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Dernier acte à Palmyre

Dernier acte à Palmyre

Titel: Dernier acte à Palmyre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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qu’on est toujours en guerre. Il y a deux rôles de femmes débauchées pour des actrices ayant de jolis culs. Il y en a une qu’on déshabille en scène, puis on la place sur un homme au centre de la première rangée. Ensuite, elle passe de genoux en genoux pour réconforter tous les hommes pendant la durée de la pièce.
    — Quelle horreur ! m’écriai-je, faussement choqué.
    Tranio fit la moue.
    — Si tu trouves que c’est mieux de représenter Hercule comme un glouton qui distribue des recettes de cuisine.
    — Non, admit Helena. Mais ce ne sont pas des recettes de cuisine qui nous feront chasser d’une ville pour encouragement à la débauche.
    Elle ne se départait jamais de son esprit pratique. Ayant été en partie éduquée par les tuteurs de ses frères, pendant le temps que ces derniers passaient sur les champs de courses, elle avait eu l’occasion de lire Les Oiseaux. Le reste de ses connaissances, elle l’avait puisé dans les manuscrits qu’elle parvenait à soustraire aux bibliothèques de divers membres de sa riche famille – auxquels s’ajoutèrent ensuite les parchemins en mauvais état que je gardais sous mon propre lit. Comme elle n’avait jamais fait partie des femmes de sénateurs qui allaient admirer de trop près les gladiateurs et participer à des orgies, elle avait utilisé le plus clair de son temps à lire à la maison. C’est du moins ce qu’elle m’avait raconté.
    Pendant que je cuvais, elle avait accompli un excellent travail. Pour une fois, Chremes l’accepta sans demander aucun changement. Il ajouta même que j’avais enfin compris en quoi consistait ma tâche.
    — Tu as fait vite, la complimentai-je.
    — Oh ! c’était facile.
    — Ne laisse pas ce succès te monter à la tête. L’idée que tu es devenue une intellectuelle ne me plairait pas du tout.
    — Désolée. J’avais oublié que tu détestes les femmes cultivées.
    — Ne t’inquiète pas pour ça. Je suis prêt à faire une exception.
    — Oh ! merci beaucoup !
    — De rien. Tout de même, je ne pensais pas finir dans le lit d’une dévoreuse de parchemins qui connaissait la notoriété des Oiseaux. Je suppose que ça chatouille la mémoire à cause des plumes. Un peu comme quand on pense aux philosophes grecs, et que tout ce qu’on parvient à se rappeler est le premier principe de Pythagore qui dit que personne ne devrait manger de haricots.
    — Tu t’intéresses donc à la philosophie, maintenant ? sourit-elle.
    — Oh ! si je veux, je peux parler des philosophes aussi bien que n’importe quel raseur lors d’un banquet. Mon préféré est Bias, qui a inventé la devise des détectives privés.
    — « Tous les Hommes sont mauvais ! » cita Helena Justina. (Elle n’avait pas seulement lu les auteurs dramatiques, elle connaissait aussi ses philosophes sur le bout des doigts.) En principe, tout le monde doit jouer un oiseau dans le chœur, Marcus. Qu’est-ce que Chremes t’a demandé de faire ?
    — Écoute, ma chérie, quand je ferai mes débuts sur scène, je veux que ce soit dans un rôle dont nos petits-enfants parleront encore. Je serai un héros tragique qui entrera par la porte principale ! Pas question pour moi de sautiller affublé d’une paire d’ailes.
    Elle se mit à glousser.
    — Oh ! tu as tort, parvint-elle à dire. Cette pièce a été écrite pour un grand festival. Il faut vingt-quatre personnes dans le chœur, et ça signifie que tout le monde doit y participer.
    — Sauf moi ! dis-je en secouant énergiquement la tête.
    Helena Justina était une jeune femme intelligente. En outre, étant l’adaptatrice, elle était la seule personne de notre groupe à avoir lu l’œuvre en entier. Les autres s’étaient contentés de la parcourir pour chercher leurs rôles. Soupçonnant celui que Chremes avait en tête pour moi, elle fut prise d’un irrésistible fou rire.
    Musa, aussi silencieux que d’habitude, paraissait déconcerté par notre attitude – mais pas aussi déconcerté que quand Helena lui apprit qu’il allait devoir incarner une rousserolle, ou fauvette des roseaux.
     
    Qu’est-ce qu’on m’avait réservé ? Le personnage du détective privé, bien entendu.
    Lors de notre représentation, les deux humains qui fuient Athènes – dégoûtés par les dissensions politiques, le procès qui s’ensuit et les lourdes amendes qu’on leur inflige – étaient joués par le beau Philocrates et le robuste Davos. Philocrates s’était bien sûr approprié le

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