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Dernier acte à Palmyre

Dernier acte à Palmyre

Titel: Dernier acte à Palmyre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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compliquées.
    — Ce sont de braves garçons, protesta Phrygia. Et ils ont un talent fou.
    Le talent semblait son unité de mesure pour jauger les gens. Elle était sans doute prête à pardonner beaucoup à ceux qui en avaient, et par là même, son jugement était partial. Même si elle frissonnait à l’idée qu’un meurtrier se cachait parmi eux, remettre à la justice un comédien doué et sachant improviser lui apparaîtrait comme un prix trop lourd à payer, si sa seule faute avait été d’éliminer un ringard déplaisant qui ne savait même pas écrire.
    Je lui adressai mon sourire le plus charmeur.
    — Est-ce que tu sais comment les jumeaux employaient leur talent quand Heliodorus a escaladé la montagne sacrée ?
    — Oh ! arrête avec ça, Falco ! Ils n’y sont pour rien.
    J’avais transgressé le code de conduite selon Phrygia, censé s’appliquer à toute la compagnie : les bons garçons ne font jamais de vilaines choses. Un manque de perspicacité que je rencontrais souvent au cours de mes enquêtes, et qui m’agaçait toujours autant.
    — Ils faisaient leurs bagages, précisa Chremes qui me parut adopter une attitude plus impartiale que celle de sa femme. Comme tout le monde, d’ailleurs.
    — Tu les as vus personnellement ?
    — Bien sûr que non. J’étais occupé à faire les miens.
    Un peu faible, comme théorie. Dans ce cas-là, tous les membres de la troupe auraient eu un alibi. Il m’apparut alors inutile de lui demander où il pensait que se trouvaient Davos, Philocrates et Congrio pendant qu’Heliodorus rendait visite à Dushara. Si jamais l’envie me prenait de me faire embobiner, je pourrais toujours aller poser la question aux intéressés, en espérant que le meurtrier aurait plus d’imagination pour mentir.
    — Où étiez-vous installés à Pétra ?
    — La troupe dans une petite pension, Phrygia et moi dans un endroit un peu plus confortable.
    Bien évidemment. Ils prétendaient faire partie d’une grande famille, mais certains membres de cette famille avaient droit à davantage de confort que les autres. Je me demandais si Heliodorus s’était moqué de ce travers coûteux.
    — Je me rappelle quelque chose que Grumio m’a dit : « Un clown n’a besoin que d’une cape, d’un strigile, d’un flacon d’huile et d’une bourse pour mettre l’argent qu’il ramasse. » Si c’est son cas, il n’a pas dû mettre longtemps à boucler son sac.
    — Grumio est plein de fantaisie, assura Chremes en hochant la tête. C’est ce qui fait de lui un excellent artiste, mais il ne faut pas prêter trop attention à ce qu’il raconte hors de scène.
    Je commençais manifestement à mettre la patience de Phrygia à rude épreuve.
    — Alors ? demanda-t-elle sèchement. Ça te mène où, tout ça, Falco ?
    — Ça m’aide à me forger une idée.
    J’avais compris l’allusion : elle impliquait que notre discussion était terminée. Je m’étais bourré de leurs mets délicats jusqu’à ne plus pouvoir avaler, il était temps que je regagne ma propre tente pour rendre Helena et Musa jaloux, en leur faisant part de mon menu en rotant.
    — C’était un vrai festin ! Je vous remercie beaucoup…
    Je me crus naturellement obligé de leur dire qu’ils devraient venir prochainement dîner avec nous, tout en laissant entendre que tout ce qu’ils auraient à se mettre sous le dent, ce seraient deux bigorneaux sur une feuille de salade, puis je me levai pour partir.
    — Oh ! dis-je en me retournant avant de m’éloigner, est-ce que vous savez ce qu’il est advenu des affaires personnelles d’Heliodorus après sa mort ?
    Il devait tout de même posséder autre chose que cette malle renfermant des pièces de théâtre.
    — Il ne possédait pas grand-chose, répondit Chremes. J’ai pris ce qui avait un peu de valeur, une bague et deux ou trois encriers, et j’ai donné ses hardes à Congrio.
    — Il n’avait pas d’héritiers ?
    Ma question parut amuser énormément Phrygia.
    — Falco, les comédiens d’un théâtre ambulant n’ont pas d’héritiers !

44
    Davos se trouvait derrière l’arbre sous lequel il avait planté sa tente. Il faisait ce que fait un homme quand la nuit est tombée, qu’il est seul et qu’il n’a pas le courage de s’éloigner davantage.
    Le silence régnait sur tout le camp, et aussi sur la ville toute proche. Il avait dû entendre le bruit de mes pas sur la pierraille. Après avoir avalé ma part de l’amphore de vin que j’avais

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