Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Délivrez-nous du mal

Délivrez-nous du mal

Titel: Délivrez-nous du mal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Romain Sardou
Vom Netzwerk:
L’assassinat, et surtout l’acharnement de la curie à faire accroire en ville qu’il s’agit d’un accident n’ont fait qu’attiser son dégoût. Et songez qu’elle m’emporte avec elle !…
    Bénédict comprit que le Flamand allait revenir à sa chanson. Après l’avoir subie huit fois au cours de la nuit, il estima qu’il était temps de se séparer.
    Il l’invita à suivre un détour par le sud de la ville jusqu’au prochain pont afin d’éviter de retomber entre les mains de ses agresseurs.
    Lui-même reprit le pont Sublicius qui les avait sauvés.
    Rendu sur la rive opposée du Tibre, il lança un signe de remerciement à ses amis installés sur la berge.
    Les Laveurs s’étaient admirablement chargés du cas du pauvre Marteen…

C HAPITRE 0 8
    À Toulouse, le père Aba se rendit rue des Acacias dans la fabrique d’un certain Souletin, taillandier et armurier célèbre qui avait fait fortune en fourbissant les armes des cathares et des catholiques.
    Le père Aba emportait avec lui l’épée qui avait servi pour tuer le petit Maurin.
    « Si ce modèle de lame courte est répertorié, si elle a été façonnée pour le compte d’un régiment ou d’une garde seigneuriale, j’ai bon espoir de l’apprendre ici. »
    La forge se situait dans l’ancien hangar d’un tailleur de pierre. Aba dut patienter une heure parmi les fourneaux et le fracas du martèlement des artisans sur les enclumes. Il aperçut des grappes d’enfants qui couraient chargés de bois et de bottes de paille pour alimenter les flammes. D’autres se tenaient en équilibre sur des soufflets géants qu’ils activaient de leur poids. Le prêtre se dit que certains d’entre eux avaient dû être placés ici comme apprentis par l’hospice des enfants trouvés de la rue du Guet.
    Il fut enfin introduit dans le bureau du propriétaire des lieux. Maître Souletin était un petit homme d’une soixantaine d’années aux mains et au visage constellés de marques de brûlures. Son manteau de velours et son collier d’argent disaient l’ampleur de sa réussite. Les murs de son cabinet étaient ornés d’épées, de sabres, de lances et de guisarmes mais aussi d’outils tranchants pour le travail des champs.
    Le père Aba lui présenta son arme.
    Souletin la saisit et fut surpris par sa légèreté.
    — Elle est maniable, la préhension est excellente, la taille un peu courte, mais les quillons sont droits et la poignée est annelée comme il convient.
    Il l’ausculta de près.
    — Toutefois le fil est irrégulier et piqué. Le métal doit être impur ; les bandes bombées servant au vif vont à l'encontre des lois léguées par les Normands.
    Il haussa les épaules :
    — Cette épée ne m’évoque rien. Je pencherais pour une arme de pacotille ; elle ne respecte aucune des règles, sans doute par manque de temps et de moyens. Vous permettez ?
    Il posa l’épée à plat, son extrémité retenue sur un étai, puis assena un puissant coup du plat de la main. Alors qu’il s’attendait à ce qu’elle se courbe, la lame ne se déforma pas d’un millimètre. Il renouvela son coup. Rien.
    Surpris et vexé que son pronostic ne fût pas vérifié, Souletin s’exclama :
    — La voilà aussi raide qu’un brand d’arçon !
    — Que doit-on en conclure ? demanda Aba.
    L’armurier inspecta le pommeau et la base de la lame à l’entrée de la garde.
    — Il n’y a aucun poinçon. Ce n’est donc pas une arme forgée par un atelier fameux…
    Il leva à nouveau la fine épée dans les airs. Le père Aba le sentait de plus en plus admiratif.
    — Pour marier une telle légèreté à une telle résistance, reprit-il, il aura fallu des connaissances nouvelles et beaucoup d’argent. Dans notre profession, on n’innove pas à vil prix. Je donnerais cher pour connaître le maître à l’origine de cette prouesse ! Comment vous l’êtes-vous procurée ?
    — Des mains d’une bande de mercenaires.
    Souletin fronça les sourcils.
    — M’est avis que ces reîtres ne sont pas à la solde de n’importe qui. Un grand seigneur, un roi, ou même l’Église.
    — L’Église ?
    — Depuis deux siècles qu’elle poursuit les rebelles hérétiques, nous lui sommes redevables de quelques précieuses nouveautés. N’ayant pas d’armée en titre, lorsqu’un seigneur lui refuse le concours de ses soldats, elle est contrainte d’enrôler des hordes de mercenaires et de les armer.
    Souletin fit appeler trois de ses

Weitere Kostenlose Bücher