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Dernier acte à Palmyre

Dernier acte à Palmyre

Titel: Dernier acte à Palmyre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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je ne vous citerai pas de noms. Et pas question de discuter non plus des missions que j’ai accomplies, ça m’est interdit. J’ai subi un entraînement dans des disciplines qu’il vaut mieux ne pas mentionner. Soyez sûrs cependant que si vous restez, je resterai aussi, et je prendrai vos intérêts à cœur…
    J’étais devenu fou. Je disais encore plus de bêtises que la veille, sous l’emprise de la boisson. Assurer leur sécurité à tous ne constituait pas le vrai problème. Ce qui me troublait, c’était de devoir expliquer à Helena que j’avais offert ma protection personnelle à deux femmes aussi délurées que Plancina et Afrania.

38
    Musiciens et machinistes restèrent au sein de la troupe et continuèrent à travailler normalement. Nous offrîmes donc Les Oiseaux à Scythopolis. En retour, Scythopolis nous gratifia d’une véritable ovation.
    Pour des Grecs, ils étaient étonnamment tolérants.
     
    Ils disposaient d’un théâtre intéressant, doté d’une fosse d’orchestre semi-circulaire où l’on descendait par un escalier. Si Chremes avait choisi une pièce romaine, nous n’aurions pas eu besoin de l’utiliser, mais il s’agissait d’une œuvre grecque nécessitant un chœur important – en outre, il avait décidé qu’une volée d’oiseaux allait en jaillir pour se disperser dans le public. Les marches raides de l’escalier rendaient la vie difficile à des gens engoncés dans des costumes rembourrés, le visage dissimulé sous un masque pourvu d’un long bec, et dont les chaussures s’agrémentaient d’énormes ergots.
    Pendant que nous occupions les lieux pour répéter, un vendeur roublard essayait de convaincre un édile de dépenser une fortune pour faire installer un système – à base de plaques de bronze fixées sur les murs – pour améliorer l’acoustique. L’architecte du théâtre fit judicieusement remarquer qu’il avait déjà prévu sept niches ovales qui conviendraient parfaitement. Il était visiblement de mèche avec le vendeur qui lui donnerait une bonne commission si jamais il remportait ce marché.
    Nous essayâmes le matériel – installé d’une façon provisoire – à coups de piaillements divers, et franchement, je ne constatai aucune différence. L’acoustique de la plupart des théâtres grecs étant parfaite, ce ne fut pas pour moi une grosse surprise. Plus tard dans la soirée, les contribuables de Scythopolis se laissèrent aller en arrière sur leurs sièges et se déclarèrent très satisfaits des couronnes qui ornaient actuellement les niches. L’architecte faisait grise mine.
    Même si je savais par Congrio que Chremes avait déjà donné cette pièce, je me demandais pourquoi il ne s’en était pas tenu à son répertoire habituel. Avec Aristophane, nous faisions un bond de quatre cents ans en arrière. Mais j’en étais très satisfait. Sans doute parce qu’on dit que les vieilles plaisanteries sont les meilleures. Moi j’aime qu’une œuvre ait du mordant. Je veux dire par là, en bon républicain, qu’elle soulève une question politique. Les Vieilles Comédies possédaient justement cette qualité, et ce changement était le bienvenu. Je trouvais les Nouvelles Comédies ineptes, et j’en avais vraiment assez d’assister à des pièces aux intrigues sans intérêt, plaçant des personnages dépourvus de toute épaisseur dans des situations macabres se déroulant toutes dans une rue provinciale. Si je m’étais intéressé à ce genre de dialogue, j’aurais pu rentrer chez moi et écouter les conversations de mes voisins à travers les murs.
    Les Oiseaux étaient une œuvre célèbre. Pendant la répétition, Tranio, qui avait toujours une anecdote toute prête, nous dit :
    — Pas mal, hein ? Surtout quand on sait que cette pièce n’a remporté que le deuxième prix lors du festival pour lequel elle a été écrite.
    — Frimeur, Tranio ! le raillai-je. Dans quelles archives as-tu trouvé ça ?
    — Et sais-tu quelle œuvre a remporté le premier prix ? demanda Helena.
    — Une fadaise intitulée Les Fêtards dont personne n’a plus jamais entendu parler.
    — Ça devrait pourtant être drôle. Il y a justement une personne dans ma tente qui a joué les fêtards récemment.
    — Les Oiseaux sont une œuvre moins obscène que certaines autres pièces d’Aristophane, poursuivit Tranio. Un jour, j’ai eu l’occasion d’assister à une représentation de La Paix. C’est rarement donné, évidemment, parce

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