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Délivrez-nous du mal

Délivrez-nous du mal

Titel: Délivrez-nous du mal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Romain Sardou
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pénétrèrent par une lucarne laissée ouverte sous les toits.
    L’intérêt de ces ateliers était que le feu de leurs fourneaux n’était jamais éteint, car le rallumer au matin requérait plus de bois que son maintien à bas régime pendant la nuit. Il y régnait une chaleur bienvenue en hiver.
    Les deux hommes s’engouffrèrent derrière les réserves de sable et de plomb et choisirent un endroit où ils pourraient parler tout en échappant à l’apprenti qui passait de temps à autre surveiller les fours.
    Marteen essayait de se réchauffer les mains et les pieds en les frictionnant.
    — Comment m’avez-vous trouvé ? répéta-t-il à voix basse.
    Bénédict sourit et dit :
    — Je suis sorti peu après vous de La Main de Catherine Belle. Les quatre brigands avaient dû voir dans la taverne la bourse que vous agitiez avec une certaine inconscience. Ils ont attendu l’heure et l’endroit pour fondre sur vous. Ensuite, je n’ai fait que détourner leur attention à l’aide d’une fronde.
    Il lui montra son imposante arme normande.
    — Vous avez accompli le plus important en trouvant le cran pour leur échapper.
    — Dieu vous bénisse, l’ami ! À la charge d’autant. Je quitte Rome demain, comment vous revaloir la faveur ? Qui êtes-vous ?
    Gui hocha la tête.
    — Disons que je suis un de ces hommes qui a coutume de mériter son boire et son manger en assouvissant la curiosité de certains…
    Marteen sourit.
    — Je vois. Un indicateur. Je connais les gens de votre sorte… Rome ne serait rien sans son réseau d’espions et d’informateurs, je suis bien placé pour le savoir. Interrogez, je répondrai autant que je le puis, si cela peut faire votre fortune.
    Bénédict approuva le marché :
    — Je vous ai entendu vous plaindre de devoir retourner dans le comté de Flandre auprès de Karen Rasmussen. Son frère, le cardinal, a-t-il succombé à un accident, comme le prétend la police ? Ou a-t-il été assassiné, comme le murmure la voix publique ?
    Marteen eut un doute, puis il se dit que ces questions n’avaient rien d’extraordinaire puisque toute la ville en parlait depuis deux jours :
    — Il a bel et bien été tué d’un coup d’épée, concéda-t-il. Cela est d’ailleurs extraordinaire, car à ma connaissance, il n’existait pas d’homme à Rome qui se souciât davantage de sa sécurité que mon maître Rasmussen. Pas même le pape. Le cardinal se savait cerné d’ennemis, disposés à tout pour se débarrasser de lui. Ni le fer ni le poison ne pouvaient l’atteindre. Et pourtant… Avant de mourir il a trouvé la force de blesser à mort son assaillant : un mercenaire vêtu de noir qu’on a retrouvé étendu près de son corps.
    — A-t-on une idée du commanditaire ?
    Marteen fronça les sourcils :
    — Lorsque j’ai assisté à la procession des hauts personnages venus au palais honorer sa dépouille, j’étais persuadé que l’un d’eux était le responsable de la mort. Les intrigues du Latran sont abominables…
    Il dressa un index pour appuyer son propos :
    — La sœur de Rasmussen elle aussi en est convaincue. D’où la hâte qu’elle met à notre départ : elle veut fuir Rome et ses complots !
    Bénédict attendit le départ du garçon des fourneaux, entré depuis peu, pour murmurer :
    — Pourquoi Rasmussen comptait-il de si nombreux ennemis ? Qu’est-ce qui l’incitait à se protéger autant ?
    Marteen soupira :
    — D’abord, Henrik Rasmussen était l’adversaire le plus farouche du chancelier Artémidore de Broca.
    On sait bien que celui qui brave l’autorité de Broca peut tout redouter, y compris de perdre la vie. Malgré quoi Rasmussen siégeait à la Sacrée Congrégation ; un collège qui statue sur les suppliques de nouveaux saints. Imaginez qu’en trente ans, il a dû faire échouer plus de deux cents candidatures de serviteurs de Dieu !
    — Cela ne devait pas plaire à tout le monde…
    Marteen acquiesça :
    — Ces candidatures étaient défendues par des prélats, des princes, des villes et des villages tout entiers ! Rasmussen recevait des lettres d’intimidation. Des cabales étaient montées pour ruiner sa réputation, on a essayé de le corrompre. En vain. Il ne restait qu’à l’éliminer…
    Bénédict n’était pas surpris. Les indications fournies par le père Cecchilleli sur Rasmussen le désignaient comme un homme inexorable et accroché à son poste de Promoteur de Justice.
    Il porta

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