Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Dernier acte à Palmyre

Dernier acte à Palmyre

Titel: Dernier acte à Palmyre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
Vom Netzwerk:
apportée à Chremes et Phrygia, je souhaitais moi-même soulager ma vessie. Je le saluai donc et vins m’installer à côté de lui pour l’aider à arroser son arbre.
    — Je suis très impressionné par ton Hercule.
    — Attends plutôt de voir mon Zeus !
    — Pas dans la même pièce ?
    — Non, non. Mais quand Chremes se met à penser aux dieux qui batifolent, il nous impose en général toute la série.
    Une lune immense s’était levée. La lune syrienne me paraissait beaucoup plus grande que celle de Rome, et les étoiles syriennes bien plus nombreuses. Cette impression, s’ajoutant au vent qui chuintait en permanence autour d’Abila, me donnait le sentiment d’être égaré dans un pays très lointain. Pour n’y plus penser, je poursuivis la conversation avec Davos.
    — J’arrive de souper avec notre si sociable acteur-directeur et son adorable épouse.
    — En général, ils savent recevoir.
    — Merveilleusement, oui… Ils font ça souvent ?
    Davos éclata de rire. C’était un homme aux goûts simples.
    — Seulement pour la bonne couche de la société !
    — Ah ! C’est la première fois qu’ils m’invitent… D’après toi, j’ai grimpé d’un échelon dans le monde, ou je devais d’abord faire oublier la réputation de mon prédécesseur ?
    — Tout ce que je peux te dire à ce sujet, c’est qu’Heliodorus avait été invité une fois. Mais il a rapidement perdu son privilège. Phrygia a eu tôt fait de le cataloguer.
    — Quand il lui a parlé de son enfant ?
    En m’entendant mentionner ce secret qui n’en était pas un, le comédien me jeta un regard perçant avant de déclarer : — Elle est idiote de continuer à chercher !
    J’étais assez d’accord avec lui.
    — L’enfant est probablement mort, et sinon, il ne voudrait peut-être même pas entendre parler d’elle.
    Davos ne fit aucun commentaire.
    Comme nous avions terminé l’arrosage, nous rajustâmes nos ceintures avant d’y glisser négligemment nos pouces pour regagner le chemin. Un machiniste qui passait par là nous aperçut et devina très certainement ce à quoi nous nous étions occupés. En tout cas, il n’eut rien de plus pressé que de nous imiter. Il disparut derrière la première tente, à la recherche d’un arbre. Nous venions de lancer une mode.
    Davos et moi attendîmes en silence pour voir ce qui allait se passer. La tente était occupée, et dans le silence de la nuit, quelqu’un en train de pisser bruyamment contre un arbre ne passe pas inaperçu. De fait, une voix étouffée ne tarda pas à protester. Le machiniste se hâta de se fondre dans l’obscurité. Et ce fut de nouveau le silence.
    Nous nous tenions immobiles sur le sentier. La brise continuait de nous envelopper et faisait parfois claquer l’ouverture d’une tente. Quelque part dans la cité, un chien gémissait d’une façon lugubre. Davos n’était pas bavard, mais nous étions deux hommes éprouvant un certain respect l’un pour l’autre, n’ayant pas sommeil, et qui venaient de se rencontrer par hasard. Nous entamâmes donc calmement une conversation qui, en d’autres circonstances, se fut avérée impossible.
    — J’essaie toujours de boucher les trous dans les emplois du temps de chacun, annonçai-je. Peux-tu te rappeler ce que tu faisais à Pétra, quand Heliodorus était parti visiter la Haute Place ?
    — Je m’en souviens parfaitement : je chargeais nos foutus chariots. Tu n’as pas oublié qu’on n’avait pas emmené les machinistes ? Chremes avait distribué ses ordres, comme un grand seigneur, et s’était empressé d’aller empaqueter ses sous-vêtements.
    — Tu faisais ça tout seul ?
    — Aidé, si je puis dire, par Congrio.
    — C’est pas sa faute s’il est un poids plume.
    Davos en convint.
    — Non. À la vérité, il a fait de son mieux. Ce qui m’a agacé le plus, c’était de me sentir supervisé par Philocrates. Au lieu de nous aider à transporter les panières et le reste, il s’est appuyé contre un pilier, pour nous regarder en se laissant admirer par les femmes. Et ses réflexions incessantes me donnent toujours envie de dégobiller.
    — J’ai pas de mal à le croire. Il a failli me rendre fou, un jour où j’essayais d’atteler mon bœuf de malheur. Il est resté planté comme un demi-dieu et m’a également regardé faire sans lever le petit doigt… Il n’a pas bougé de son pilier pendant tout le chargement ?
    — Jusqu’à ce qu’une des femmes qu’il draguait

Weitere Kostenlose Bücher