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Dans le jardin de la bête

Dans le jardin de la bête

Titel: Dans le jardin de la bête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Erik LARSON
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suffisamment obtus pour ne pas comprendre, ce dimanche matin, le Völkischer Beobachter , le journal du Parti, publiait cette déclaration : « Afin d’être toujours plus clairs  6 , nous devons le répéter à nouveau. Celui qui ne se joint pas à nous aujourd’hui, celui qui ne vote pas ou ne vote pas “oui” aujourd’hui montrera qu’il est, sinon notre ennemi juré, du moins un élément destructeur et qu’on ne peut plus rien pour lui. »
    Et la cerise sur le gâteau : « Il vaudrait mieux pour lui ainsi que pour nous qu’il n’existe plus. »
    Quelque 45 100 000 Allemands  7  étaient habilités à voter et 96,5 % obtempérèrent. Là-dessus, 95,1 % des suffrages se prononcèrent en faveur de la politique étrangère de Hitler. Plus intéressant, cependant, 2,1 millions d’Allemands – presque 5 % de l’électorat inscrit – prirent le risque de voter non.
    Hitler publia par la suite une déclaration afin de remercier le peuple allemand pour son « engagement historique  8  en faveur d’un véritable amour de la paix, tout en proclamant son honneur et nos droits éternels à l’égalité ».
    Le résultat fut acquis pour Dodd bien avant le décompte des votes. « Ces élections sont une farce »  9 , fit-il savoir à Roosevelt.
    Rien n’indiquait cela plus clairement  10  que le vote à l’intérieur du camp de Dachau : 2 154 prisonniers sur 2 242 – 96 % – avaient plébiscité le gouvernement de Hitler. Sur le sort des quatre-vingt-huit personnes qui refusèrent de voter ou votèrent non, l’histoire est muette.
     
    Le lundi 13 novembre, le président Roosevelt prit quelques instants pour rédiger une lettre à Dodd. Il le remercia pour ses précédents courriers et, faisant apparemment allusion aux inquiétudes de Dodd après son entrevue avec Hitler, il confia à l’ambassadeur : « Je suis content  11  que vous ayez été franc avec certaines personnes. Je crois que c’est une bonne chose. »
    Il médita sur une observation du chroniqueur Walter Lippmann selon lequel seulement 8 % de la population mondiale, autrement dit l’Allemagne et le Japon, étaient capables, « en raison d’une attitude impérialiste », de menacer la paix et le désarmement pour le reste du monde.
    « J’ai parfois l’impression, remarqua le président, que les problèmes du monde empirent au lieu de s’améliorer. Dans notre pays, toutefois, en dépit des critiques sournoises, du “resquillage” et des grognements de l’extrême droite et de l’extrême gauche, nous remettons réellement les gens au travail et élevons les valeurs. »
    Il concluait par un jovial : « Continuez votre bon travail ! »
     
    À Washington, le secrétaire Hull et d’autres hauts fonctionnaires, dont le sous-secrétaire Phillips, passèrent la première moitié du mois à organiser la visite imminente de Maxime Litvinov, le commissaire soviétique aux Affaires étrangères, qui devait commencer par des discussions avec Roosevelt en vue de la reconnaissance de l’Union soviétique par les États-Unis. L’idée était profondément impopulaire auprès des isolationnistes américains, mais Roosevelt y voyait des avantages stratégiques importants : la Russie pourrait s’ouvrir aux investissements américains et aiderait à contenir les ambitions japonaises en Asie. Les « entretiens Roosevelt-Litvinov », souvent ardus et contrariants pour les deux parties, aboutirent finalement à la proclamation par Roosevelt de la reconnaissance officielle de l’URSS le 16 novembre 1933.
    Une semaine plus tard, Dodd remit sa redingote et son « tuyau de poêle » et fit sa première visite officielle à l’ambassade soviétique. Un photographe de l’Associated Press demanda de pouvoir prendre Dodd debout auprès de son homologue soviétique. Le Russe y était disposé, mais Dodd s’excusa, craignant « que certains journaux réactionnaires  12  aux États-Unis n’exagèrent le fait de ma visite et ne réitèrent leurs attaques contre Roosevelt en raison de cette reconnaissance ».

25
    L ES SECRETS
DE B ORIS
    D ésormais, Martha et Boris se sentaient plus libres de révéler au monde leur relation, même s’ils savaient l’un et l’autre que la discrétion était toujours de mise, étant donné la désapprobation persistante des supérieurs de Boris et des parents de Martha. Leur liaison devenait de plus en plus sérieuse, malgré les efforts de

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