consulaires dispersés dans la ville, et du même coup rapprocher physiquement les États-Unis de la Grande-Bretagne et de la France, dont les ambassades étaient depuis longtemps confortablement établies dans des palais majestueux autour de la place. Cependant, juste avant que Frederic Sackett, le prédécesseur de

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