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Délivrez-nous du mal

Délivrez-nous du mal

Titel: Délivrez-nous du mal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Romain Sardou
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plusieurs mois avant de relever un cas qui l’intrigua :
    Concha Hermandad.
    Elle ne faisait pas partie des enfants trouvés mais des démentes enfermées à l’hospice.
    Elle était dénommée la « Vierge d’Aragon Miraculeuse ».
    Aba interrogea le chanoine à son sujet.
    Il apprit qu’il s’agissait d’une jeune religieuse venue du royaume d’Aragon dans un convoi qui fut dévasté par des pillards non loin de Roncevaux. Elle réchappa seule du terrible assaut et s’enfuit sur les routes.
    La malheureuse devint alors le point de mire de tous les hommes malveillants qu’elle croisait en chemin. Plus d’une douzaine de fois, elle se vit enlevée, séquestrée et frappée avant d’être violée.
    Seulement, et c’est là que la curiosité du père Aba naissait, tout homme qui la dénudait et s’apprêtait à briser sa virginité tombait mort dans l’instant !
    À chaque tentative de viol, une force supérieure gardait intacte la fleur de Concha Hermandad. Ses violeurs étaient frappés par le Ciel. Mais ce fut au prix de la raison de la jeune fille ; affolée qu’elle était par ces corps robustes qui expiraient entre ses jambes… Elle fut recueillie à l’hospice de Toulouse, murée dans le silence, se déclarant seulement pourchassée par des hordes de revenants qui en voulaient à sa virginité.
    Devant l’incroyable portée de ce prodige, le supérieur de l’hospice diligenta une enquête : trois hommes, témoins d’un viol, confirmèrent les dires extraordinaires de Concha.
    Peu de temps après, l’histoire de la « Vierge d’Aragon Miraculeuse » commença de circuler.
    Les officiers d’un grand seigneur vinrent un beau jour demander que sœur Hermandad leur soit remise. Le supérieur, qui avait pris Concha en affection et savait sa fragilité mentale, s’opposa aux exigences du seigneur.
    Deux mois plus tard, un ordre exprès émanant du recteur et de l’archevêque d’Ancône sommait le supérieur de remettre la vierge à une délégation de religieux dépêchée pour l’occasion jusqu’à Toulouse.
    — L’ordre était formel, expliqua le chanoine à Aba. Contresigné par l’évêque de Toulouse. Concha devait rejoindre un monastère situé sur le diocèse d’Ancône dans les États pontificaux afin d’être soignée. Notre supérieur ne pouvait s’y opposer. Il leur a cédé la jeune fille.
    — À quoi ressemblaient ceux qui sont venus la chercher ?
    — Des religieux d’Italie. Ils étaient nombreux et ne manquaient pas de pompe.
    « Un monastère près d’Ancône ? »
    Aba demanda si le frère avait le souvenir d’un autre cas à l’hospice qui, comme celui de Concha, impliquait des miracles, des dons particuliers, des prodiges ? Des cas d’enfants, peut-être ?
    Le frère répondit que non :
    — Nous n’avons jamais rien rencontré d’aussi étrange que l’histoire de cette jeune fille !
    — Des nouvelles depuis son départ ?
    — Aucune.
    Le père Aba remercia le frère pour son temps et sa sollicitude et quitta l’hospice.
    Il rentra songeur à son auberge.
    « Il n’y a pas de lien apparent entre cette Concha Hermandad et Perrot, et les autres enfants !…»
    Le prêtre se demandait toujours pour quelle raison il se produisait autant de prodiges et de miracles dans cette région depuis quelque temps.
    Il n’avait pas oublié la phrase de Jeanne Quimpoix :
    « Voilà l’un des nombreux mystères qu’il vous reste à lever. »

C HAPITRE 0 7
    La nuit venue, Marteen sortit du palais de Rasmussen via Nomentana, vêtu d’un manteau et d’un capuchon qui le couvraient des pieds à la tête.
    L’homme avait dans l’idée de visiter des lieux chers aux noctambules et aux débauchés romains avant son départ le lendemain.
    Il débuta sa tournée d’adieux par La Poupée Violette, un bouge où le vin était gratis pour qui payait les faveurs de deux filles galantes. L’endroit était l’un des plus mal fréquentés de la ville. On ne trouvait jamais à s’asseoir ni à rester debout sans être bousculé par des ivrognes ou des femmes le bouton des seins à l’air.
    À l’étage inférieur se tenaient les cuveaux d’étuve et les bains glacés où les deux sexes venaient se faire étriller avant de se grouper dans des lits. Les « servantes » de l’auberge se reconnaissaient à leurs longs cheveux dénoués, ostensiblement déployés sur les épaules. Des chambres garnies de lits matelassés de bourre de roseaux

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