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Dernier acte à Palmyre

Dernier acte à Palmyre

Titel: Dernier acte à Palmyre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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peut-être pas la même vision de l’avenir que l’empereur Vespasien. Depuis plusieurs siècles, ils avaient su préserver leur indépendance avec beaucoup d’habileté, assurant la sécurité des pistes traversant le désert, et offrant un débouché aux négociants de toutes sortes. Ils étaient passés maîtres dans l’art d’établir des traités de paix avec des envahisseurs potentiels – les successeurs d’Alexandre, de Pompée et d’Auguste. Ils étaient dotés d’une monarchie fort amène. Leur roi actuel, Rabel, étant encore très jeune, sa mère assumait la régence – apparemment à la satisfaction de tous. Elle se déchargeait d’ailleurs de la plus grande partie du travail gouvernemental de routine sur le Premier ministre, personnage plus sinistre qu’on appelait « Le Frère ». Facile de deviner pourquoi. Mais quoi qu’il en soit, les Nabatéens étaient suffisamment prospères pour s’accommoder de quelqu’un qu’ils haïssaient et dont ils avaient peur. Tout le monde aime se plaindre d’un personnage officiel. On ne peut pas toujours se lamenter à propos du temps.
    J’en profite pour préciser que nous jouissions d’un temps splendide. En dardant ses rayons sur les rochers environnants, le soleil paraissait tout fondre dans une brume éblouissante.
    Nous reprîmes notre ascension.
     
    Lors de notre deuxième arrêt, nous étions tous les deux à bout de souffle, et je m’empressai de détacher la gourde d’eau suspendue à ma ceinture. Nous nous laissâmes tomber sur un grand rocher assez plat. L’air était bien trop chaud pour poursuivre une dispute. Je ne pus cependant m’empêcher de demander :
    — Qu’est-ce qui te pose un problème ? (Une réflexion qu’elle avait faite plus tôt venait de trouver un écho en moi.) Que j’aie accepté de travailler pour le chef espion ?
    — Anacrites ! éructa-t-elle avec mépris.
    — Alors quoi ? C’est un faux jeton, tout le monde le sait ! Mais les faux jetons, c’est pas ce qui manque à Rome. Et Anacrites n’est pas pire que les autres.
    — Je pensais que tu travaillais au moins pour Vespasien. Tu m’as traînée jusqu’ici en me le laissant croire !
    — Un simple oubli ! (Je m’étais presque convaincu que c’était la vérité.) Le sujet n’est pas venu dans la conversation, voilà tout. Mais je ne vois pas quelle différence ça fait.
    — Moi, si ! Quand Anacrites travaille à son compte, il représente une grave menace pour toi. Je n’ai aucune confiance en lui.
    — Moi non plus. Alors on est d’accord.
    Grimper jusqu’ici avait été une bonne idée.
    Helena n’avait plus l’énergie de se chamailler. Je lui offris encore de l’eau. Puis nous restâmes assis en attendant que notre respiration se calme. Le granit constituait un dossier supportable pour ceux qui avaient le dos musclé. Je m’adossai donc au rocher et parvins à convaincre ma compagne de s’appuyer contre moi.
    — Admire le paysage et fais la paix avec l’homme qui t’aime.
    — Oh ! celui-là ! s’exclama-t-elle d’un ton faussement méprisant.
    Notre querelle avait eu un côté positif : la veille, quand nous avions abandonné le caravansérail établi à l’extérieur de la cité pour entrer dans Pétra, en suivant la fameuse gorge, nous nous disputions si vivement qu’aucun des gardes ne nous prêta attention. Un homme en train de subir les jérémiades de sa femme peut pénétrer à peu près partout. Les hommes en armes le traiteront toujours avec sympathie. Ils nous firent négligemment signe de passer sous l’arche monumentale pour emprunter la chaussée surélevée conduisant dans l’étroit boyau, sans se douter qu’Helena prenait la mesure de leurs fortifications avec des yeux aussi attentifs que les miens et un esprit aussi aiguisé que celui de César.
    Nous avions déjà passé suffisamment de tombes creusées dans le rocher, de blocs surmontés d’étranges toits pentus, de sculptures taillées dans la masse, d’inscriptions diverses, pour être saisis d’un sentiment d’effroi mêlé d’admiration. Puis nous nous étions retrouvés dans la gorge à l’aspect menaçant, où ma curiosité avait été éveillée par un système perfectionné de conduites d’eau.
    — Prie pour qu’il ne pleuve pas, murmurai-je, alors que nous avions déjà laissé la massive entrée loin derrière nous. Si un torrent s’engouffrait ici, nous serions balayés comme des fétus de paille.
    La chaussée s’était bientôt

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